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Nouvelles industries, les experts s’expriment

Nada Al-Hagrassy , Mercredi, 08 juin 2022

Industries vertes, médicales et pharmaceutiques, automobile, transports intelligents et technologiques. Les participants aux sessions de la conférence ont discuté de la localisation des nouvelles industries en Egypte.

L’avenir de l’industrie automobile

L’avenir de l’industrie automobile

Localiser l’industrie automobile en Egypte était également au centre des discussions. « Tous les ministères concernés par l’industrie automobile ont participé à l’établissement de la stratégie nationale pour la localisation de l’industrie automobile en Egypte en collaboration avec le secteur privé », a déclaré Dr Jihan Saleh, conseiller du premier ministre chargé des affaires économiques. Avant d’ajouter que l’Egypte importe chaque année des voitures d’un coût estimé à 4 milliards de dollars. C’est pourquoi « la stratégie nationale de localisation de l’industrie automobile en Egypte vise à réduire les importations et à augmenter le volume de nos exportations, en incitant les investisseurs à soutenir cette industrie ».

Pour sa part, Ahmad Fikri Abdel-Wahab, vice-président de l’Association africaine de l’industrie automobile, a expliqué que toutes les expériences précédentes des pays voisins qui nous ont précédés dans la production de voitures ont été passées en revue, soulignant que l’expérience de l’Afrique du Sud dans l’industrie automobile est la plus proche de celle de l’Egypte. Il a noté que l’Afrique du Sud a connu un boom dans ce secteur important « qui contribue à hauteur de 7 % du PIB de ce pays ». Et d’ajouter que « ce qui distingue l’expérience sudafricaine est qu’elle est dynamique. Elle a évolué 4 fois au cours des 30 dernières années. En fait, l’Afrique du Sud produisait 44 modèles dans les années 1990, alors que maintenant, elle ne produit que 12 modèles par 7 entreprises. L’une d’elles produit 100 000 voitures d’un même modèle, dont 5 % seulement pour un usage domestique et 95 % pour l’exportation ».

Hossam Abdel-Aziz, viceprésident de la Société holding des industries métallurgiques, a mis en lumière l’étendue de l’imbrication de cette industrie avec de nombreuses industries, notamment les industries métallurgiques, du cuir, du caoutchouc, des moulages, des forges et autres. Il s’agit d’une locomotive industrielle pour de nombreux secteurs. Pour localiser l’industrie automobile, il faut mettre l’accent sur la qualité du produit et sa vente à un prix compétitif, parce qu’il s’agit de localiser une industrie à forte intensité de main-d’oeuvre qui doit être un moyen d’offrir des opportunités d’emploi à la jeunesse égyptienne.

Pour sa part, Ahmed Ali Al-Talawy, professeur adjoint à la City University de New York, a attiré l’attention sur la nécessité de faire face au changement climatique à travers la mise en place de trains et de voitures électriques qui économisent en matière d’énergie. C’est pourquoi le transport électrique doit devenir le principal moyen de transport. Il a relevé que la ville de New York cherche à réduire de 30 % la consommation d’énergie dans le métro souterrain, et que ce procédé peut être appliqué aux lignes de métro en Egypte

L’intelligence artificielle au service de l’industrie

« L’intelligence artificielle dessine le monde  de demain ». C’est par ces mots qu’a débuté la  session consacrée à l’impact de l’intégration de  l’Intelligence Artificielle (IA) dans le secteur  industriel. En fait, tous les experts de cette  session estiment que l’utilisation de l’IA est  devenue l’une des clés déterminant le succès  de toute entreprise quelle que soit son activité.  L’arrivée des systèmes intelligents promet  de bouleverser les modèles organisationnels  des entreprises. Selon Dr Amr Awadallah,  spécialiste des infrastructures aux Etats-Unis,  « les applications de l’IA peuvent comprendre,  relier et analyser les données pour proposer des  résultats de manière précise et intelligente ».  Evidemment, l’installation de systèmes d’IA  ne pourra se faire sans transformation vers le  numérique.

Avis partagé par Ahmed Al-Adl, expert en  intelligence artificielle aux Etats-Unis, qui  pense que « la transformation numérique  est inéluctable, mais qu’il faut aussi faire  attention à ses risques ». Et d’ajouter « Le  jumelage numérique et le Big Data sont des  termes que nous devons bien comprendre.  Il faut connaître les différents axes de choix  des plateformes pour définir les objectifs  que nous cherchons à atteindre, comme les  applications des villes intelligentes et des  chaînes d’approvisionnement, ainsi que des  transports intelligents ». De son côté, Dr  Rachiq Al-Maraghi, président et fondateur  de la société Net Quality Software pour les  programmes d’ingénierie structurelle au  Canada, explique que sa société est dotée d’un  système d’IA « SAFI ». Il s’agit d’applications  technologiques qui peuvent être utilisées  pour accéder aux conceptions techniques de  construction des entreprises spécialisées dans  la construction des ponts. « Notre programme  intégré pour la construction des ponts reste  efficace au cours des décennies à venir à  cause de la dépendance des entreprises de  construction à l’égard des systèmes de l’IA »,  a-t-il dit.

L’Egypte est classée troisième sur le plan  des investissements numériques. Il est donc  important d’attirer davantage d’investissements  étrangers, d’encourager les projets privés,  de soutenir les entrepreneurs, de partager les  informations et comprendre les données du  marché. « Nous avons commencé à investir  dans des entreprises technologiques il y a  environ 7 ans, et on a beaucoup évolué depuis »,  dit Tareq Al-Torgoman, directeur général  d’HELOIS Capital Investment Company  en France, avant d’appeler à la nécessité de  soutenir les innovations pour attirer davantage  d’investissements et de fonds d’investissement  spécialisés dans la technologie.

Développer des industries vertes compétitives

« La voie vers le sommet de la COP27 » était une session consacrée à débattre  des différents volets de l’industrie verte. « Le rôle du secteur industriel est  crucial, voire décisif, dans la lutte contre le changement climatique. C’est  pourquoi nous devons nous efforcer d’utiliser efficacement les ressources  naturelles et d’exploiter les énergies renouvelables sous toutes les formes », a  souligné Yasmine Fouad, ministre de l’Environnement, au début de la séance.  En fait, l’Egypte a déjà installé des projets d’industrie verte. Il s’agit surtout de  l’installation d’une véritable chaîne de production dans l’une des unités affiliées à  l’usine militaire n°300 pour construire un système d’irrigation intelligent destiné  à rationaliser la consommation d’eau. Selon Irene Istamalek, vice-présidente  de l’Organisation allemande de coopération internationale, la rationalisation  de l’eau contribue  à réduire la  c o n s o m m a t i o n  d’énergie, « ce qui  est une question  d ’ i m p o r t a n c e  croissante à l’heure  actuelle où le monde  fait face à une crise  énergétique°».  En abordant le  thème de l’énergie  a l t e r n a t i v e ,  Ahmad Mahina,  chef du secteur  de la planification  stratégique au  ministère de l’Electricité, a déclaré que l’Egypte a réussi à atteindre son objectif  d’augmenter la part des énergies renouvelables pour atteindre 20 % du total  de l’énergie générée d’ici la fin de cette année. Et d’ajouter qu’« il existe une  confiance internationale croissante dans le marché égyptien dans le domaine  de l’énergie solaire, en particulier après que le projet Banban à Assouan a  remporté un prix de la Banque mondiale comme l’un des meilleurs projets de  ce type ». Dr Haitham Ramadan, directeur de la recherche et de l’innovation  à l’Institut des systèmes de stockage d’hydrogène en France, a souligné  l’importance d’utiliser l’hydrogène vert comme l’un des moyens d’énergie  propre qui préserve l’environnement, mais qui nécessite un savoir-faire.  « L’Egypte a une situation géographique distincte qui lui permet de produire  de l’hydrogène vert de manière importante », a-t-il ajouté.

Les défis de l’industrie médicale et pharmaceutique

«  Bien qu’on ait abordé cette question lors de la deuxième édition de la conférence L’Egypte peut, où il a été question des moyens nécessaires pour atteindre des taux de croissance significatifs, le développement de ce secteur ne s’est malheureusement pas déroulé de la manière requise », a déclaré Bahaeddine Zidane, chef de l’Autorité unifiée d’approvisionnement, pendant la séance consacrée aux défis et opportunités de l’industrie médicale et pharmaceutique. Le financement est l’un des obstacles majeurs qu’affronte ce secteur vital. En fait, l’Egypte est le plus grand centre de fabrication de médicaments au Moyen-Orient et en Afrique, mais elle a encore besoin de grands efforts pour atteindre la mondialisation. L’Egypte a l’occasion de devenir l’un des marchés d’investissements le plus important de la région parce que les investisseurs cherchent des opportunités en dehors de la Chine. Et l’Egypte possède des caractéristiques qui ne sont pas moins que la Chine, que ce soit en termes d’expériences ou de relations internationales. Ce qui nécessite de former la main d’oeuvre aux méthodes de fabrication modernes reposant sur la technologie.

Dr Hicham Al-Anchassi, directeur de l’Institut de développement des bioproduits et professeur de génie des bioprocédés à l’Université de Technologie Malaisienne (UTM), a déclaré que « la création d’une Autorité pharmaceutique indépendante est très importante pour les investisseurs, car elle permet de traiter facilement avec le gouvernement par l’intermédiaire de cette autorité, et fournit le soutien nécessaire aux investisseurs ». Dans le même sens, Dr Ahmed Salman, professeur d’immunologie à l’Institut Edward Jenner de l’Université d’Oxford, estime que les investissements dans le secteur des vaccins sont très importants et ne se limitent pas au seul rendement financier, mais s’étendent aux aspects psychologiques et politiques. « Le pays qui réussira à attirer les entreprises internationales sera le centre régional pour exporter leurs produits vers le Moyen-Orient et l’Afrique. La concurrence sera très forte », affirme-t-il.

Ainsi, l’Egypte déploie beaucoup d’efforts pour promouvoir son industrie médicale et pharmaceutique. Et ce, à travers la mise en place d’un système de santé intégré grâce à une assurance-maladie complète. Quant à l’industrie pharmaceutique, il existe presque 170 usines ayant 700 lignes de production, en plus de 40 usines encore en état de construction avec à leur tête le complexe Jipto Pharm qui vise à maximiser la production de médicaments.

A la fin de la session, Dr Alaa Barakat, PDG et cofondateur de Misr Biotechnology, a insisté sur l’importance de la formation des travailleurs dans le secteur médical en soulignant que sa compagnie a réussi à créer une école secondaire pour la formation en alternance de techniciens diplômés en industries pharmaceutiques et bio. Selon lui, l’installation de cette école est quasi impérative parce que « nous avons une crise majeure dans les industries de l’alimentation, qu’il s’agisse d’exigences de production ou d’emballage. La taille du marché en Afrique est très importante, et pour pouvoir exporter nos produits à l’étranger, nous devons garantir la qualité, et réussir d’abord localement », conclut-il .

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