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Li Chenggang : Nous avons besoin de raffermir le commerce multilatéral

Névine Kamel, Mercredi, 14 décembre 2022

Lors de rencontres avec des journalistes à l’occasion d’un Séminaire de formation sur l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les délégués des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Chine auprès de cette organisation ont livré leurs visions sur les problématiques du commerce mondial. Compte rendu.

Li Chenggang

L’ambassadeur Li Chenggang, représentant de la Chine auprès de l’OMC.

La douzième conférence ministérielle de l’OMC a eu lieu au moment où le système commercial multilatéral fait face à de nombreux défis. Est-ce que la CM12 a réussi à aboutir à des résultats équilibrés ?

Li Chenggang: La CM12 a adopté un paquet historique pour aider les individus, les business et la planète. Les membres de l’OMC se sont mis d’accord sur un nombre de mesures concernant surtout la lutte contre l’insécurité alimentaire, les vaccins anti-Covid-19 et les subventions à la pêche. La CM12 s’est engagée à adopter des réformes nécessaires de l’OMC pour avoir une accessibilité à tous les membres d’ici 2024. A mon avis, il y avait un esprit avant la formation du CM12 qui a donné de la force à réaliser ce jalon décisif. Les deux ingrédients de cet esprit sont la foi en un système de commerce multilatéral et le second est la coopération collective. C’est cet esprit qui sera l’instigateur de CM13 et ce qui viendra plus tard.

— Quelles sont les priorités de la Chine pour renforcer le commerce international ?

— En Chine, nous croyons que le système du commerce multilatéral est indispensable et que nous avons besoin de le raffermir et de l’améliorer. J’aimerais partager mes observations sur la réforme de l’OMC. D’abord, le DCP ou le système de règlement des différends est notre ultime priorité. Deuxièmement, la Chine est d’accord que nous devons réformer en prenant de grands pas qui commenceraient par des petits, afin de régler les problèmes majeurs. Troisièmement, nous devons être ouverts d’esprit et proposer de nouvelles approches aux défis de la pandémie, de l’insécurité alimentaire et du changement climatique. Nous croyons que les membres de l’OMC doivent trouver des solutions réalistes, mais nous devons rester vigilants parce que l’OMC ne peut pas tout régler.

La Chine encourage l’engagement actif des Pays Moins Avancés (PMA) et raffermit la coordination dans le processus de réforme. De cette façon, les PMA peuvent amplifier les voix et protéger les intérêts communs. J’assure que la Chine a été un écouteur attentif et un ami à l’Afrique dans la promotion de développement et dans la réponse aux besoins des Africains.

— Quelles sont les initiatives lancées par la Chine dans le cadre de son programme de coopération sud-sud pour renforcer le commerce international ?

— Les pays en développement affrontent de nombreux défis. Dans ce contexte, le président chinois a proposé des initiatives globales GDI l’année dernière. Dans une année, plus de 60 pays ont pu rejoindre GDI. La Chine a établi le développement global et le fonds pour la coopération sud-sud. J’aimerais mettre l’accent sur les efforts de coopération et de coordination de la Chine avec les membres des pays en développement pendant le CM12. La Chine a annoncé son aide au commerce des vaccins Covid-19, afin de parvenir à des négociations le plus tôt possible pour que les moins développés confrontent la pandémie.

La Chine a amélioré le champ d’application des traitements des zones de libre-échange avec les PMA de 97 à 88% en décembre dernier et a contribué à 4,8 millions de dollars pour améliorer la posture des PMA et intégrer un système de commerce multilatéral. En 2021, le commerce bilatéral total entre la Chine et l’Afrique a dépassé 250 milliards de dollars. Le commerce sino-africain a promu la résilience africaine pour un meilleur rétablissement post-Covid.

— Comment l’adhésion de Pékin à l’OMC, il y a plus de 20 ans, a contribué à la transformation de l’économie chinoise ?

— La Chine est un marché énorme comptant environ 1,4 milliard d’individus, dont 400 millions appartenant aux classes moyennes. La Chine est intéressée par l’expansion et par la création de nouvelles opportunités au monde adoptant une stratégie d’ouverture et d’intégration à l’économie globale. La Chine continuera à aller de l’avant dans les réformes et optimiser le développement de l’environnement pour les entreprises privées. Nous avons l’objectif de mettre sur pied un système de marché de haute qualité pour l’économie et améliorer l’environnement des affaires. Notre pays contribue au même titre à promouvoir le développement vert. Dans les 5 années à venir, Beijing déploiera plus d’efforts dans la réduction du carbone et une transition verte compréhensive.

— Pensez-vous que les conflits commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine représentent une menace pour le multilatéralisme ?

— La Chine et les Etats-Unis ont une relation économique compréhensive. Il est juste de dire que les deux parties bénéficient mutuellement du commerce. De janvier à août 2022, le volume du commerce entre la Chine et les Etats-Unis a augmenté de 9,5%. Le déficit des Etats-Unis des biens a atteint 280 milliards de dollars. La Chine est la plus grande source du déficit commercial des Etats-Unis. Alors que l’exportation des services des Etats-Unis a été en surplus pendant longtemps. La relation Chine-Etats-Unis est équilibrée et les deux en bénéficient. Nous croyons que les bonnes relations entre les deux économies associées au multilatéralisme profitent au monde.

— La Chine est le premier partenaire commercial du continent africain. Quel modèle de développement présente la Chine ?

— La Chine accorde un grand intérêt aux relations commerciales avec les pays d’Afrique et désire vraiment s’ouvrir davantage au continent. Les traités d’exportations sino-africaines sont bien établis et Beijing essaye d’accroître le surplus commercial. Les produits africains se frayent de plus en plus un chemin à la Chine, mais nous voulons promouvoir davantage les opportunités. Ce n’est pas là des missions difficiles, mais elles nécessitent un travail continuel. Nous espérons que nos confrères africains travailleront plus pour accroître les investissements venus de la Chine. Il est à noter que beaucoup de pays africains ont signé des mémorandums, dans le cadre de l’initiative de la Route et de la Ceinture pour de meilleures connexions et de meilleures chances.

Dans les pratiques commerciales à l’égard de certains pays, de nombreuses issues doivent être réglées, comme les tarifs douaniers, les standards et la qualité, entre autres. Les produits africains destinés à la Chine assument zéro tarif. En même temps, les biens industriels et agricoles doivent être conformes aux standards, et donc aucune barrière à leur entrée au marché chinois.

— Beaucoup de gens parlent aujourd’hui de réindustrialisation. Quel est l’enjeu de ce processus ?

— La réindustrialisation est un débat non seulement pour les pays en développement, mais également développés. D’une perspective chinoise, nous espérons que les membres de l’OMC auront un dialogue plus constructif sur les défis qu’affrontent le commerce mondial et les moyens de les traiter sous l’ombrelle à la fois du multilatéralisme et de l’unilatéralisme. Et ce, surtout les petites économies qui seront des victimes des grandes qui se trouvent également en mauvaise posture.

Dans les 4 dernières décennies, après son adhésion à l’OMC, la Chine a toujours strictement suivi les règles et tend toujours à appliquer une économie de marché social. La Chine continuera à communiquer avec les autres et nous accueillons favorablement tous les amis en visite au marché chinois.

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