Al-Ahram-Hebdo : Vous êtes revenu sur la scène sportive en janvier dernier après l’annulation de votre suspension. Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé ?
Ihab Abdel Rahmane : Tout d’abord, je voudrais signaler que cette suspension était pour moi un coup dur et injuste. Mon retour officiel était prévu en juin 2020, mais l’Agence anti-dopage égyptienne a négocié avec la Commission internationale anti-dopage pour annuler ma suspension six mois avant la date prévue pour que je puisse commencer les phases de ma qualification pour Tokyo 2020. La commission a donné son accord et je suis officiellement revenu en janvier 2020. Mais à cause de la pandémie du coronavirus, je n’ai pas pu entamer les étapes de ma qualification olympique. L’histoire de ma suspension a commencé en 2016, deux mois avant les JO de Rio. Selon l’Agence anti-dopage égyptienne, j’ai été contrôlé positif à la testostérone (hormone masculine). J’ai été ensuite suspendu 4 ans. Je me suis battu pour prouver mon innocence en faisant appel de la décision devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) qui a approuvé la décision. Actuellement, je souhaite oublier cette épreuve et tirer des leçons pour l’avenir.
— Avez-vous pu maintenir votre niveau de jeu et votre condition physique pendant ces 4 années ?
— J’ai poursuivi mon travail de musculation et d’exercice pour maintenir ma condition physique. En outre, je n’ai pas arrêté de m’entraîner au club Ahli pour que mon niveau de jeu ne se dégrade pas. Il faut savoir que la technique du lancer de javelot est très difficile à assimiler et à maîtriser. Il faut avoir une bonne capacité de concentration. Ainsi, j’ai travaillé sur ma concentration, surtout sur la force et la vitesse, deux éléments-clés en athlétisme. Je crois donc que l’une des qualités que l’on doit avoir est la vitesse, notamment la vitesse de frappe du bras lanceur. Bien sûr, en combinaison avec d’autres qualités comme la coordination, la force et la souplesse.
— Avez-vous un programme de préparation pour la qualification pour les JO de Tokyo ?
— Mon retour officiel était en janvier 2020, et j’ai repris mon programme de préparation pour la qualification à partir de février 2020. Mais en mars 2020, à cause de la pandémie du coronavirus, toutes les activités sportives ont été suspendues ainsi que les compétitions qualificatives pour Tokyo. Actuellement, je poursuis mes séances d’entraînement quotidiennes pour me préparer à la première compétition qualificative en avril 2021. La Fédération internationale d’athlétisme annoncera en novembre prochain le calendrier des compétitions. Je ne connais pas exactement les dates des compétitions, mais je travaille durement pour être à la hauteur de ces compétitions et décrocher mon ticket olympique.
— Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre palmarès en javelot ?
— J’ai un grand palmarès. Depuis le début de ma carrière en junior, j’ai fait preuve d’un bon niveau. En 2007, j’ai remporté la première médaille de bronze aux Championnats d’Afrique. En 2008, j’ai réalisé mon premier exploit international en raflant une médaille d’argent aux Championnats du monde junior. En 2009, à 19 ans, j’ai commencé ma carrière en senior et j’ai remporté la 5e place aux Jeux méditerranéens et la médaille d’or aux Championnats arabes en Tunisie. En 2010, j’ai remporté le titre africain. L’année 2013 était une année d’exploits pour moi, car j’ai raflé une médaille d’argent aux Jeux méditerranéens de Mersin et la 7e place aux Championnats du monde de Moscou. C’était un vrai exploit pour l’athlétisme égyptien car j’étais le premier Egyptien à disputer la finale dans l’épreuve du lancer de javelot qui regroupait les 8 meilleurs athlètes du monde. En plus, le record que j’ai réalisé lors de ces Mondiaux était le premier enregistré par un Egyptien. En 2014, j’ai remporté une médaille d’argent aux Championnats d’Afrique et une 3e place à la Ligue des Diamants ainsi qu’une première place à la Coupe continentale à Marrakech. En 2015, j’ai fait un record de 88,99 m et j’ai remporté une médaille d’argent aux Championnats du monde de Pékin ainsi qu’une médaille d’or aux Jeux africains de Brazzaville.
— Comment étaient vos débuts ?
— Mes débuts étaient très modestes. J’ai commencé au Centre de jeunesse de Kafr Saqr dans le gouvernorat de Charqiya. A l’âge de 12 ans, je m’amusais avec mes amis en lançant des pierres le plus loin possible. Je gagnais toujours et l’entraîneur du centre a remarqué ma force physique. Il m’a encouragé à rejoindre l’équipe du centre et j’ai commencé à disputer des compétitions au niveau des écoles de mon gouvernorat, et j’ai toujours été premier. A l’âge de 17 ans, j’ai rejoint le club Ahli et j’ai intégré au cours de la même année la sélection junior grâce à mes bonnes performances dans les différentes compétitions. En 2007, j’ai disputé ma première compétition au niveau africain, et j’ai fait mon premier exploit en raflant une médaille de bronze. Et les succès se sont enchaînés.
— Quels sont vos objectifs à venir ?
— Mon rêve, comme tout sportif, est de participer à la compétition ultime, les JO de Tokyo. J’ai raté les anciens JO de Rio alors que j’étais l’un des favoris pour une médaille olympique. Je ferai de mon mieux pour décrocher mon ticket olympique et je travaillerai ardemment pour être à la hauteur de cet événement majeur. J’ai la volonté et la détermination de compenser tout ce que j’ai perdu ces dernières années.
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