Archive - Des gens sont vus pendant la manifestation. Photo : Reuters
Le Parlement croate a adopté des amendements au code pénal pour donner un statut juridique aux meurtres des femmes fondés sur leur genre. Les peines peuvent aller de 10 à 40 ans d'emprisonnement, la plus lourde prévue par la législation croate.
"Par ces changements, nous protégeons le droit, la sécurité et la dignité des femmes et nous envoyons le message que la violence faite aux femmes est inacceptable", avait déclaré fin février le Premier ministre croate conservateur, Andrej Plenkovic, en présentant la proposition de loi.
Les changements du code pénal ont été adoptés avec 77 voix de députés pour, et 60 ont voté contre, a rapporté l'agence officielle Hina.
Selon des ONG locales, la Croatie est le 3e pays de l'UE avec le plus fort taux de féminicides par nombre d'habitants.
En 2022, 2.300 femmes ont été tuées en Europe par leur conjoint ou des membres de leur famille, selon des données de l'UE.
En Croatie, qui compte 3,8 millions d'habitants, 13 femmes ont été tuées en 2022 (dont 12 par un proche), et neuf en 2023.
Le gouvernement avait décidé de proposer ce texte après le meurtre en septembre de Mihaela Berak, une étudiante en droit de 20 ans, tuée par un policier avec qui elle avait eu une brève relation.
Sa mort avait suscité un vif débat et des manifestations avaient éclaté à travers le pays pour réclamer justice et revendiquer l'inscription du féminicide dans la loi.
Lors de la même session, les députés ont aussi adopté un texte sur les lanceurs d'alerte, fustigé par les journalistes et l'opposition, visant à interdire la divulgation d'informations issues de procédures pénales.
"L'objectif de cette loi est de dissimuler (...) le pillage et la corruption", a dénoncé le député Pedja Grbin, président du Parti social-démocrate (SDP), lors d'un débat houleux ayant précédé le vote.
Selon le texte adopté, toute personne qui "divulgue le contenu d'une procédure d'enquête ou de collecte de preuves, dans le but de le rendre public" pourra être punie d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison.
Les amendements visent les fonctionnaires judiciaires, les policiers, les avocats et les témoins.
"Personne ne poursuivra, ne surveillera et ne persécutera les médias et les journalistes", a affirmé Zeljko Reiner, député de l'Union démocratique croate (HDZ) au pouvoir.
L'association des journalistes croate (HND) a dénoncé une "loi honteuse" et affirmé dans une lettre ouverte aux citoyens, co-signée par 18 rédactions, qu'il s'agissait d'un "coup contre la profession journalistique et l'intérêt public".
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