Hani Sweilam, ministre des Ressources hydriques et de l’Irrigation, lors de la table ronde.
« La croissance démographique constitue l’un des problèmes majeurs de l’eau. Lors de la construction du Haut-Barrage d’Assouan dans les années 1960, nous étions près de 25 millions d’habitants. Aujourd’hui, l’Egypte compte près de 105 millions d’habitants avec la même part d’eau de 55,5 millions de m3. Ce qui montre que nous avons pu gérer nos ressources hydriques d’une manière fort effective ». C’est en ces termes que le ministre des Ressources hydriques et de l’Irrigation, Hani Sweilam, a entamé son allocution au cours de la 87e table ronde de « Cairo Climate Talks », sous le thème « La gestion des ressources en eau de l’Egypte face à la crise du climat: politiques, technologies et solutions communautaires ».
Organisée à l’Institut français du Caire par l’Ambassade d’Allemagne, en partenariat avec l’ambassade de France, la table ronde a accueilli, en plus du ministre égyptien, l’ambassadeur d’Allemagne, Frank Hartmann, le président de l’Organisme des affaires de l’environnement, Ali Abou-Senna, le chargé d’affaires à l’ambassade de France, Raphaël Martin de Lagarde, et le directeur de l’Institut français, David Sadoulet. Modérée par Salma Kadry, spécialiste du climat, de la paix et de la sécurité à CGIAR, la table ronde a réuni des experts et des membres de la société civile comme Atika Ben Maid, chef de l’unité eau et assainissement, ressources naturelles et finance durable à l’Agence Française de Développement (AFD), Mohannad Hesham, PDG de la fondation « Water Will & Life From Water », Samaa El Baroudy, directrice générale de la coopération stratégique dans le secteur de l’eau du Nil, et Enrico Spiller, gestionnaire de portefeuille principal au bureau de la Banque de développement KfW du Caire.
Cairo Climate Talks est une série d’événements mensuels destinés à fournir une plate-forme pour échanger des expériences, sensibiliser et favoriser la coopération entre les décideurs politiques, le monde des affaires, ainsi que la société civile. Ils sont organisés par l’ambassade d’Allemagne, le ministère de l’Environnement, l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (EEAA), le service allemand d’échanges universitaires (DAAD), la Deutsche Gesellschaft fur Internationale Zusammenarbeit (GIZ) et le Comité mixte égypto-allemand de haut niveau pour les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la protection de l’environnement (JCEE). C’est ainsi que l’ambassadeur allemand a souligné sa fierté d’assister à cette 87e édition des discussions entamées depuis 2011, précisant que l’Allemagne a contribué, par l’intermédiaire de la Banque de développement KfW, à la réhabilitation du Haut-Barrage à Assouan et qu’elle a toujours soutenu l’Egypte dans le domaine de la gestion de l’eau. La contribution de l’Allemagne à ce dossier jusqu’au début de cette année s’élève à 527 millions d’euros. Dans ce contexte, l’Allemagne a contribué à améliorer l’approvisionnement en eau de 10,8 millions de personnes en reconstruisant et en développant les infrastructures d’eau potable, à faire parvenir le réseau de traitement des eaux usées à plus de 3,9 millions de personnes, à certifier 281 usines de traitement de l’eau et des eaux usées et à subvenir aux besoins de 5,8 millions de personnes grâce à des projets d’irrigation et de drainage.
Ali Abou-Senna a énuméré les efforts déployés par le gouvernement égyptien pour faire face aux changements climatiques dans le cadre de la Stratégie nationale pour les changements climatiques 2050, lancée en mai 2022. « L’eau a été au centre de la stratégie nationale sur le changement climatique. De nombreuses politiques ont été adoptées pour la réutilisation des eaux usées, l’augmentation de l’efficacité des ressources d’eau et l’utilisation de technologies plus efficaces pour la rationalisation de la consommation de l’eau. Dans ce contexte ont été lancé le programme de dessalement de l’eau à l’aide de l’énergie solaire avec un coût estimé à 625 millions de dollars, le projet d’augmentation des canaux d’irrigation pour améliorer la résilience agricole et climatique, avec un coût estimé à 4500 millions de dollars, ainsi que le programme Newafi selon une méthode intégrale qui réunit les secteurs de l’énergie, l’eau et la nourriture, avec des investissements de plus de 14 milliards de dollars », a-t-il expliqué.
D’autre part, Raphaël Martin de Lagarde a précisé que le secteur de l’eau et de l’assainissement représente l’un des secteurs-clés de la coopération française avec l’Egypte. « L’AFD coordonne avec les ministères égyptiens un portefeuille d’environ 400 millions d’euros de financement en Egypte. Nous soutenons plusieurs projets comme celui de Gabal Al-Asfar qui est l’un des plus grands projets d’assainissement en Egypte et en Afrique. Nous collaborons également à d’autres projets comme la station de traitement des eaux usées de Hélouan et l’usine d’Alexandrie Est, qui devrait être achevée d’ici mi-2023. De plus, nous encourageons la sélection de technologies de traitement innovantes, en particulier les stations d’épuration en raison du changement climatique qui se concentrent sur l’utilisation de la technologie et qui permettent d’utiliser au moins 50% de l’énergie des eaux usées», a-t-il précisé. Dans ce même contexte, Hani Sweilam a conclu son allocution en mettant l’accent sur l’importance des recherches appliquées au service du secteur de l’eau, en cherchant à améliorer le processus de distribution de l’eau grâce aux systèmes de télémétrie et à élargir l’utilisation de l’énergie solaire dans la collecte de l’eau utilisée pour l’irrigation. Il a appelé les chercheurs égyptiens à concentrer leurs efforts sur le traitement et le dessalement de l’eau à faible coût.
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