Le ministre égyptien des Finances, Mohamad Maeit, a annoncé, lors de la COP27 tenue à Charm Al-Cheikh, une somme record de 14 milliards de dollars en investissements et dettes prévus sous le programme baptisé Nexus on Water, Food and Energy (NWFE). Les investissements étrangers directs nets qui sont entrés dans le pays en 2021-22 étaient à la hauteur de 8,9 milliards de dollars. Mais les détails de ces sommes ne sont pas encore annoncés. Selon le FMI, l’Egypte cherche à attirer 14,9 milliards de dollars en investissement étranger en 2022-23, dont une part essentielle dans le domaine de l’énergie « verte ».
NWFE est un programme national lancé en août dernier, pour attirer le financement nécessaire aux projets relatifs à l’agenda de la COP27, la sécurité alimentaire et le soutien de la productivité agricole, la résilience au changement climatique, le transport vert, ainsi que l’énergie verte. Or, la plupart des investissements promis à l’Egypte lors de la COP sont dans le secteur de l’énergie. La transition énergétique est parmi les grands défis aux pays de développement, impliquant d’énormes investissements, soit sept fois plus larges que les investissements requis aux pays avancés, selon un rapport récemment publié par le groupe d’experts de l’Onu sur les règles d’intégrité des entreprises investissant dans la transition énergétique. « D’ici la fin de la décennie, les pays en développement ont besoin d’une somme annuelle à la hauteur d’un trillion de dollars (avec douze zéros) pour atteindre l’objectif de net zéro », souligne le même rapport.
Ainsi, en marge de la COP27, la ministre de la Coopération internationale, Rania Al-Machat, a annoncé la signature de 8 accords « de production de l’hydrogène vert, qui seront installés dans la zone économique du Canal de Suez », une zone qui offre une multitude d’avantages à l’investissement étranger. Selon le communiqué de presse publié à l’occasion, les institutions signataires sont le Fonds souverain d’Egypte, l’Autorité de l’énergie renouvelable, la Société égyptienne de l’électricité, des multinationales et des consortiums leaders dans le domaine, ainsi que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et l’Agence japonaise pour la coopération internationale (JICA). Le programme égyptien NWFE vise à séduire le secteur privé à travers la mobilisation de financement facile, d’assistance technique, ainsi que d’instruments pour mitiger les risques.
La zone économique du Canal de Suez, avoisinant plusieurs industries fort consommatrices d’énergie, héberge un consortium composé de l’entreprise norvégienne Scatec, OCI/Adnoc, Fertiglobe, Orascom Construction avec le Fonds souverain d’Egypte. Le consortium lancera prochainement la première phase du projet pour produire 100 MW d’hydrogène vert. « Ce projet représente une réponse pratique aux besoins énergétiques à émissions minimales. C’est la première usine intégrée d’hydrogène vert, construite en un temps record », explique le ministre émirati de l’Industrie et le président de Fertiglobe, Sultan Al Jaber. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une coopération avec les Emirats arabes unis portant sur la création d’un des plus grands parcs éoliens au monde. Le parc inclut également un projet regroupant le groupe d’énergie renouvelable Masdar (Emirats), Infinity et Hassam Allam (Egypte).
Un autre projet d’hydrogène vert a également été avancé, Al-Nowais Sokhna, coûtant 800 millions de dollars. AMEA Power couvre 70% du financement. Le président de la firme, Hussain Nowais, prévoit le lancement du projet à la seconde moitié de 2023, expliquant à Bloomberg Asharq que la production de 500 MW sera destinée vers les marchés de l’Europe et de l’Asie.
Le gouvernement égyptien a révélé un autre projet d’hydrogène vert de même taille, sur la Côte-Nord, avec un consortium public-privé belge, composé de l’Autorité du port Antwerp-Bruges et DEME Group. Ce dernier avait présenté, en octobre dernier, au gouvernement un projet coûtant 3,6 milliards de dollars pour une industrie similaire dans la zone du Canal de Suez. Le même consortium vise à construire une usine d’énergie éolienne de 700 MW, ainsi qu’un champ d’énergie solaire de 800 MW, pour supporter les opérations de l’usine de l’hydrogène vert, d’après un communiqué de presse publié par le bulletin Enterprise.
Initiative climatique
Pour inspirer les pays du continent africain et les pays en développement, le ministère des Finances a organisé la journée des finances, où des ministres, des banquiers, des investisseurs et des institutions multilatérales de finance au développement se sont rencontrés lors de réunions et de tables rondes pour explorer les horizons de financement vert. A cette occasion a été créée l’« Initiative de la coalition de la dette soutenue », une plateforme regroupant les créditeurs et les agences de notation, offrant une panoplie d’outils de financement peu coûteux aux projets liés au changement climatique.
Pour l’Egypte, outre les accords d’investissement dans l’hydrogène vert, d’autres concernant l’énergie éolienne ont été signés en marge de cette journée. Ainsi, des protocoles d’accords pour produire quelque 15 GW d’énergie éolienne pousseraient la production totale de cette source à 25 GW. C’est ainsi qu’Orascom Construction, une filiale d’un des grands producteurs d’engrais au monde, a signé un accord avec Engie (France) et Toyota Tsusho (Japon) pour un nouveau champ d’énergie éolienne, produisant 3 GW. L’accord représente un partenariat public-privé, dans le cadre de BOO (Construire-Posséder-Gérer).
Décarbonation: 7 accords dans le secteur du pétrole et du gaz
Les compagnies gazières et pétrolières égyptiennes ont signé 7 accords de réduction de carbone avec un certain nombre de sociétés internationales en marge de la COP27 et qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre issues de l’industrie pétro-gazière. « Les accords s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie visant à améliorer les performances opérationnelles du secteur énergétique conformément à la politique environnementale de l’Etat », a déclaré le ministre du Pétrole et des Ressources minérales, Tarek El-Molla.
Les accords comprennent un protocole d’accord entre l’Egyptian Natural Gas Holding Company (EGAS) et Shell Egypt pour établir un cadre de gestion des émissions de gaz à effet de serre, et un protocole d’accord signé par EGAS, SeaSplit Technologies et General Electric pour limiter l’empreinte carbone des opérations industrielles réalisées le long du golfe de Suez.
Hydrogène vert: Partenariat avec l’UE
L’Egypte a également signé, en marge de la COP27, un certain nombre d’accords-cadres pour des projets liés à la production d’hydrogène vert à faible émission de carbone. Parmi les accords les plus importants, on peut citer « le partenariat sur l’hydrogène vert » signé entre l’Egypte et l’Union Européenne (UE). « L’UE et l’Egypte ont négocié ce document avec l’aspiration de répondre aux intérêts des deux parties dans une approche gagnant-gagnant », détaille l’ambassadeur Omar Abou Eish, représentant du ministre égyptien des Affaires étrangères. D’ailleurs, la signature de cet accord profite également à l’UE qui espère produire elle-même 10 millions sur les 20 millions nécessaires et importer l’autre moitié. « Le choix de l’Egypte vient aussi de sa proximité avec l’Europe. Transporter cet hydrogène sur de longues distances est encore techniquement compliqué, mais nous ne parlons pas de longue distance lorsque nous parlons de l’Egypte. L’Egypte est idéalement placée pour cela », explique Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne.
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