Le premier ministre, Moustapha Madbouli, a inauguré cette semaine la première édition du Forum d’investissement vert à la Nouvelle Capitale administrative. L’événement, organisé en partenariat avec l’Organisation des Nations-Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) dans le cadre du projet « Croissance inclusive verte en Egypte », était financé par l’Agence suisse pour le développement.
Ministres, représentants d’organisations internationales et investisseurs ont assisté à ce forum. « L’objectif de cet événement est de promouvoir les investissements dans le domaine de l’économie verte et de la résilience climatique. Il se tiendra dorénavant chaque année », a déclaré la ministre de l’Environnement, Yasmine Fouad. « Il s’agit de présenter, à travers cette plateforme, un ensemble de projets qui visent à faire face aux effets du changement climatique, afin de réduire les risques, et ce, en ouvrant des canaux de coopération avec les banques nationales et internationales », a ajouté la ministre.
L’organisation du forum s’inscrit dans le cadre de l’engagement de l’Egypte à réaliser les objectifs du développement durable et la vision « Egypte 2030 ». Le forum s’appuie également sur les résultats de la 27e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP27) qui s’est tenue en Egypte en novembre 2022.
A travers ses six sessions, le forum a présenté un certain nombre d’opportunités d’investissement pour le secteur privé dans plusieurs domaines, notamment l’énergie durable, le recyclage des déchets, l’écotourisme, l’agriculture durable et la production alimentaire. Les mécanismes de promotion de l’investissement vert ont également été évoqués. Les participants se sont également penchés sur l’idée « d’écologiser » les projets publics, alors que l’Egypte cherche à passer à une économie verte d’ici 2030 où 100 % des projets de l’Etat sont verts.
Diversifier le bouquet énergétique
« Dans le cadre de son plan visant à réaliser la transition vers des sources d’énergie propre, l’Egypte essaie depuis des années de diversifier son bouquet énergétique en encourageant les investissements dans les énergies renouvelables comme l’énergie solaire, éolienne et l’hydrogène. Ce plan ambitieux vise à produire 42 % de l’énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030 », explique Magdy Allam, expert environnemental.
En juin 2022, le Global Energy Monitor (GEM) affirmait dans son rapport annuel que les pays arabes peuvent réaliser près de 92 % de leurs objectifs en matière de production d’énergie renouvelable d’ici 2030. Ils produisent actuellement plus de 12 gigatonnes d’énergie éolienne et solaire. L’Egypte est à la tête de ces pays avec la production la plus élevée d’énergie renouvelable (3,5 gigatonnes).
Dans les années 1970, l’Egypte s’est lancée dans la construction des stations solaires pour mettre à profit le fort rayonnement du soleil sur son territoire. Mais l’utilisation de l’énergie solaire était très limitée jusqu’en 2015. Afin de satisfaire une demande croissante, de diversifier l’offre énergétique et d’améliorer les dimensions environnementales et climatiques du secteur de l’énergie, l’Egypte a adopté en 2015 une stratégie visant à produire l’électricité à partir des énergies renouvelables. Des projets, lancés conjointement par le secteur public et privé, ont été inaugurés et des initiatives pilotes ont été lancées dans la plupart des gouvernorats.
Ainsi, en 2022, la capacité totale de l’Egypte en matière d’énergie renouvelable a atteint 6 322 mégawatts. La production de l’énergie solaire est passée de 35 mégawatts en 2012 à 1 724 mégawatts en 2022. Quant à la production de l’énergie hydroélectrique en Egypte, elle s’élève à 2 832 mégawatts. En 2022, 44,8 % de la capacité totale de l’Egypte en matière d’énergie renouvelable provenait de l’hydroélectricité, la part la plus élevée de la région.
Selon le rapport du Conseil mondial de l’énergie éolienne (GWEC), l’Egypte fait partie des quatre pays en développement, aux côtés de l’Argentine, de la Colombie et du Maroc, capables de produire, dans les cinq prochaines années, 3,5 GW d’énergie éolienne supplémentaire. Grâce à cette capacité, ces pays pourront générer pas moins de 12,5 milliards de dollars pour leurs économies et créer 130 000 emplois.
Grâce à ce progrès, l’énergie renouvelable permettra d’alimenter les usines, les foyers, de chauffer l’eau dans les maisons et d’irriguer les terres agricoles.
Projets de recyclage
Le Forum de l’investissement vert s’est intéressé aussi aux projets de recyclage qui jouent un grand rôle dans la diminution de la pollution. « Le recyclage contribue à l’économie et réduit la pression sur les sources d’énergie non renouvelables. Il permet d’éviter le gaspillage des ressources énergétiques, de sécuriser l’approvisionnement de l’industrie en matières premières et de diminuer son impact sur l’environnement. Enfin, il permet de diminuer la consommation d’énergie et d’eau et réduit les émissions de CO2 », explique Allam.
Raison pour laquelle le forum a vu la signature d’un protocole d’accord entre l’Autorité de réglementation de la gestion des déchets et la compagnie Green Building qui opère dans le domaine de la gestion des déchets de construction.
La ministre de l’Environnement a également assisté à la signature d’un protocole d’accord entre l’Organisation arabe pour l’industrialisation (AOI) et un groupe d’entreprises allemandes pour créer une entreprise de recyclage des pneus au Caire. D’autres accords avec des entreprises spécialisées dans le domaine de l’ingénierie et de l’exploitation des systèmes technologiques évolutifs pour éliminer le carbone ont été conclus.
Lien court: