Al-Ahram Hebdo : Quelles sont les priorités du ministère afin de développer le tourisme en Egypte ?
Rania Al-Machat : La formation du personnel et l’amélioration des services touristiques offerts en Egypte sont les priorités du ministère à l’heure actuelle. Notre objectif est de redorer l’image de l’Egypte et d’attirer à nouveau les touristes des 4 coins du monde. En outre, nous travaillons pour honorer nos obligations financières envers nos partenaires à l’étranger, qu’il s’agisse de compagnies aériennes ou de tour-opérateurs avec lesquels nous organisons des campagnes de marketing, afin deredonner confiance à nos partenaires à l’étranger.
— Quels sont les programmes de formation que vous comptez mettre en place ?
— En fait, les programmes de formation sont gelés depuis 2011 à cause des problèmes financiers qu’a affrontés le secteur. La majeure partie du personnel bien formé et expérimenté a quitté le secteur pour d’autres métiers en raison des revenues maigres engendrés par la chute du nombre de touristes. Ainsi, nous avons mis en place des programmes de formation en coopération avec l’Union des chambres de tourisme ou avec les gouvernorats touristiques. Le but est de former 50 000 personnes qui pourront servir 250 000 chambres actuellement en Egypte.
— Comment entendez-vous améliorer les services présentés dans les établissements touristiques ?
— Je pense qu’il est temps de reprendre le programme Nouvelles Normes (New Norms) de réévaluation des hôtels. Ce programme a été lui aussi retardé à cause du déficit budgétaire dont souffraient les hôtels. Ce nouveau système exige des critères plus fermes en ce qui concerne les infrastructures, les équipements, le respect des normes écologiques et sanitaires, ainsi que les services présentés pour évaluer le nombre d’étoiles que mérite chaque hôtel. Egalement, nous voulons intensifier les campagnes d’inspection sur les établissements touristiques, afin de nous assurer de la qualité des services.
— Mais les établissements touristiques sont en mauvais état depuis plusieurs années, comment peuvent-ils respecter ces nouvelles normes ?
— Nous voulons relancer le fonds Papyrus qui a été créé en coopération avec la caisse du tourisme et la caisse Ayadi, afin d’aider les hôtels financièrement à se restructurer et à améliorer leurs infrastructures et leurs services. Cette caisse ne renferme que 50 millions de L.E., ce qui est insuffisant à l’heure actuelle, et l’on cherche à lui trouver d’autres sources de financement. En outre, on étudie également les moyens de relancer l’initiative de la Banque Centrale lancée l’année dernière et qui a aussi pour objectif de financer les hôtels qui ont des problèmes financiers.
— Quelles sont les perspectives de développement du tourisme ?
— Les perspectives sont prometteuses, surtout avec les recettes positives du premier trimestre de cette année. En fait, le secteur du tourisme témoigne d’un certain rétablissement depuis l’année dernière avec 8,3 millions de touristes en 2017, soit 53,7% de hausse en comparaison avec l’année 2016. En outre, selon le rapport de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), l’Egypte a été en 2017 la deuxième destination touristique en voie de développement, et cela devrait continuer. En plus, nos bureaux de promotion touristique à l’étranger affirment que l’image de l’Egypte a beaucoup changé au cours des derniers mois, et que la demande sur les séjours touristiques en Egypte est en hausse.
— Quels seront vos outils de promotion pour la saison 2018-2019 ?
— En fait, le dossier de la promotion du tourisme a été l’axe principal de mon entretien avec le président Abdel-Fattah Al-Sissi il y a quelques semaines. Pendant 4 heures, j’ai expliqué au président la nouvelle stratégie de promotion du tourisme qui sera basée sur la création d’une marque commerciale déposée pour le tourisme égyptien ainsi que sur l’orientation vers de nouveaux marchés émergents en matière de tourisme, notamment les marchés asiatiques, comme la Chine et l’Inde, et ceux d’Amérique latine, comme le Brésil et l’Argentine, ou les marchés de l’Europe de l’Est, comme la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, en plus de l’Ukraine et de l’Azerbaïdjan. On accorde aussi beaucoup d’intérêt à la promotion du tourisme par les moyens technologiques modernes, comme les réseaux sociaux et les applications mobiles.
Le gouvernement entend développer les stations balnéaires de la mer Rouge.
Dans ce cadre, on vient de signer un protocole avec la compagnie de portables Huawei, qui est la compagnie de portable numéro 1 sur le marché chinois, afin de faire la promotion du tourisme égyptien sur leurs portables. En outre, nous allons poursuivre les campagnes de promotion lancées sur les marchés européens. Celles-ci ont eu un bon écho. Nous continuerons à subventionner aussi des vols charters vers les destinations qui souffrent d’un déficit, et nous lançons des campagnes de co-marketing avec les grands tour-opérateurs de par le monde.
— Mais les marchés émergents ont toujours été confrontés au problème du transport aérien, surtout les marchés lointains, comme la Chine ?
— C’est vrai, mais nous travaillons sur ce dossier en coopération étroite avec le ministère de l’Aviation qui éprouve une grande compréhension à cet égard. Nous avons environ 3 vols vers la Chine par semaine, soit Pékin, Shanghai et Ganzhou, et ils peuvent augmenter si la demande augmente.
— Les prix très bas des séjours en Egypte affectent les recettes. Comment peut-on revenir à des prix convenables ?
— C’est vrai que les prix des offres touristiques en Egypte sont très bas en comparaison avec les atouts touristiques. Mais le tourisme est un business qui est soumis à la loi de l’offre et de la demande. Je pense que lorsque la demande reprendra, les professionnels du tourisme pourront rehausser les prix. Et lorsque les inspections sur les services seront fermes et que les cadres bien formés retrouveront leurs places dans le secteur, les frais de fonctionnement des établissements touristiques vont augmenter, et les prix des séjours augmenteront par la suite.
— Qu’en est-il de la Coopération avec l’OMT ?
— L’OMT va tenir sa 44e réunion pour le Moyen-Orient en Egypte les 8 et 9 avril prochains à Charm Al-Cheikh. En outre, l’OMT avait publié un bulletin très important concernant les efforts du gouvernement égyptien pour relancer le tourisme. En outre, le secrétaire général de l’Organisation Zurab Pololikashvili a aussi proposé d’accorder une aide technique à l’Egypte, afin de réaliser la stratégie de développement du tourisme durable selon la vision de l’Egypte 2030.
— Qu’en est-il des investissements touristiques en Egypte à l’heure actuelle ?
— Il existe en Egypte plusieurs régions qui sont aptes à recevoir des investissements touristiques, comme la région d’Al-Alamein sur la Côte- Nord à l’ouest, ou la région d’Al-Galala, près de Suez à l’est. A noter que l’Egypte possède encore des régions touristiques vierges qui pourraient recevoir de tels investissements, mais ce dossier va attendre un peu, et nous nous concentrons actuellement sur le bon fonctionnement et l’efficacité des sites touristiques actuels du point de vue des infrastructures et des services présentés.
— Quel est le rôle du ministère du Tourisme dans le méga-projet NEOM que l’Egypte va réaliser en coopération avec l’Arabie saoudite ?
— Ce projet est encore entre les mains du ministère de l’Investissement. C’est un projet à long terme qui aidera sans doute à développer le tourisme dans les stations balnéaires de la mer Rouge. Mais on ne va pas attendre le début du projet et l’on va commencer à développer nos stations balnéaires, notamment Charm Al-Cheikh et Hurghada.
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