Des analystes estiment probable l’émission de certificats de dépôt à taux d’intérêt élevé pour soutenir la monnaie nationale.
Garder la stabilité des prix restera la cible de la politique monétaire de la Banque Centrale d’Egypte (BCE). Pendant l’année écoulée et en particulier après le déclenchement de la crise ukrainienne en février, la BCE a adopté une politique monétaire restrictive basée sur la hausse de ses taux d’intérêt directeurs qui ont augmenté 4 fois, soit de 800 points (8 %). Les taux d’intérêt sur les dépôts et les emprunts sont ainsi passés respectivement de 9,25 % et 10,25 % en mars à 16,25 % et 17,25 % en décembre. « Bien que la hausse des intérêts n’ait pas entraîné le recul de l’inflation qui n’avait cessé de grimper au cours des derniers mois, l’adoption de cette politique a empêché une détérioration », estime Hesham Hamdy, économiste au département des recherches de la maison de courtage Naeem. Selon les chiffres de la Banque Centrale, le taux d’inflation urbain est passé de 7,3 % en janvier 2022 à 21,5 % en novembre.
La montée de l’inflation en Egypte intervient sur fond de conjoncture mondiale caractérisée par la flambée des taux d’inflation dans les différents pays du monde en raison du conflit ukrainien qui a entraîné la hausse des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers. Les Banques Centrales aux quatre coins du monde ont été obligées d’adopter des politiques de resserrement monétaire en vue de freiner l’inflation galopante.
Selon les perspectives de la banque d’investissement Prime Holding, l’inflation devra poursuivre sa tendance ascendante dépassant la fourchette de 20 % pendant les premier et deuxième trimestres de 2023, avant de baisser dans la seconde moitié de l’année. « L’inflation devrait atteindre 14 % en 2023 contre des prévisions antérieures de 11,6 et 9,5 % », prévoit Amr Al- Alfy, président du département des recherches à la banque Prime Holding, en écartant la possibilité d’augmenter les intérêts bancaires au cours de la première moitié de l’année. « La Banque Centrale avait augmenté ses taux directeurs de 3 % le 22 décembre. Ce taux a dépassé largement toutes les prévisions variant entre 1 et 2 % », souligne Al-Alfy, ajoutant que sa banque avait prévu une hausse du taux d’intérêt de 1 % pendant la première moitié de 2023.
La politique de resserrement monétaire reste nécessaire pour attirer les investissements étrangers dans les titres d’endettement gouvernemental et soutenir la monnaie nationale. Pour obtenir l’approbation du Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Centrale a procédé à la dévaluation de la livre égyptienne, qui a perdu 57,9 % de sa valeur face au dollar au cours des 7 derniers mois. Selon les prix de la Banque Centrale, le billet vert s’échange à 24,78 L.E. (prix de vente) et 24,70 L.E. (prix d’achat) le 30 décembre, contre 15,77 L.E. (prix de vente) et 15,64 L.E. (prix d’achat) le 20 mars dernier.
En raison de la crise économique mondiale, le marché de change local était soumis à de fortes pressions en raison du manque de l’offre de devises par rapport à la demande pour répondre aux besoins d’importations. Le manque de devises a entraîné le retour du marché noir où le dollar a atteint son niveau le plus haut pendant le mois de novembre à 36 L.E. « Après l’approbation du prêt de 3 milliards de dollars à l’Egypte par le conseil d’administration du FMI le 16 décembre, le prix du dollar sur le marché parallèle a baissé à 28 et 26 L.E. », note Hesham Hamdy, en insistant sur l’importance de mettre fin au marché parallèle pour pouvoir attirer des investissements étrangers. Il estime fortement probable que les banques émettent des certificats de dépôt à taux d’intérêt élevés qui pourraient atteindre 20 % pour soutenir la livre égyptienne.
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