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Le tennisman Mohamed Safwat : Cet exploit est un grand pas en avant

Propos recueillis par Marianne Youssef, Mardi, 28 janvier 2020

Le tennisman Mohamed Safwat, 29 ans, 173e au classement ATP, revient sur son exploit à l’Open d’Australie où il a accédé au tableau principal. Il s’agit du premier tennisman égyptien à avoir atteint ce stade de la compétition depuis 1978. Interview.

Le tennisman

Al-Ahram Hebdo : Vous êtes le premier Egyptien à avoir atteint les tours principaux de l’Open d’Australie depuis 42 ans. Que représente pour vous cet exploit ?

Mohamed Safwat: Oui, c’est vrai, je suis le premier après 42 ans. C’est le tennisman égyptien Ismaïl Al-Chafeï, l’actuel président de la Fédération égyp­tienne de tennis, qui avait alors réalisé le même exploit. Je me suis qualifié aux tours principaux après avoir battu le Russe Evgeny Donskoy, n° 106 au clas­sement de l’Association professionnelle de tennis (ATP), sur le score de 2 à 0. Je suis fier de cette victoire et heureux de pouvoir parvenir à ce stade à l’Open d’Australie, l’un des tournois du Grand Chelem qui réunit les plus grandes stars du tennis. Cela va améliorer mon classe­ment ATP, car j’ai gagné 25 points. Je vais donc passer à la 154e place. L’Open d’Australie a été une expérience inou­bliable, lors de laquelle j’ai pu évaluer mon niveau en battant les grandes stars lors des premiers tours qualificatifs. Ces victoires m’ont donné une grande confiance en moi et une détermination pour le reste de ma carrière. Cet exploit est un grand pas en avant pour moi, et je ne pouvais pas rêver d'un meilleur début de saison.

— Quelles ont été les étapes les plus importantes de votre parcours à l’Open d’Australie ?

— J’ai commencé à disputer les tours préliminaires qualificatifs avec une grande concentration. J’ai gagné les trois premiers matchs rapidement, bien que j’aie affronté des tennismen mieux clas­sés que moi. J’ai joué le premier match contre l’Indien Sumit Nagal, n° 131 ATP, que j’ai battu 2 à 0 (7-6 et 6-2). Dans le deuxième match contre le Français Alexandre Muller, n° 229 ATP, j’ai gagné sur le score de 2 à 0 (7-5 et 7-5). Le troi­sième match, qui m’a qualifié aux tours principaux, était face au Russe Evgeny Donskoy, n° 106 ATP, et je l’ai battu sur le score de 2 à 0 (7-5 et 6-4). Dans le premier match du tableau principal, j’ai été battu par le Français Grégoire Barrère, n° 80 ATP, sur le score de 1 à 3 (7-6, 6-7, 4-6, 6-7). J’étais très tendu à la fin du match et mon adversaire a su en profiter. Mais Barrère a déclaré à la presse fran­çaise qu’il avait disputé un match très compliqué et difficile, et que je suis un adversaire à craindre. Il a aussi déclaré qu’il a dû souffrir pour me battre, car il avait du mal à lire mon jeu. Donc malgré ma défaite, les déclarations de Barrère m’ont beaucoup encouragé pour les futures compétitions.

— Vous avez pu, pour la première fois, valider votre ticket olympique. Pouvez-vous nous en parler ?

— Ce ticket olympique démontre bien que le tennis égyptien dispose d’un bon niveau en validant pour la première fois de son histoire sa qualifi­cation pour les Jeux Olympiques (JO) de Tokyo 2020. Je suis qualifié avec la tenniswoman Mayar Chérif, actuelle­ment 243 Women’s Tennis Association (WTA). Je me suis qualifié aux JO en terminant à la première place aux der­niers Jeux Africains (JA) du Maroc en août 2019. Au Maroc, j’ai réalisé un super parcours en remportant tous les matchs dès les 8es de finale jusqu’aux finales 100% égyptiennes, où j’ai affronté mon compatriote Karim Maamoun que j’ai battu 2 à 0.

— Comment avez-vous atteint ce niveau ?

— A vrai dire, c’est un long chemin de travail, très dur. J’ai commencé mon parcours professionnel en 2008 en m’entraînant dans l’académie Juan Carlos Ferrero en Espagne, considérée comme l’une des plus prestigieuses écoles de tennis. Je passais 8 mois de l’année dans cette académie et le reste du temps, je m’entraînais en Egypte avec la sélection. De plus, je bénéficie depuis 2009 d’un sponsor pour 10 ans qui est le club Wadi Degla. Tout cela m’a fait progressé, sans compter aussi que mon sponsoring m’a donné l’oppor­tunité de disputer plus de tournois. De plus, je gagne plus de points, ce qui me permet d’améliorer mon classement mondial. Désormais, je m’entraîne depuis trois ans sous la houlette d’un entraîneur autrichien, Charles Gilbert, qui était classé 17e ATP et avait rem­porté en tant que joueur de grandes vic­toires dans les tournois du Grand Chelem. Avec lui, mon niveau s’est net­tement amélioré et j’ai pu bien travailler mes points faibles. En outre, j’ai signé à la fin de l’année 2019 un nouveau contrat de sponsoring avec la compa­gnie Connexion gérée par l’homme d’affaires Chérif Monseif. Ce nouveau sponsoring me permettra, avec un bud­get plus important, de disputer plus de compétitions internationales et, par conséquent, améliorer encore mon clas­sement mondial.

— Quel sera votre programme de préparation pour les JO de Tokyo ?

— Je suis conscient que la concur­rence à Tokyo ne sera pas facile, car je vais affronter des tennismen mieux clas­sés que moi, mais je dois me mettre au travail pour réaliser quand même un bon classement. Mon programme consiste à disputer davantage de tournois challen­gers, car plus je disputerai de matchs, plus ma technique de jeu s’améliorera. Je vais aussi travailler pour améliorer ma condition physique, car c’est ce qui dis­tingue les tennismen étrangers des égyp­tiens qui manquent d’entraînement à ce niveau malgré le talent. Je travaillerai également pour améliorer ma vitesse ainsi que la volée et le revers. Je vais aussi tâcher de gommer mon point faible, qui m’a fait rater mon dernier match à l’Open d’Australie, à savoir mon manque de consistance, pour ne pas perdre mon calme même durant les matchs les plus durs.

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