Les banques imposent pour la première fois des limites sur les achats à l’étranger par les cartes bancaires.
La Banque Centrale d’Egypte (BCE) a durci la semaine dernière ses procédures de surveillance sur les utilisations des cartes bancaires en dehors de l’Egypte afin de réduire l’épuisement du dollar. Selon les nouvelles instructions adressées aux banques, il est interdit d’abuser des cartes de crédit et des cartes de débit pour les clients qui ne quittent pas le pays et il est également interdit de demander des devises à des fins de voyage à l’étranger sans quitter le pays. De même, la banque doit examiner un échantillon des utilisations de ces cartes effectuées à l’étranger, ainsi que les demandes de devises à des fins de voyage depuis le 1er décembre 2022. « Et dans le cas où il serait vérifié que le client n’a pas voyagé ou a abusé des cartes, la banque arrêtera immédiatement la carte et informera la Société égyptienne de crédit bureau IScore, chargée de prendre toutes les mesures nécessaires à cet égard », selon le communiqué publié par la BCE le 26 décembre.
Les instructions de la BCE interviennent dans une période difficile pour l’économie égyptienne qui manque de devises étrangères, notamment le dollar, sous l’effet de la crise ukrainienne et de la dépréciation de la monnaie nationale. Cette dernière a perdu 57,9% de sa valeur vis-à-vis du dollar en raison de la politique de dévaluation graduelle adoptée par la BCE, entraînant ainsi le retour du marché noir du billet vert. « Ces mesures importantes et effectives sur le court terme visent à mettre fin au marché noir qui entrave le retour des investissements étrangers », a noté à l’Hebdo Hesham Hamdy, économiste au département des recherches auprès de la société de courtage Naeem.
De même, la Banque Centrale a donné des instructions strictes aux banques pour tenir compte de la fixation de limites suffisantes afin de répondre aux besoins réels des clients en devises, notamment à des fins d’éducation et de traitement par carte, tout en maintenant les limites précédentes pour les clients qui sont à l’étranger avant l’émission des nouvelles instructions le 22 décembre. Quant aux clients qui ont des comptes en devises étrangères, leurs utilisations sont payées dans la même devise et n’auront aucune limite sur les cartes.
Réaction rapide des banques
Les banques ont rapidement répondu aux instructions de la Banque Centrale en imposant des plafonds, pour la deuxième fois au cours de cette année, aux retraits d’espèces via des cartes de débit et de crédit utilisées à l’étranger, dans le but de conserver les devises étrangères. Les deux grandes banques publiques (la Banque Nationale d’Egypte et la Banque Misr) viennent en tête de liste, suivies par la banque CIB. Par exemple, la banque Misr a fixé la limite de retrait mensuel en dollars des cartes de crédit Classic et Gold à 100 dollars et des cartes Titanium à 250 dollars. De même, elle a imposé pour la première fois des limites sur les achats en dehors de l’Egypte qui varient entre 100 et 500 dollars selon le type des cartes. « Les banques recourent à la réduction des limites de retrait en dollars à l’étranger pour arrêter l’utilisation abusive de certaines cartes de crédit en vue de faire sortir des dollars du pays », a déclaré le président de la banque, Mohamad Al-Atrebi, ajoutant qu’il y avait des spéculations sur le billet vert à l’étranger par des Egyptiens. « Le retrait du dollar par cartes est passé à l’équivalent de 10 millions de L.E. en décembre contre 600000 de L.E. en janvier 2022 », souligne-t-il. Pour sa part, la Banque Nationale d’Egypte a imposé des limites quotidiennes et mensuelles sur les achats variant entre 10000 à 100000 L.E. en devises étrangères selon les types de cartes. De même, la banque a baissé la limite des retraits quotidiens ou mensuels en devises des cartes de 20000 L.E. à des montants évalués entre 2500 et 10000 L.E.
Le communiqué publié sur le site électronique de la Banque Centrale le 26 décembre a révélé qu’il y a une augmentation constante des utilisations des cartes de crédit et des cartes de débit à l’extérieur du pays, malgré le fait que des clients pour lesquels ces cartes ont été émises n’ont pas quitté le territoire national. « Ces abus ont atteint leur niveau le plus élevé au milieu de la semaine dernière, avec des montants s’élevant à 55 millions de dollars en une journée », selon le communiqué. « La mise en application de ces limites sur les retrais et les achats va apaiser les pressions exercées sur les banques pour fournir le billet vert à leurs clients et, par conséquent, entraînerait le recul de son prix », note Amr Al-Alfy, président du département des recherches à la banque d’investissement Prime Holding, en prévoyant l’augmentation de l’offre du dollar avec le décaissement du prêt du FMI.
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