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Le Caire islamique à l’honneur

Ola Hamdi , Mercredi, 11 mai 2022

Choisi comme capitale de la culture islamique pour 2022, Le Caire organise une série d’événements culturels. La ville aux mille minarets fait l’objet d’un plan de réaménagement ambitieux.

Le Caire islamique à l’honneur

Le Caire portera le flambeau de la culture islamique en 2022. La ville aux mille minarets avait été désignée en 2020 comme capitale de la culture islamique par l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO). Mais les festivités marquant cet événement ont été retardées de deux ans en raison de la pandémie du Covid-19. « La ville du Caire a été l’incubateur d’une diversité culturelle unique, elle a présenté au monde un magnifique modèle de coexistence humaine. Le Caire a été un phare de culture et un centre de rayonnement à travers les âges », a déclaré Inès Abdel-Dayem, ministre de la Culture. Et d’ajouter qu’une gamme d’activités culturelles (ateliers d’artisanat, ateliers cinématographiques, séminaires, projections de films) aura lieu cette année pour célébrer l’événement et présenter Le Caire au monde entier.

Pour sa part, le directeur de l’ICESCO, Salim bin Mohamed Al-Malik, rappelle le rôle culturel de premier plan joué par Le Caire. « Le Caire est un véritable musée ouvert. La ville accueille les plus grandes manifestations culturelles », a-t-il déclaré. Située à Rabat, au Maroc, l’ICESCO a été fondée en 1979 et compte 54 Etats membres. Issue de l’Organisation de la coopération islamique, elle est spécialisée dans l’éducation, les sciences et la culture. Le programme de la capitale de la culture islamique a été adopté en 2005. Ce titre est décerné chaque année à trois villes islamiques : une dans le monde arabe, une en Afrique et une en Asie.

Ahmad Badran, professeur d’égyptologie à l’Université du Caire, explique pourquoi le choix a porté sur la ville du Caire. « Il y a d’abord les considérations historiques. Le Caire est une ville millénaire au passé extrêmement riche. Il a vu passer diverses dynasties islamiques : les Abbassides, les Mamelouks, les Ayyoubides et les Fatimides. La ville conserve encore ses richesses culturelles, notamment la plus grande mosquée du monde islamique qui est la mosquée d’Al-Azhar. Celle-ci reçoit chaque année une multitude d’érudits et de chercheurs en sciences islamiques. N’oublions pas les madrassas, les palais, les maisons, les wékalas, les sabils, les kottabs (écoles coraniques), les murs fortifiés et autres monuments, dont le nombre dépasse les 600. Rappelons que Le Caire historique est inscrit sur la liste du patrimoine mondial depuis 1979 », affirme Badran.

Outre les considérations historiques, Le Caire a joué un rôle majeur dans la diffusion de la culture islamique. Al-Azhar a toujours envoyé des missions dans toutes les régions du monde pour enseigner la lecture et la mémorisation du Coran, en plus du fait que les récitateurs les plus célèbres du Coran sont égyptiens. La capitale égyptienne accueille également des étudiants en sciences islamiques de divers pays du monde. « Le Caire est un phare de l’islam et mérite bien ce titre, car c’est une ville qui accueille toutes les cultures avec tolérance. On y trouve une atmosphère d’ouverture culturelle, de liberté d’expression et d’acceptation de l’autre. En plus, Le Caire a été pendant des siècles la destination des orientalistes et des penseurs », ajoute Badran.

Joyau historique, Le Caire fait aujourd’hui l’objet d’un ambitieux plan de réaménagement. Selon Salim bin Mohamed Al-Malik, « l’Egypte possède une vision qui consiste à redonner au Caire historique sa splendeur d’antan ».

Réaménagement du Caire historique

Le gouvernement égyptien place ce dossier au centre de ses intérêts. L’Etat avait élaboré il y a 20 ans un projet de développement du Caire historique qui repose sur plusieurs axes, dont la préservation des édifices anciens, en les restaurant, et la limitation des activités inadaptées à la nature de l’espace historique en leur attribuant des lieux alternatifs.

Selon les données du Fonds de développement urbain, le plan de développement du Caire historique en est aujourd’hui à sa quatrième phase. Celle-ci comprend les zones d’Al-Darb Al-Ahmar, d’Al-Gamaliya, d’Al-Hussein et certaines parties des quartiers d’Al-Khalifa et d’Al- Fostat, qui comprennent un grand nombre de monuments islamiques et d’édifices patrimoniaux.

« Nous voulons que Le Caire historique retrouve son importance et sa valeur en tant que plus belle ville. Le projet de développement du Caire historique coûte 30 milliards de livres égyptiennes et bénéficie d’un suivi continu de la part du premier ministre, Moustapha Madbouli, et des dirigeants politiques, afin d’éliminer la distorsion urbaine, de faire renaître Le Caire historique, de lui redonner son ancienne gloire et enfin, d’éliminer la négligence que la ville avait connue ces dernières années », souligne Khaled Seddiq, PDG du Fonds de développement urbain. Et d’ajouter : « Un nouveau département a été créé pour développer Le Caire historique, en partenariat avec la faculté d’ingénierie. L’objectif est de réduire les quantités d’eaux souterraines, d’améliorer les infrastructures, de faire le revêtement des routes avec des pierres qui respectent la nature des lieux, d’interdire le passage des poids lourds, de supprimer toute atteinte aux maisons historiques et de transformer les édifices du centre du Caire, telles la maison Al-Séheimi et la maison d’Al-Dahabi en musées ouverts ».


Le Caire capitale de la culture islamique, un couronnement qui reflète la place particulière dont bénéficie la capitale égyptienne.

Opportunités et défis

Ahmad Badran pense qu’il s’agit là d’une très grande opportunité que l’Etat doit saisir et investir au même titre qu’il a investi la Parade des momies et l’ouverture de l’Allée des sphinx, afin d’encourager le tourisme religieux et arabe et de relancer le secteur du tourisme jusqu’à ce que la crise due à la guerre en Ukraine soit passée, surtout que l’Egypte a témoigné récemment de l’ouverture de nombreux musées et palais. « Il est nécessaire de créer un chemin pour Ahl Al-Beit (la famille du prophète Mohamad), similaire aux sanctuaires sacrés en Iraq ou au chemin de la Sainte Famille en Egypte », suggère Badran.

En fait, l’année 2022 verra le lancement de nombreux grands projets culturels, dont l’ouverture de la Cité des arts et de la culture dans la Nouvelle Capitale administrative, l’inauguration du Grand Musée égyptien, le plus grand musée sur la civilisation égyptienne au monde qui comportera 100 000 pièces d’antiquités.

Quant aux défis, le surpeuplement dans les zones archéologiques est le défi le plus important auquel est confronté le projet de développement du Caire. « Cela affecte les monuments. C’est pourquoi l’Etat s’efforce aujourd’hui de préserver les monuments et en même temps de sensibiliser les habitants de ces zones à l’archéologie à travers un dialogue sociétal, le développement de l’artisanat traditionnel et le transfert des industries nuisibles hors du Caire vers des sites industriels spécifiques, tel le transfert de l’industrie du tannage du cuir du mur de Magra Al-Oyoune à la ville d’Al- Robiki », conclut Badran.

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