Remporter la première place dans un championnat mondial est le fruit d’un long travail.
Depuis une dizaine d’années, le Championnat international de robotique se déroule à l’Université d’Oradea en Roumanie. Pour la première fois au mois d’avril dernier, l’Egypte y a participé. L’académie Mawaheb, une société privée chargée de donner aux mineurs une formation technologique, a sélectionné les équipes qui ont concouru à ce championnat international. Trois équipes égyptiennes parmi les 300 venues de 56 pays ont remporté des médailles d’or, après avoir montré ce que leurs robots étaient capables de faire. Un parcours durant lequel les enfants et leurs parents ont bravé les défis pour aller jusqu’au bout de leur rêve.
Ce n’est pas la première fois que Omar Mossaad, 12 ans, participe à une compétition pour démontrer son potentiel et ses compétences techniques. A l’âge de 10 ans, il avait participé à un concours arabe sur le thème de l’astronomie. Il a été classé deuxième. « Il a créé une vidéo de dessins animés sur les planètes, les étoiles et les galaxies solaires. Il a fait parler chaque groupe et a expliqué comment tout cela fonctionne dans l’espace », explique Racha, la mère de ce garçon et directrice de laboratoire. Cette année, Omar a remporté la première place au Championnat international de robotique en Roumanie. Très tôt, la mère a remarqué que son enfant avait un étonnant talent d’imitateur. « Sa curiosité était en éveil dès l’âge de 5 mois. Il imitait des sons du quotidien, des rires, des cris d’animaux et d’autres encore », se souvient-elle. Après lui avoir fait passer le test du quotient intellectuel, les résultats ont indiqué que c’est un enfant à haut potentiel. Racha a pris au sérieux le fait que l’âge mental de son fils est de 10 ans en avance sur son âge réel et donc il est intellectuellement précoce par rapport à ses camarades de classe. Pour développer ses fonctions cognitives, la maman a décidé de lui consacrer la moitié de son salaire mensuel. Omar a suivi des formations dans des centres de technologie d’apprentissage à Al-Badrachine, Hélouan et Maadi, des banlieues du Caire. « Découvrir sa passion pour les sciences n’a pas été compliqué, car très jeune, je ressentais ce même engouement. Cependant, j’ai passé mon enfance dans un village où il n’y avait pas d’endroits proches de la maison pour accueillir les enfants, les guider et les aider à développer leurs compétences technologiques », précise Racha.
Or, la famille de Omar habite à Hélouan, ce qui lui donne la possibilité de fréquenter les bibliothèques et les centres d’apprentissage technologique où l’on organise des stages pour les enfants. Les séries publiques de Maktabet Al-Téfl (la bibliothèque de l’enfant) et Fékra (idée) ont incité Omar à s’intéresser à la lecture dès l’âge de 5 ans. Au fil des ans, il lisait tout ce qui était à sa portée : des livres de sciences, de physique et de chimie. Une formation qui ne s’est pas arrêtée. Pour Omar, la règle d’or c’est la formation continue, ce qui lui a permis de développer ses capacités et d’approfondir ses connaissances. Il est devenu enseignant de programmation pour débutants dans une école qui a opté pour un programme d’éducation égypto-malaisien, dénommé SiCa. Mais pour animer l’esprit de défi, il fallait se préparer à participer à des concours. Son départ à l’étranger pour participer à des concours internationaux lui a donné la possibilité de rencontrer des jeunes qui lui ressemblent et nouer des amitiés avec des enfants de son âge de différentes nationalités, comme c’était le cas avec des enfants turcs et grecs avec qui il aime échanger ses connaissances. « Le problème que je rencontre est qu’il ne partage ni les mêmes intérêts que ses camarades en classe, ni ceux en famille », explique Racha, et d’ajouter qu’en été comme en hiver, son emploi du temps est toujours chargé.
Autre parcours : Youssef Tarek, 13 ans, qui s’est classé premier de son équipe au Championnat de robotique et a reçu un certificat d’encouragement pour son esprit créatif. « Le thème du concours était de créer un robot pour la lutte. Nous avons essayé 4 modèles, mais aucun n’a donné satisfaction pour le faire concourir au jeu de lutte. Nous avons travaillé sur la structure du robot en augmentant la puissance par le biais du moteur et des engrenages », explique Youssef. Il ajoute que tous les robots qui ont participé à ce concours avaient presque les mêmes dimensions, hauteur et poids. Mais l’idée de Youssef était d’attacher plus d’importance à la dynamique interne du robot pour augmenter sa vitesse de déplacement et gagner le match.
Youssef a entamé sa formation à l’académie Mawaheb alors qu’il était en troisième primaire. « La passion de Youssef pour les nouvelles technologies a commencé en suivant des cours d’informatique organisés par l’école à la fin de la journée scolaire. Youssef s’est montré très intéressé en posant des questions et en cherchant sur Internet pour obtenir davantage d’informations sur l’intelligence artificielle », précise sa mère. Plus tard, le succès de Youssef et le certificat de jeune créatif qu’il a obtenu ont rendu heureux ses parents qui se sentent plus engagés à entreprendre les prochaines étapes de sa formation. « Des proches aident Youssef à travailler davantage sur l’intelligence artificielle en lui envoyant des liens électroniques pour approfondir ses connaissances en matière de robotique. En plus, il étudie les éléments du calcul différentiel », dit sa maman.
Défis de terrain
Formation et frais ne semblent pas être les seules charges à assumer par les parents pour préparer leurs enfants à une telle compétition. Il y a également les défis à relever sur le terrain. Mahmoud, un adolescent de 14 ans, qui a fait partie d’une équipe victorieuse, relate que la fabrication du robot a commencé 6 mois avant le début du championnat, mais que sa programmation pour qu’il obéisse aux ordres qui lui sont donnés s’est faite juste quelques heures avant la compétition. « Nous avons eu recours au plan B. La salle de compétition n’étant pas couverte, on a dû dresser une tente provisoire pour que nos robots ne modifient pas les ordres. Car la chaleur risque de brouiller le système de réception des commandes et la réflexion de la lumière solaire perturbe les fonctions visuelles du robot qui sont conçues pour voir 2 couleurs seulement, le noir et le blanc », précise Mahmoud.
Un parcours de formation et de défis à relever qui ne s’arrête pas là. Rodaïna, 12 ans, est une concurrente qui a remporté une première place. Séduite par les évolutions technologiques en Corée, elle suit des cours sur YouTube pour apprendre le coréen. « J’aimerais que ma fille termine ses études universitaires à l’étranger, car la pratique scientifique y est plus avancée. Nous sommes satisfaits des résultats, après une année de formation à l’académie, mais il faut aller plus loin. J’espère qu’un jour, elle pourra obtenir un prix Nobel en ingénierie », dit Chahira, la maman.
Ces enfants brillants se préparent à un autre départ aux mois d’août et de septembre pour participer à un concours en Chine. Les parents semblent encore plus motivés, car ils veulent récolter les fruits de leurs efforts.
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