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Entre Kiev et Moscou, une histoire mouvementée

Nada Al-Hagrassy , Mercredi, 02 mars 2022

Avec des différends entre le pouvoir ukrainien, la Russie et les minorités séparatistes pro-russes, la tension entre Moscou et Kiev remonte à quelques mois, voire quelques années. Ses origines sont cependant plus lointaines.

Entre Kiev et Moscou, une histoire mouvement e

 « Russes et Ukrainiens sont un seul peuple ». Début février, le président russe, Vladimir Poutine, avait donné le ton. Une déclaration visant sans doute à justifier l’offensive russe contre l’Ukraine, mais qui rappelle que les deux pays sont liés par une histoire mouvementée, qui remonte à loin, bien avant les récentes tensions : au Moyen-âge. Les origines des deux pays remontent à l’Etat de la Russie kiévienne, qui est une principauté slave orientale et qui a existé du milieu du IXe jusqu’au milieu du XIIIe siècles, avant de disparaître formellement du fait de l’invasion mongole. La Russie est devenue ainsi la plus ancienne entité politique commune à l’histoire des trois Etats slaves orientaux modernes : Biélorussie, Russie et Ukraine. C’est pourquoi le président russe parle d’un seul peuple ayant les mêmes racines. Pourtant, l’évolution historique de ces deux pays était différente l’une de l’autre. Au XVIIe siècle, une large partie du territoire de l’Ukraine fut annexée à la Russie, et ce, jusqu’à la Révolution bolchévique de 1917.

Après une courte période d’indépendance, l’Ukraine est de nouveau annexée à l’Union soviétique en 1922. Après la dissolution de l’URSS le 25 décembre 1991, l’Ukraine obtient son indépendance en août 1991 suite à un référendum où 80 % de la population votent en faveur de l’indépendance. La Crimée, péninsule située au sud du pays, se proclame, quant à elle, « république indépendante ». Elle accepte toutefois d’être rattachée à l’Ukraine en échange d’une large autonomie.

De par sa position géographique, l’Ukraine est une zone-tampon entre la Russie et l’Europe de l’Ouest. Avec plus de 17 % de sa population de 44 millions d’habitants d’origine russe, l’Ukraine est divisée, malgré son apparente unité. Cette population russophone, orthodoxe et pro-russe est centrée à l’est du pays. Elle refuse de couper ses liens avec la Russie.

De l’autre côté, une majorité d’habitants pro-Occident, tournés vers l’Europe et catholiques, qui vivent principalement dans l’ouest du pays, avec pour langue principale l’ukrainien, et non le russe. Depuis son indépendance, l’Ukraine se rapproche de l’Occident. Elle signe des accords de coopération avec l’Union européenne et multiplie ses tentatives d’adhérer à l’Otan.

2014, année charnière

Depuis le démantèlement de l’URSS, cette fracture est source de tensions. Et à chaque élection, cette division historique refait surface : l’ouest du pays favorise en général les candidats pro-occidentaux, tandis que l’est se tourne vers ceux soutenus par le régime russe. En 2005, Viktor Yushchenko, un président pro-occidental, est élu. En 2010, le pro-russe Viktor Yanukovych devient président.

Les tensions culminent en 2014 avec deux événements : la révolution pro-occidentale de Maïdan, qui conduit à la destitution par le parlement ukrainien du président Yanukovych, et l’annexion de la Crimée. Peu après, un soulèvement séparatiste dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, a vu naître, avec le soutien des Russes, les républiques populaires de Lougansk et de Donetsk. L’Ukraine répond par le lancement d’une opération militaire sous le nom « Guerre contre le terrorisme ».

« Plusieurs raisons ont poussé la Russie à lancer son opération militaire. Certaines raisons remontent dans le temps et d’autres sont plus récentes », explique ainsi Dr Hassan Abou-Taleb, conseiller du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. D’après lui, le président russe veut diviser l’Ukraine en deux : une partie est alliée à Moscou et la partie ouest pro-occidentale. L’histoire de l’Allemagne de l’après-guerre se répète-telle ?

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