A quatre mois et demi des JO, l'exercice Coubertin LAD, orchestré par l'armée de l'Air déploie depuis le 11 mars et pour deux semaines plusieurs systèmes de lutte antidrones sur trois sites, à Paris, Marseille (sud-est) et sur la base aérienne de Villacoublay, près de la capitale, où plusieurs systèmes sont présentés jeudi à des médias et des personnalités.
"On se prépare à faire face à des menaces de type terroriste, contestataire ou ce que j'appelle les petits rigolos et les petits malins qui veulent aller filmer les épreuves avec leur propre drone", a expliqué à l'AFP le général Arnaud Bourguignon, responsable de la sécurisation aérienne pour les JO.
Les micro et minidrones, des engins pouvant parfois être confondus avec des oiseaux, ne représentent pas "forcément la menace susceptible de faire le plus de dégâts mais c'est la plus probable et c'est une nouveauté depuis trois ans contre laquelle la lutte est très récente", a-t-il ajouté.
Le nombre de drones en France est passé de 400.000 en 2017 à 3 millions aujourd'hui, selon des sources officielles, et se sont massivement illustrés dans des conflits récents comme en Ukraine, qui en consomme 10.000 de toutes tailles par mois, selon l'Institut français des relations internationales (Ifri).
Les scénarios testés vont d'un essaim de drones fonçant sur un site olympique à des attaques simultanées, sur un même site ou sur des sites différents.
Une "quinzaine" de systèmes lourds, dont un britannique, seront déployés pendant les JO, aux côtés de fusils brouilleurs, un laser ou des drones intercepteurs de drones à l'aide de filets, les RapidEagle.
Controverse Parade
L'exercice Coubertin permettra notamment de prendre en main pour la première fois en conditions réelles, trois exemplaires d'un nouveau système, le Parade.
Ces Parade fabriqués par les industriels Thales et Cs Group auraient dû être livrés en juin 2023, ce qui a suscité une forte inquiétude à l'origine du lancement d'une mission par la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat fin 2023.
Un précédent test sur ce système n'avait pas donné entière satisfaction, faisant dire au président de cette commission, Cédric Perrin, que la lutte antidrones n'était "pas au niveau du besoin".
"Le mieux placé pour répondre exactement, c'est l'armée de l'Air (...) Posez votre question à l'armée de l'Air et vous verrez que sa réponse est tout à fait satisfaisante", avait renvoyé le PDG de Thales, Patrice Caine, à une question de l'AFP.
Pour l'exercice, les armées ont décidé de combiner les Parade à d'autres systèmes, des Milad, des Bassalt, et des Radiant de la préfecture de police, prévoyant pour les JO un dispositif modulable qui permettra de se réorganiser en cas de nécessité.
Les armées attendent trois autres systèmes Parade adaptés avant le mois de juin.
Pour anticiper, des opérateurs ont déjà commencé à se former depuis le mois de janvier.
Selon une source proche du dossier, ces systèmes sont opérationnels à 80%, sachant qu'"aucun système n'est parfait et ne peut pas contrer la menace à 100%".
Ils comportent un radar, un goniomètre permettant la détection du point de décollage du drone, et une caméra, permettant d'identifier une cible avant éventuelle interception.
L'exercice Coubertin teste également un système de visualisation sur écrans des drones sur tout le territoire national grâce à l'interconnexion de services des armées, de la police et de la gendarmerie.
L'enjeu est une priorité, sachant que le dernier défilé militaire du 14 juillet a représenté 40 heures de lutte antidrones, la Coupe du monde de rugby, 2.000, et pour les JO ce sera 20.000.
Outre la lutte contre les drones qui auront jusqu'à la veille de leur vol pour être autorisés, le ministère des Armées surveillera l'espace aérien qui sera restreint, voire totalement fermé dans une rayon de 150 km le jour de la cérémonie d'ouverture.
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