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Miguel Angel Moratinos Cuyaubé : La jeunesse n’est pas l’avenir mais le présent

Propos recueillis par Ola Hamdi, Mardi, 18 janvier 2022

Miguel Angel Moratinos Cuyaubé, Haut-Représentant de l’Alliance des civilisations des Nations-Unies (UNAOC), ancien ministre espagnol des Affaires étrangères et représentant spécial de l’Union européenne pour le Moyen-Orient, appelle les jeunes du monde à un dialogue interculturel et interreligieux.

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  Al-Ahram Hebdo : Comment avez-vous trouvé la 4e édition du Forum Mondial de la Jeunesse (FMJ) auquel vous avez participé pour la deuxième fois ?

Miguel Angel Moratinos : Le FMJ est une occasion en or pour lancer un dialogue constructif entre les jeunes du monde entier. La vision du président Abdel-Fattah Al-Sissi est de créer un pont entre les jeunes du monde, afin de trouver un terrain d’entente entre eux et les décideurs. Le but est de faire entendre la voix des jeunes et bénéficier de l’expérience des décideurs et des personnes en charge des responsabilités politiques, économiques et sociales. Le forum donne la chance aux jeunes d’expliquer leurs préoccupations, leurs aspirations et leurs problèmes. L’interaction entre les jeunes et les décideurs ne peut donner que de bons résultats. Nous devons créer des passerelles entre ces deux segments de la société afin qu’ils travaillent ensemble et créent des sociétés inclusives où chacun trouve sa place et chacun contribue à la création d’un monde meilleur.

— Vous avez été invité à une réunion avec le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Quel en a été le contenu ?

— Nous sommes la seule organisation internationale à avoir participé au forum et nous avons eu un échange de points de vue très intéressant et un dialogue très franc avec le président, afin de mieux comprendre les priorités de l’Egypte et savoir comment la communauté internationale peut la soutenir. La rencontre s’est très bien passée. Elle a duré deux heures et il y avait une très bonne ambiance. Le président a répondu à nos questions. Il était détendu en nous disant comment l’Egypte progresse.

— Qu’aimeriez-vous dire aux dirigeants politiques du monde ? Comment doivent-ils aborder les recommandations du forum ?

— Eh bien, je pense que la meilleure chose est de consolider ce dialogue intergénérationnel. C’est un forum de la jeunesse, pas un forum politique. Il faut renforcer le dialogue entre les deux générations, les jeunes et les anciens. Il faut donner aux plus jeunes un meilleur statut et prendre en compte leurs préoccupations. Je l’ai dit et je le répète : la jeunesse n’est pas l’avenir mais le présent. Ils influencent le présent. Ce n’était pas le cas avant. Donc, je pense que l’idée de donner aux jeunes une sorte de plateforme pour s’exprimer est excellente. Chaque pays et les organisations internationales aussi devraient donner aux jeunes la possibilité de participer à la prise de décision. Ils ne doivent pas être invités une fois la décision prise. Nous devrions tenir compte de leurs préoccupations. Nous devons nous battre pour un monde meilleur, pour sauver l’humanité, pour sauver la planète. Cela veut dire lutter contre les changements climatiques, mais aussi lutter contre les discriminations et l’exclusion, il faut lutter pour le respect de l’autre, le respect des différences et des diversités, dans tous les domaines : culturel, religieux et autres. C’est le combat que les jeunes devront mener au cours des prochaines années.

— Vous avez déclaré que la paix doit venir avant la sécurité, comment ?

— Lorsque j’ai parlé au panel sur la paix et la sécurité dans le monde du Covid-19, j’ai dit que la paix doit venir avant la sécurité, et non après. La sécurité est quelque chose que l’on ne peut avoir à 100 %, mais la paix oui. Lorsque vous avez la paix, vous vous réconciliez avec vous-même et avec les autres.

— La session de clôture a porté sur l’humanité. Qu’en avez-vous pensé ?

— Nous avons conclu avec un message très clair et très engagé. Le président Sissi, dans son discours à l’Onu, avait déclaré en septembre : « Engageons-nous, travaillons ensemble, avant qu’il ne soit trop tard, pour sauver l’humanité ». Je pense que c’est l’objectif pour lequel nous travaillons à travers la coopération et le dialogue interculturel et interreligieux.

— Enfin, quel est l’ordre du jour de l’UNAOC en 2022 ?

— L’agenda de l’Alliance des civilisations pour cette année comporte de nombreux programmes, dont un important lié au dossier migratoire et à la situation des personnes à risque. Nous travaillerons également pour atténuer les différences religieuses et culturelles qui peuvent accélérer les tensions et conduire à des guerres et des conflits. Nous continuerons également à travailler sur la lutte contre le terrorisme, car il faut traiter ce dossier de manière plus globale. Les mesures de sécurité sont importantes mais pas suffisantes. On ne peut pas changer les coeurs et les esprits de ces terroristes fanatiques, mais on peut vaincre certains d’entre eux. Il faut donc créer des conditions propices à l’élimination de la violence. Nous travaillerons également sur le dialogue interculturel et interreligieux afin de protéger les sites religieux à travers le monde.

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