Al-Ahram Hebdo : Le gouvernement a lancé en août dernier un plan de rationalisation de l’énergie afin de consolider les réserves en devises étrangères. Six mois après, quel bilan en tirer ?
Ossama Kamal: Rationaliser la consommation d’énergie est une décision rationnelle et sage. Le monde entier se dirige vers cela. L’objectif de ce plan est de réduire les dépenses en devises étrangères pour répondre aux besoins en énergie du marché local, d’autant plus que l’Etat importe entre 25 et 30% du total des besoins en carburant, en plus des pièces de rechange et de l’entretien.
Jusqu’à présent, l’Etat est parvenu à réduire la facture des importations, augmenter l’efficacité de nombreuses centrales électriques et exploiter nombre de centrales en utilisant le mazout produit localement au lieu du gaz naturel. Ce qui a permis la réalisation d’un excédent qui a été exporté d’une valeur se situant entre 100 et 150 millions de dollars. Et ce, sans prendre de mesures de réduction des charges électriques ou de diminution de la consommation d’électricité. A cela s’ajoute la rationalisation de la consommation d’électricité dans les installations et bâtiments gouvernementaux, les rues et les hôtels. L’expansion de la livraison de gaz aux foyers a également contribué à réduire de 30% la consommation de carburant importé. Les chiffres de 2022 du ministère du Pétrole indiquent que 820 millions de L.E. ont été économisés grâce à la mise en oeuvre de mesures de rationalisation de l’énergie.
— Comment voyez-vous le potentiel du secteur pétrolier pour augmenter les devises étrangères ?
— Le secteur pétrolier connaît un boom sans précédent à la lumière du soutien présidentiel massif qui lui est accordé. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a accueilli récemment des représentants de grandes entreprises internationales opérant dans le secteur du pétrole et de l’électricité. Il y a un suivi personnel du président concernant les opérations d’approvisionnement. Au cours des 8 dernières années, la production d’électricité égyptienne a augmenté, passant de 30 gigawatts à 57 gigawatts par heure. La production de gaz naturel est également passée de 3,8 milliards de pieds cubes à 7 milliards de pieds cubes de gaz naturel par jour. Partant, le secteur pétrolier s’est engagé à augmenter la production nationale de pétrole et de gaz et à accroître les raffineries, ce qui contribue à réduire la facture des importations et à augmenter les exportations, pour soutenir le produit national brut du pays.
— Quelles sont les chances d’augmenter les exportations de gaz naturel en 2023, notamment dans le contexte de la crise énergétique mondiale ?
— Pour ce qui est des exportations, l’Egypte est un acteur majeur du secteur pétrolier et gazier. Le secteur de l’énergie en Egypte (pétrole et électricité) a pu utiliser des carburants alternatifs, ce qui a contribué à l’exportation de grandes quantités de gaz, d’une valeur de plus de 8 milliards de dollars au cours de l’année 2022. En ce qui concerne la crise énergétique mondiale, l’Egypte a récemment exporté des quantités de gaz égyptien vers l’Europe, ce qui est profitable pour les deux parties. L’Egypte a réalisé des recettes grâce à cette exportation et a pu bénéficier des prix élevés du gaz. L’Europe a également bénéficié des approvisionnements en gaz égyptien pour couvrir une partie de ses besoins.
— L’année 2022 a vu la mise en oeuvre de projets de raffinage de pétrole, ainsi que de nombreuses découvertes. Quelles en seront les retombées ?
— Au cours de l’année 2022, le ministère du Pétrole a réussi à achever la mise en oeuvre de 4 projets de développement et de production de gaz dans de nouveaux gisements découverts, dans le but de produire des quantités de gaz naturel s’élevant à environ 185 millions de pieds cubes de gaz par jour, en plus de 1 000 barils de condensat par jour, avec un coût d’investissement total d’environ 183 millions de dollars. En outre, 53 nouvelles découvertes de pétrole et de gaz ont été réalisées dans le désert occidental, le golfe de Suez, en Méditerranée et dans le delta du Nil, avec une nouvelle découverte de gaz naturel dans le site offshore de Narguès en Méditerranée.
— Comment trouvez-vous la coopération entre les ministères du Pétrole et de l’Electricité dans le dossier de la rationalisation des consommations d’énergie, d’autant plus que 60% du gaz naturel vont aux centrales électriques ?
— Il s’agit d’une coopération fructueuse, car le gouvernement a chargé les ministères du Pétrole et de l’Electricité de mener une étude technique et de coopérer entre eux. Il a été convenu de la possibilité d’utiliser un carburant alternatif et d’exporter le gaz égyptien. En effet, cette décision a fait une grande différence, car les recettes d’exportation de gaz égyptien ont dépassé les 600 millions de dollars dans certains mois, et 750 millions de dollars pendant d’autres mois. Ce montant vient constituer un bon rendement pour le Trésor public égyptien, qui est affecté par le manque de devises en dollars. Nous aspirons à étendre l’utilisation des énergies renouvelables, solaire et éolienne, et à créer des valeurs ajoutées à l’industrie de la pétrochimie, dans laquelle l’Egypte occupe une position pionnière et a un plan bien défini à cet égard jusqu’en 2035.
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