Al-Ahram Hebdo : Quel est l’impact du changement climatique sur l’Australie- Occidentale ?
Reece Whitby : L’Australie- Occidentale est très vulnérable au changement climatique. Nous avons déjà un climat sec et de faibles précipitations. Le problème est que notre environnement en souffre et c’est un véritable défi pour nous.
— Que faites-vous pour relever les défis du changement climatique ?
— Nous nous sommes engagés à atteindre un objectif de zéro émission nette d’ici 2050 et à réduire considérablement nos émissions d’ici 2030. Nous avons arrêté de brûler du charbon pour produire de l’électricité, ce que nous faisions depuis plus de 100 ans. A partir de 2030, il n’y aura plus de combustion de charbon pour produire de l’électricité. Nous investissons massivement dans le stockage par batterie et dans les énergies renouvelables. Nous pensons que nous pouvons soutenir une économie de l’hydrogène et qu’il existe un énorme potentiel en Australie-Occidentale pour la production d’hydrogène vert et pour l’exportation de cette énergie dans le monde.
— Comment jugez-vous la COP27 ?
— La COP27 est vraiment importante. C’est une bonne chose que les pays se réunissent, parlent et partagent leurs préoccupations et leurs idées. Cependant, il ne faut pas se contenter de paroles, il faut des actions. Je crois qu’il y a une obligation pour les Etats comme l’Australie-Occidentale de passer aux énergies renouvelables, de développer de nouvelles technologies et de soutenir les pays en développement parce qu’ils n’ont pas les ressources nécessaires pour passer aux énergies renouvelables. Nous pouvons alors développer de nouvelles technologies et partager nos connaissances et notre expertise.
— Quelles sont les possibilités de coopération avec l’Egypte au niveau de la protection de l’environnement ?
— Nous avons eu de nombreuses réunions avec des ministres en Egypte et je pense qu’il y a des opportunités d’examiner l’économie circulaire, car elle est connue pour réduire le gaspillage d’eau et conserver davantage l’eau. En Australie-Occidentale, nous faisons beaucoup de choses pour conserver l’eau, notamment en retraitant les eaux usées et en les injectant dans des réservoirs pour un usage futur. Nous investissons également beaucoup dans le dessalement d’eau.
— Avez-vous l’intention d’ouvrir des marchés en Afrique par le biais de l’Egypte ?
— Je pense que l’Egypte est un partenaire-clé pour l’Australie- Occidentale, car elle offre la possibilité d’atteindre les marchés africains. L’Egypte est un très bon point de contact. Il existe des entreprises dans le domaine des ressources minérales et du développement et je pense que l’Egypte cherche également à diversifier son économie. Il existe donc un potentiel pour l’exploration minière, la découverte de minéraux critiques qui sont importants pour créer de nouvelles énergies renouvelables sur le vaste continent africain. Les entreprises de l’Australie-Occidentale opèrent en Egypte comme base pour leurs opérations en Afrique.
— Vous avez rencontré le ministre égyptien de l’Irrigation et des Ressources hydriques, Hani Sweilam. Avez-vous l’intention de coopérer avec l’Egypte dans le domaine de l’eau ?
— La réunion avec le ministre a été très intéressante et très productive. Nous avons discuté des opportunités. L’Australie- Occidentale est très efficace en matière de production agricole malgré un climat très sec. Les opportunités pour l’Egypte sont donc de sécuriser l’approvisionnement en eau et en nourriture. Nous disposons de technologies d’irrigation. Nous avons développé de nouvelles souches de blé et de cultures, résistantes au climat sec. Nous avons ainsi une récolte de blé record cette année de 20 millions de tonnes produites en Australie- Occidentale, comme l’année dernière. Nous avons utilisé la science et l’ADN pour créer de nouveaux types de cultures de blé résistantes. Il est donc possible d’utiliser la science pour savoir quel est le meilleur blé à cultiver en Egypte, qui n’a pas besoin de beaucoup d’eau. Nous essayons de nombreuses nouveautés dans l’industrie agricole et nous développons des écoles d’agriculture. Il existe un potentiel pour que les Egyptiens soient formés aux méthodes d’agriculture et d’irrigation de l’Australie-Occidentale.
— Vous avez rencontré également la ministre égyptienne de l’Environnement, Yasmine Fouad. Quel type de coopération a-t-il été envisagé ?
— Nous avons discuté des moyens de renforcer la coopération dans plusieurs dossiers, dont le plus important est l’échange d’expertise dans le domaine de la conservation de la biodiversité et de la gestion des aires protégées.
— Les pays développés peuvent-ils tenir leurs engagements envers les pays en développement ?
— Je pense que les pays développés ont une obligation envers les pays en développement pour les soutenir dans leur transition. Ce sont les pays développés qui sont à l’origine des émissions. Les personnes vivant dans un pays développé doivent s’occuper de leurs émissions personnelles de carbone. L’Australie produit 1,5 % de toutes les émissions mondiales, ce qui est très peu. Nous avons donc une obligation envers le monde de faire ce qu’il faut pour réduire les émissions de carbone, mais aussi de saisir les opportunités. Lorsque vous avez de l’énergie verte, c’est une nouvelle source d’énergie.
Le monde exigera une énergie verte renouvelable. Cela prendra du temps. Mais des pays comme l’Australie-Occidentale, l’Egypte, l’Arabie saoudite et tous les pays du Golfe doivent diversifier leur économie car c’est l’avenir.
— Quel est le potentiel de l’Australie-Occidentale en matière de dessalement de l’eau de mer ?
— L’Australie-Occidentale prévoit de construire une troisième usine de dessalement, qui devrait être opérationnelle en 2028. Elle a été le premier Etat d’Australie à construire une usine de dessalement il y a 20 ans. Nos précipitations ont rapidement diminué. Cela signifie moins d’eau potable dans nos barrages. Si nous n’avions pas de dessalement, nous n’aurions pas assez d’eau pour notre Etat, qui compte environ 2,5 millions d’habitants. Nous voulons faire fonctionner cette troisième usine de dessalement par des énergies renouvelables. Les usines de dessalement consomment et utilisent beaucoup d’énergie. Nous voulons nous assurer que l’énergie qu’elles utilisent est produite de manière renouvelable. C’est un défi.
— Quel est votre plan pour s’adapter aux changements climatiques ?
— Le gouvernement de l’Etat de l’Australie-Occidentale a élaboré un plan visant à réduire les émissions de 80 % d’ici 2030. Pour ce faire, nous avons arrêté de brûler du charbon pour générer de l’électricité. Cela représente 70 % des émissions du gouvernement. Nous voulons étendre cette réduction à tous les départements gouvernementaux, comme les hôpitaux, les postes de police et les écoles. Nous devons également nous assurer que nous utilisons des énergies renouvelables.
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