« Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour augmenter l’approvisionnement en pétrole des Etats-Unis ». C’est en ces termes que s’est exprimé le président américain, Joe Biden, dans sa conférence de presse avec le prince héritier saoudien, Mohamad bin Salman, ce vendredi à Djeddah. Et d’ajouter qu’il s’attend à « voir des mesures supplémentaires de la part de l’Arabie saoudite dans le domaine de l’énergie dans le cours des prochaines semaines ». En effet, la guerre en Ukraine a propulsé les cours du brut à des niveaux jamais vus depuis la crise financière de 2008. Les cours mondiaux de brut avaient atteint le plafond de 120 dollars le baril le 10 juin. Et même dans un pays comme les Etats-Unis, devenu indépendant sur le plan énergétique, cette hausse des prix a entraîné une inflation qui pèse sur les consommateurs. Pour la première fois depuis 4 décennies, l’inflation a atteint le chiffre record de 9,1 % ce mois-ci, alors que le prix du gallon d’essence a atteint 6,43 dollars en Californie en juin pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, selon The Guardian. A quelques mois des élections législatives de mi-mandat de novembre, le démocrate voudrait donc que Riyad ouvre les vannes pour arrêter la spirale de la hausse des prix des carburants et apaiser l’inflation, véritable thermomètre de l’humeur de l’opinion américaine. « La question pétrolière sera déterminante pour les chances des démocrates aux élections de mi-mandat », explique le Dr Ahmed Kandil, directeur de l’unité des études internationales et du programme de l’énergie au CEPS d’Al-Ahram.
La pétro-puissance de Riyad
Deuxième producteur mondial de pétrole avec une capacité de production de 12 millions de baril par jour (bpj), l’Arabie saoudite possède un poids considérable sur les marchés pétroliers internationaux outre son rôle primordial au sein des organisations de l’OPEP et de l’OPEP+. « Bien que la capacité de production de l’Arabie saoudite soit presque égale à celle de la Russie et des Etats-Unis, ce qui la distingue c’est sa capacité d’exportation qui atteint 2 millions de bpj. Raison pour laquelle les regards du monde entier se tournent vers Riyad quand il s’agit d’augmenter la production. Cependant, ses dirigeants sont convaincus que la crise actuelle n’émane pas du manque de l’offre, mais plutôt de la panique qui dévaste les marchés mondiaux à cause de la guerre en Ukraine et les sanctions contre le brut russe », explique Dr Kandil. Et d’ajouter que l’Arabie saoudite est respectueuse des décisions de l’OPEP+. En fait, la visite de Biden intervient après la décision, début juin, de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires (OPEP+) d’accroître leur production mensuelle en juillet face aux demandes des Etats-Unis et de nombreux pays occidentaux, afin de freiner la flambée des cours. Ceux-ci ont décidé d’augmenter la production de 648000 bpj contre un projet initial prévoyant une hausse mensuelle de seulement 432 000 bpj sur trois mois jusqu’à septembre. C’est ainsi que la production de l’Arabie saoudite augmentera de 171000 bpj en août pour atteindre 11,004 millions de bpj, alors que celle des Emirats arabes unis atteindra 3,179 millions de bpj avec une augmentation de 52000 bpj. Bien que le prince héritier saoudien ait annoncé l’augmentation de la capacité de production de son pays à 13 millions de bpj, Dr Ahmed Kandil pense que « l’Arabie saoudite ne peut augmenter à elle seule la production de brut après la décision des pays de l’OPEP+ de régulariser les cours après leur effondrement à la suite de la pandémie de Covid-19. En effet, l’augmentation de la production saoudienne de brut ne peut mener à une baisse des cours de pétrole, car les marchés mondiaux sont en état d’alerte et attendent de voir si les pays occidentaux ont la capacité d’imposer des sanctions à la Russie ».
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