Al-Ahram Hebdo : Le Forum Egypt-ICF a discuté des opportunités de financement des projets sur le changement climatique. Selon vous, quel est le type de financement optimal pour les pays en développement ?
Barbara Creecy: Les émissions auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui sont le résultat de deux siècles de révolution industrielle. Les pays développés devront donc investir au cours des dix prochaines années des milliards de dollars pour limiter le réchauffement climatique. Le type de financement disponible se présente actuellement sous forme de prêts à remboursement conditionnel. Les pays en développement, en particulier les pays africains, font face à un double défi: rembourser leurs dettes et accélérer la transition énergétique. La lutte contre le changement climatique est une étape majeure vers cette transition. Ce qui veut dire que les travailleurs des pays en développement comme l’Afrique du Sud doivent bénéficier d’une forme de soutien qui leur permet de renforcer leurs capacités et de trouver d’autres emplois. A cet égard, nous ne voulons pas seulement protéger les travailleurs exposés aux risques du changement climatique, mais aussi les faire bénéficier du progrès technologique sans les abandonner. Nous croyons qu’il doit y avoir un équilibre entre le financement sous forme de prêts et le financement sous forme de dons, pour réaliser une transition juste.
— Pensez-vous que la COP27 soit l’occasion de trouver des actions concrètes à mettre en place face au changement climatique ?
— Le continent est considéré comme le plus vulnérable aux impacts des changements climatiques. La COP27 prévue en novembre prochain en Egypte a pour objectif de porter la voix des dirigeants africains, afin de mobiliser plus de soutien international pour un rétablissement écologique de l’Afrique, et de stimuler les financements destinés à aider les pays les plus vulnérables à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous n’avons pas d’autre choix que d’essayer. Les pays développés doivent respecter les engagements qu’ils ont pris. Il doit y avoir un juste équilibre entre un financement pour atténuer les effets négatifs et un financement pour l’adaptation.
— Quels sont les enjeux de la transformation vers l’économie verte en Afrique ?
— Le Forum international de coopération et de financement du développement tenu en Egypte a offert une grande occasion aux ministres africains d’échanger les points de vue sur les défis et les opportunités de l’économie verte en Afrique. L’Egypte est l’un des pays africains à avoir adopté des démarches efficaces en faveur de la transformation vers l’économie verte. Au cours du forum j’ai participé à un atelier intitulé « Préparer le marché du travail à la transition vers l’économie verte », où j’ai expliqué comment l’Afrique du Sud a perdu environ 80000 emplois à la suite de la transition vers une sortie du charbon. Un plan qui cible en effet sept secteurs de l’économie émettant le plus des émissions du dioxyde de carbone. La transition verte n’influence pas seulement le gouvernement mais nécessite aussi des efforts concertés de la société tout entière. L’abandon du charbon aura un impact négatif sur le chômage et la pauvreté. Nous devons veiller à ce qu’en introduisant la technologie verte dans l’économie, nous ne modifions pas seulement la technologie, mais nous luttons également contre l’inégalité, le chômage et la pauvreté et appliquons une juste répartition des risques et des bénéfices.
— Quels sont les critères d’une juste répartition des profits ?
— Aujourd’hui, notre pays dépend à 90% de l’électricité produite à partir du charbon. Le premier secteur qui doit subir une transformation est notre secteur de l’énergie. Nous nous efforçons d’augmenter le pourcentage de sources d’énergie renouvelable. Il est également important d’aborder le sort des travailleurs du secteur du charbon; cela fait partie de notre action parce que nous disons que les travailleurs de ces secteurs devraient avoir de nouvelles offres d’emploi et de différentes possibilités d’inclusion économique.
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