« Encourager le partenariat entre les établissements industriels et éducatifs afin de combler le fossé entre l’éducation et l’industrie. Renforcer les mécanismes de soutien aux exportations et faciliter leur accès aux marchés internationaux. Créer des industries vertes et respectueuses de l’environnement ». Telles sont les recommandations de la sixième conférence de la série Misr Tastatie (l’Egypte peut), tenue les 31 mai et 1er juin. Organisée par le ministère de l’Immigration en coopération avec les ministères du Commerce et de l’Industrie et l’Organisme arabe de l’industrialisation, la conférence a rassemblé plus de 70 experts égyptiens à l’étranger ainsi que des industriels, des responsables et des hommes d’affaires africains et autres. Les conférences L’Egypte peut ont pour objectif de rassembler les Egyptiens résidant à l’étranger afin qu’ils présentent leurs expériences et examinent la possibilité de les appliquer en Egypte par la création de projets nationaux. Des thèmes importants ont été abordés au cours de la conférence, notamment l’industrie verte, les défis et les opportunités d’investissement industriel en Egypte et sur le continent africain, la quatrième révolution industrielle et l’emploi de la technologie dans les nouvelles industries (voir page 4).
La conférence intervient à un moment très important pour l’Egypte qui cherche à accroître les investissements du secteur industriel pour booster la production et augmenter les exportations à 100 milliards de dollars. « Le gouvernement égyptien vise à augmenter la part du secteur industriel dans le PIB (Produit Intérieur Brut) de 12,7 % actuellement à 15 % en 2024. De même, nous prévoyons d’augmenter nos exportations de 20 % annuellement et l’implantation d’industries importantes en Egypte telles que les industries alimentaires, le textile et les industries pharmaceutiques », a indiqué la ministre de la Planification, Hala Al-Saïd. Le premier ministre, Moustapha Madbouli, a passé en revue les dernières décisions visant à améliorer le climat des affaires en apportant des solutions aux plaintes des investisseurs égyptiens et étrangers. « L’achat des terrains était parmi les plaintes les plus récurrentes des investisseurs, c’est pourquoi nous avons décidé de fournir les terrains selon le système du droit d’exploitation », explique-t-il. Et d’ajouter que l’investisseur peut aussi obtenir la licence de l’implantation de son usine dans un délai maximum de 20 jours de travail.
Les participants à la conférence ont salué les mesures gouvernementales. C’est le cas notamment de l’ingénieur Rami Azer, PDG de la société australienne Papyrus, qui détient un brevet dans le domaine du recyclage des déchets des cultures de bananes en substituts de bois. « J’ai installé mon usine dans le gouvernorat de Sohag en 2016 et le gouvernement m’a donné le terrain gratuitement », raconte-t-il à l’Hebdo. Il salue la coopération des responsables égyptiens pour surmonter les problèmes.
Augmenter les exportations
Le deuxième objectif de la conférence est lié à l’augmentation des exportations. Les participants ont insisté sur les opportunités dont bénéficient les exportations égyptiennes pour accéder aux marchés africains. « Le continent africain est un marché énorme et plein d’opportunités dont de nombreux secteurs peuvent profiter comme les industries pharmaceutiques, où l’Egypte a une grande expérience », note Hanan Ramsis, chef économiste au sein de la commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique. De son côté, la ministre égyptienne du Commerce et de l’Industrie, Névine Gamie, a souligné la nécessité de régler le problème du manque d’informations sur les besoins des marchés africains (voir page Panorama africain). Pour sa part, l’homme d’affaires Rami Azer explique à l’Hebdo que ce problème de manque d’informations se trouve surtout au niveau des gouvernements. « Les hommes d’affaires possèdent toutes les informations nécessaires sur les besoins des marchés africains », souligne-t-il. Et d’expliquer qu’il compte entrer sur le marché africain avec ses produits au cours de la prochaine période.
Des défis à surmonter
Le manque d’informations n’est pas le seul problème. A l’issue de la conférence, les participants ont insisté sur l’importance de lutter contre la bureaucratie et de lancer des programmes de formation destinés aux ouvriers et aux jeunes diplômés pour que l’Egypte puisse réaliser ses objectifs dans le secteur industriel. Rami Azer affirme, lui, qu’il a rencontré ces deux problèmes. « Bien que les responsables et les dirigeants égyptiens nous offrent les facilités nécessaires, l’appareil administratif et les petits fonctionnaires sont un grand obstacle à l’investissement dans le pays. Un employé dans un gouvernorat éloigné comme Sohag peut encore exiger un amas de papiers administratifs, ce qui entrave l’activité de l’investisseur. Cette bureaucratie torture les investisseurs à tel point qu’ils peuvent quitter le pays », indique-t-il.
En ce qui a trait à la formation, le président de l’Alliance des universités canadiennes, Hani Moustafa, insiste sur l’importance de la formation des employés. « Les universités canadiennes se concentrent sur la recherche liée à l’industrie, et 80 % de ces recherches sont réalisées en partenariat avec le secteur industriel ». L’expert égyptien au Canada souligne la nécessité d’offrir aux ouvriers des usines la possibilité de suivre des conférences dans les universités et les instituts techniques, et d’offrir aux étudiants la possibilité de suivre des formations dans les usines.
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