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Une guerre à multiples facettes

Amira Samir , Mercredi, 08 février 2023

Assassinats, raids aériens et attaques en tous genres … Téhéran et Tel-Aviv sont engagés depuis quelque temps dans une véritable guerre de l’ombre. Explications.

Une guerre à multiples facettes

 Depuis plusieurs années, Israël et l’Iran sont engagés dans une guerre de l’ombre, s’attaquant discrètement sur terre, dans les airs et en mer, et dans certains cas par procuration. Bien qu’ils aient toujours cherché à éviter les affrontements ouverts qui risqueraient de dégénérer en guerre totale, les affrontements sont devenus plus visibles ces derniers temps après l’attaque de drones à Ispahan le 28 janvier 2023. Les deux pays étaient des alliés dans les années 1950 sous le règne du dernier Shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi. Le début de l’hostilité a commencé avec la Révolution islamique en Iran en 1979. Les nouveaux dirigeants iraniens ont adopté une position anti-israélienne, qualifiant l’Etat juif de « puissance impérialiste ». Ils ont aussi soutenu des groupes qui combattent régulièrement Israël, notamment le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza. Israël considère le potentiel nucléaire iranien comme une menace existentielle. Cette guerre de l’ombre a commencé dans les années 1980, après la création du mouvement chiite libanais du Hezbollah et l’intervention militaire israélienne au Liban en 1982.

 Le Liban est le plus ancien front de cette guerre indirecte entre l’Iran et Israël. Le mouvement chiite est devenu l’un des mandataires au Moyen- Orient du Corps des gardiens de la Révolution islamique, l’unité d’élite des forces de sécurité iraniennes. Après la guerre israléo-libanaise de 2006, Israël a accusé le Hezbollah d’avoir implanté, tout au long de ses frontières avec le Liban, un vaste arsenal de roquettes et de missiles. Entre 2010 et 2012, alors que les négociations sur le nucléaire iranien étaient dans l’impasse, 5 scientifiques iraniens ont été victimes d’attentats à Téhéran. Le 12 novembre 2011, l’explosion d’un dépôt de munitions dans la banlieue de Téhéran avait fait au moins 36 morts, dont le général Hassan Moghadam, responsable des programmes d’armement des pasdarans.

Syrie, un nouveau front

En 2011, après le déclenchement de la guerre civile en Syrie, un autre champ de bataille s’est ouvert entre Téhéran et Tel-Aviv. L’Iran a réussi à s’établir militairement en Syrie pour soutenir son allié, le président Bachar Al-Assad, et pour faciliter le transfert, par route, des armes destinées au Hezbollah via l’Iraq. Pour arrêter le transit des armes et contrer cette présence hostile à sa frontière nord, Israël a lancé des frappes aériennes en Syrie contre des cibles iraniennes. En 2018, les forces iraniennes ont tiré une salve de missiles sur les positions israéliennes sur les hauteurs du Golan, un plateau qu’Israël a capturé à la Syrie pendant la Guerre de 1967 et a annexé plus tard. En 2019, la guerre de l’ombre a commencé en mer avec des attaques réciproques de Tit for tat contre des navires marchands. Les pertes en vies humaines ont été rares, mais en juillet 2021, deux membres d’équipage d’un navire exploité par Israël, un Britannique et un Roumain, ont été tués lorsque le navire a été frappé dans le golfe d’Oman par un drone que des responsables américains ont lié à l’Iran. Les objectifs visés par les deux parties comprenaient des pétroliers iraniens transportant du pétrole destiné à la Syrie, un navire iranien au large des côtes du Yémen qui servait de base flottante aux Gardiens de la Révolution et des cargos appartenant à des Israéliens. La guerre de l’ombre a également inclus des attaques secrètes contre des installations militaires et nucléaires iraniennes. En avril 2021, l’Iran a accusé Israël d’avoir commandité une explosion dans sa plus grande installation d’enrichissement d’uranium à Natanz, qui a causé des dommages importants à ses centrifugeuses. C’était la deuxième fois en moins d’un an que le site était attaqué. Israël n’a ni confirmé ni nié être responsable de l’une ou l’autre attaque. En octobre 2021, un général iranien a déclaré qu’Israël était probablement à l’origine d’une cyberattaque qui a paralysé des stations-service à travers l’Iran. En janvier 2023, l’Iran a annoncé qu’une usine de défense iranienne dans la ville centrale d’Ispahan avait été attaquée par 3 drones, causant des dégâts mineurs. Des responsables américains consultés par le Wall Street Journal et le New York Times ont rapporté que cette attaque est « l’oeuvre d’Israël ».

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