
Le professeur Sir Magdi Yacoub, pionnier dans le domaine de la chirurgie cardiothoracique et des transplantations. Photo : Global Heart Magdi Yacoub
Le pionnier égyptien de la chirurgie cardiothoracique Magdi Yacoub a annoncé lundi 13 janvier avoir conçu avec son équipe au sein de son laboratoire en Angleterre une valve cardiaque capable de se régénérer grâce aux cellules souches du patient et espère pouvoir commercialiser dans trois ans cette innovation qui sera expérimentée sur l'homme d'ici 12 à 18 mois.
Contrairement aux anciennes valves, fabriquées en matériaux synthétiques ou en tissus animaux, cette valve peut grandir avec le corps, éliminant les multiples chirurgies nécessaires par le passé. Jusque-là, les valves utlisées nécessitaient soit un traitement coagulant à vie ou avaient une durée de vie limitée (10 à 15ans), ce qui rendait le traitement assez contraignant. Ces deux types de valves ne peuvent pas se régénérer ni évoluer avec le corps, nécessitant souvent des chirurgies répétées, surtout chez les enfants ou les jeunes patients. L'innovation du Dr Yacoub et ses équipes marque donc un tournant dans le traitement des maladies cardiaques.
« Nous avons achevé six mois d'expériences sur les animaux, les moutons, et les résultats ont été jugés très satisfaisants par la FDA qui est en contact permanent avec nous. Mais ils nous ont demandé de continuer nos expériences pendant six mois supplémentaires afin d'obtenir un an d'expérience sur les animaux », a indiqué Yacoub lors d'un entretien téléphonique au programme Al-Hekaya sur la chaîne MBC Misr.
Il a ajouté que la FDA "nous a promis de nous permettre de commencer les tests de cette nouvelle valve sur l'être humain juste après et donc on pourra commencer nos expériences sur les humains dans un an ou un an et demi ».
Sir Yacoub, qui a été anobli en Grande-Bretagne, espère « que dans trois ans, cette valve sera accessible dans le monde entier ».
« Cette nouvelle valve peut durer très longtemps, prolonger la durée de vie, offrir une vie plus digne, une meilleure activité, plus d’énergie et accroître le bonheur », a ajouté le médecin, aujourd'hui âgé de 89 ans.
Lors des expériences sur les moutons, Yacoub a confirmé que « à notre grande surprise, la valve a attiré les cellules souches du corps de l’animal et a généré plus de 20 types de cellules spécifiques dans les zones nécessaires. En seulement un mois, la valve a commencé à intégrer des cellules souches, et au bout de six mois, elle était en parfaite santé et fonctionnait comme une valve naturelle. On s'attent à des résultats similaires chez les êtres humains ».
Il a également souligné que la valve pourra même être implantée sous anesthésie locale, sans nécessiter d’opération chirurgicale, grâce à une simple incision.
Les maladies des valves cardiaques touchent des millions de personnes, notamment dans les pays en développement, où les options de traitement sont limitées.
Cette avancée, issue de la collaboration entre des laboratoires en Angleterre, en Égypte et en Allemagne, promet de rendre les traitements cardiaques plus accessibles et durables.
Cette innovation, porteuse d’espoir, illustre la puissance de la recherche collaborative et pourrait transformer la vie de millions de patients à travers le globe.
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