« Il n’y a pas de développement durable sans moyens de financement adéquats et durables ». Tel était le thème principal de la Conférence internationale sur les opportunités alternatives de financement en Egypte, tenue les 23 et 24 mai au Caire. Organisée conjointement par les ministères de la Planification et des Finances, et le programme de réforme économique financé par l’Agence américaine pour le développement international (USAID), cette conférence a regroupé des experts économiques et financiers, officiels et indépendants, qui ont débattu pendant deux jours des nouveaux moyens de financement que le gouvernement compte utiliser pour mobiliser ses ressources et faire face aux répercussions économiques de la guerre en Ukraine. En fait, pour poursuivre l’application de son agenda du développement durable 2030, l’Egypte doit trouver de nouveaux moyens de financement pour réduire la dette publique. « L’Egypte veut réduire le ratio de la dette au PIB de 90% d’ici la fin de l’exercice en cours pour atteindre 85% en 2025. Elle veut également réduire son déficit budgétaire à 6,2 % », a déclaré Mohamad Maeit, ministre des Finances, lors de son intervention à la conférence.
Obligations vertes
Pour atteindre ces objectifs, il est impératif de trouver de nouveaux moyens de financement. L’Egypte est le premier pays arabe et africain à lancer des obligations vertes souveraines d’une valeur de 750 millions de dollars sur 5 ans, plaçant ainsi l’Egypte sur la carte du financement durable. Ceci lui permet de poursuivre le financement des projets amis de l’environnement, l’une des clés essentielles du développement durable. Mais les idées novatrices ne s’arrêtent pas là. En mars dernier, l’Egypte a lancé les premières obligations Samurai sur le marché japonais, d’une valeur de 60 milliards de yens, soit l’équivalent de 500 millions de dollars. L’Egypte se prépare également à lancer des obligations en yuan chinois. « Notre objectif est de diversifier les sources de devises étrangères et les outils de financement, afin d’attirer de nouveaux investisseurs », a ajouté le ministre des Finances.
Les sukuk, un financement participatif
L’Egypte s’est également lancée sur le chemin des obligations islamiques (sukuk) pour bénéficier de nouvelles liquidités et attirer de nouveaux investisseurs égyptiens et étrangers désireux d’investir conformément aux préceptes de la charia. Ces obligations seront lancées pendant le 2e semestre de l’exercice financier courant. Le statut exécutif de la loi sur les sukuk sera émis d’ici 3 mois en concertation avec l’Autorité de contrôle financier et Al-Azhar, pour garantir que les sukuk soient conformes à la charia. D’ailleurs, au cours des 10 dernières années, le volume des finances islamiques a doublé dans le monde. Le principal moteur de cette croissance est que plusieurs pays ont lancé des sukuk en tant qu’obligations souveraines. La valeur des sukuk actuellement en circulation est de 120 milliards de dollars.
Partenariat public-privé
« Il y a un manque de financement de l’ordre de 3,3 à 7 trillions de dollars auquel il faut ajouter 2,5 trillions en raison des dégâts causés par la pandémie de Covid-19. Ce manque de financement affecte les projets de développement durable dans les pays en voie de développement », a expliqué la ministre de la Planification, Dr Hala Al-Saïd. C’est l’une des raisons qui font que la recherche de nouveaux moyens de financement est cruciale, surtout avec l’instabilité mondiale causée par la guerre en Ukraine. « Le gouvernement devrait promouvoir toutes sortes de partenariats entre le secteur public et privé et entre la société civile et les institutions financières locales régionales et internationales pour atteindre son objectif », a-t-elle ajouté. La ministre a salué la publication du rapport « Le financement du développement durable en Egypte » qui détaille les efforts déployés par l’Etat pour mobiliser ses ressources financières et financer ses projets. Ce rapport a été rédigé par un groupe d’experts économiques et financiers, dont Mahmoud Mohieddine, directeur exécutif du FMI. « L’importance du rapport émane du fait qu’il détaille les dimensions du problème du financement et offre des solutions », dit Hala Al-Saïd. Mais avant de trouver de nouveaux outils de financement, il est impératif de redresser l’économie, notamment les secteurs qui ont une valeur ajoutée comme l’agriculture et l’industrie. « Ce qui sans doute attirera plus d’investissements et élargira les opportunités de financement », a conclu Al-Saïd.
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