Al-Ahram Hebdo : Le Caire, capitale de la culture islamique, quelle est la signification de ce titre ?
Mohamed Abou-Seada : Ce choix confirme la place particulière dont jouit Le Caire non seulement au niveau arabe et islamique, mais aussi au niveau international. L’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO) a choisi Le Caire, capitale de la culture, en raison de sa richesse patrimoniale et ses institutions culturelles et artistiques. C’est une ville aux multiples facettes qui possède de fabuleux monuments et de magnifiques édifices architecturaux.
Le programme des festivités pour célébrer cet événement a commencé à la mi-avril et comprend plusieurs expositions. L’Organisme de l’harmonisation urbaine a lancé une édition spéciale du concours de photographie Turathna (notre patrimoine). Ce concours réunissait chaque année des photographes d’Egypte seulement, mais pour la première fois, nous avons fait appel à des photographes des pays membres de l’ICESCO, afin de s’inspirer du patrimoine architectural islamique. Ce concours s’étalera sur l’année et les prix seront présentés en décembre 2022 au Caire.
— Le ministère de la Culture organise toute une gamme d’activités pour célébrer l’événement. Quel est l’objectif de ces activités ?
— Par ces activités culturelles et artistiques, dont notamment des ateliers artisanaux, des concours, des expositions, le ministère essaye de faire du Caire, tout au long de cette année, un centre mondial de rayonnement culturel, une sorte de nouveau départ pour la ville aux mille minarets, après la pandémie de Covid-19 qui a touché le monde entier. C’est une opportunité qui permet au Caire de faire connaître sa culture et sa civilisation au monde entier.
— Quel est le rôle de l’Organisme de l’harmonisation urbaine pour préserver et montrer le patrimoine cairote ?
— Nous travaillons sur deux axes différents. Le premier se rapporte aux lois qui incriminent toute déformation ou démolition des édifices et des sites à caractère historique et patrimonial. D’ailleurs, l’organisme a lancé cinq initiatives sous le titre Mémoire de la cité, visant à valoriser la capitale égyptienne. Il s’agit de « Vécu ici » et « Histoire d’une rue », qui documentent chaque bâtiment, rue ou quartier historiques. Il y a aussi l’initiative « Balades patrimoniales » qui invite la population à découvrir les quartiers et tous les coins du pays d’une manière fascinante. Nous avons publié aussi une série de livres, tel L’Ile de Zamalek, la valeur et le patrimoine. Nous invitons le lecteur à voyager dans le temps et à faire une agréable excursion de plus de 150 ans dans ce quartier habité par la classe bourgeoise. La cinquième initiative qui sera lancée durant les festivités est Lahazate (moments), qui documente certaines choses qui se rapportent aux villes patrimoniales, tels les lacs qui se sont formés après la crue du Nil et l’aspect urbain qui les entoure. Nous avons commencé par Berkate Al-Ratli, dans le quartier populaire de Bab Al-Chaariya.
Le premier ministre, Moustapha Madbouli, lors d’une tournée dans Le Caire islamique.
A noter que nous avons inscrit 6 700 bâtiments ayant une valeur historique sur la liste de l’organisme, ainsi qu’un grand nombre de jardins historiques dans les quatre coins du pays. En outre, nous avons créé un site Internet pour faciliter la recherche et guider les futurs visiteurs. En Egypte, chaque quartier a sa particularité, ses résidences, ses citoyens, son patrimoine architectural et ses événements historiques qui le caractérisent.
— Quel est l’objectif de toutes ces initiatives ?
— Nous cherchons à sensibiliser la population en présentant des informations intéressantes et attirantes gravées sur des pancartes placées dans les rues. Cela aide à hausser la conscience patrimoniale des citoyens, notamment les jeunes qui sont appelés à préserver cette richesse héritée des ancêtres. De même, nous voulons en même temps promouvoir le tourisme interne.
— La capitale connaît actuellement une série de grands projets de développement dans le cadre du programme Misr Al-Gadida (la nouvelle Egypte). Pensez-vous que ces projets menacent le patrimoine culturel ?
— Les nouveaux projets qui ont vu le jour au Caire dans le cadre de la vision Egypte 2030 contribueront inévitablement à son rayonnement culturel, en mettant en valeur la richesse culturelle de la ville et en faisant d’elle une plateforme mondiale d’authenticité et de modernité.
— Est-ce que d’autres villes égyptiennes hormis Le Caire ont une chance de figurer sur la liste de l’ICESCO des capitales de la culture ?
— Sans aucun doute. De nombreuses villes égyptiennes ont une histoire culturelle riche et possèdent un patrimoine matériel, immatériel et intellectuel digne d’être reconnu et préservé. Nous avons beaucoup travaillé sur Port-Saïd, cette ville portuaire qui a été désignée cette année en Egypte « capitale culturelle ». De même, nous travaillons sur le développement de la ville côtière de Rachid, riche en patrimoine islamique, ainsi que sur l’oasis de Siwa dans le désert occidental. Nous cherchons à améliorer l’image et l’identité visuelle des villes afin qu’elles soient sélectionnées comme capitales de la culture.
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