Les ONG se mobilisent
Plus de 200 organismes et ONG spécialisés dans la santé ont appelé mi-septembre à l’élaboration d’un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles », soulignant les « graves menaces pour la santé humaine et planétaire » qu’ils représentent. Le texte, signé notamment par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), réclame un « plan mondial juridiquement contraignant » pour « éliminer progressivement la production et l’utilisation actuelles des combustibles fossiles », principale source d’émissions des gaz à effet de serre responsables du changement climatique. Les signataires insistent sur les conséquences de la combustion des énergies fossiles sur la santé humaine, notamment la pollution atmosphérique « à l’origine de plus de 7 millions de décès prématurés chaque année » dans le monde.
Mais ils rappellent également que le changement climatique « exacerbe d’autres problèmes de santé et menace les systèmes de soins », créant par exemple les « conditions idéales pour la transmission des maladies d’origine alimentaire et hydrique et la propagation des maladies à transmission vectorielle », comme le paludisme ou la maladie de Lyme.
Le texte rappelle que la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes liés au réchauffement a également des effets directs sur la santé humaine avec « de graves répercussions sur la santé mentale, exacerbant l’anxiété et la dépression, notamment chez les jeunes ». « L’addiction moderne aux énergies fossiles n’est pas seulement un acte de vandalisme environnemental. Du point de vue de la santé, c’est de l’auto-sabotage », a insisté dans un communiqué le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « En matière de santé publique, vous ne pouvez pas combattre une maladie sans dire ce qui est la cause », a déclaré de son côté Diarmid Campbell-Lendrum, responsable des questions liées au changement climatique à l’OMS.
Maladies, malnutrition et mortalité
Selon l’Onu, le réchauffement climatique aura des répercussions sur la santé des populations vivant dans les régions tropicales. En Afrique par exemple, la hausse des températures favorise la prolifération des moustiques et les populations seront davantage exposées à des maladies comme le paludisme, la dengue et d’autres infections transmises par les insectes. Ces effets sont également perçus dans d’autres pays. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), au Royaume-Uni et en Europe, le réchauffement climatique provoquera une augmentation des maladies transmises par les insectes. Les pays comme l’Azerbaïdjan, le Tadjikistan et la Turquie sont probablement déjà des pays à haut risque de paludisme.
Les personnes ayant des problèmes cardiaques sont plus vulnérables à la hausse des températures, en particulier celles qui vivent déjà dans des régions chaudes, car leur système cardiovasculaire doit fonctionner à un niveau de pression plus élevé afin de garder la température du corps à un niveau normal. Les températures élevées augmentent également la concentration d’ozone, ce qui peut endommager le tissu pulmonaire et causer des complications chez les asthmatiques et les personnes souffrant de maladies respiratoires.
Les périodes prolongées de températures anormalement élevées peuvent également avoir des effets graves sur les populations vulnérables, comme les personnes âgées et les malades. Cela s’est déjà produit en Europe durant la vague de chaleur de 2003 qui a fait environ 35 000 morts.
Le réchauffement climatique peut provoquer des sécheresses qui risquent d’aggraver les conditions de vie des populations, en particulier en Afrique. Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), d’ici à 2020, 75 à 250 millions de personnes vivant en Afrique n’auront plus accès à un approvisionnement adéquat en eau et seront confrontées à une pénurie alimentaire, avec une baisse de la productivité agricole de l’ordre de 50 %.
Pollution sonore :
Le rapport Frontières 2022 du PNUE a révélé qu’à mesure que les villes grandissent, une exposition prolongée à des niveaux de bruit élevés provenant des routes, des chemins de fer, des aéroports et de l’industrie altère la santé mentale des gens en perturbant le sommeil. Les personnes âgées, les femmes enceintes et les travailleurs postés sont les plus à risque.
Pollution de l’air :
99 % de la population mondiale respirent un air qui dépasse les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), avec environ 7 millions de personnes qui meurent prématurément à cause de la pollution de l’air. Selon l’OMS, la qualité de l’air est également un déterminant de la santé mentale. La recherche montre que des niveaux élevés de particules fines inhalables (PM 2,5) peuvent également entraver le développement cognitif chez les enfants. Le rapport Danger in the Air de l’Unicef montre que l’exposition à des niveaux élevés de pollution de l’air peut entraîner des problèmes psychologiques et comportementaux plus tard dans l’enfance, notamment le Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH), l’anxiété et la dépression.
Pollution chimique :
Les produits chimiques dans l’environnement sont un problème de santé mondial. La recherche montre qu’environ un enfant sur trois a du plomb dans le sang à des niveaux pouvant être associés à une diminution de l’intelligence, à des difficultés de comportement et à des problèmes d’apprentissage.
Changement climatique :
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a souligné récemment l’augmentation attendue des effets sur la santé mentale dus à l’exposition à des températures élevées, à des phénomènes météorologiques extrêmes et à des pertes économiques et sociales liées au climat, ainsi qu’à l’anxiété et à la détresse associées aux préoccupations concernant les crises climatiques. L’OMS a confirmé cette tendance, notant que le changement climatique a des impacts plus forts et plus durables sur le bien-être mental des gens. Un rapport récent montre que la dépression, l’anxiété et les conditions liées au stress ont été signalées à la suite d’événements météorologiques extrêmes.
Maladies cardiaques dues aux conditions météorologiques
Le changement climatique s’est intensifié à l’échelle mondiale avec des incendies de forêt, des ouragans, des sécheresses, des vagues de chaleur et des vagues de froid conduisant à la famine et à la sécheresse. A la suite de ces changements extrêmes, la communauté médicale remarque une augmentation du taux de maladies cardiaques. Selon une étude publiée dans The Lancet en 2020, 62 % des décès attribués au changement climatique étaient dus à des maladies cardiovasculaires. Les médecins savent que la pollution de l’air augmente les maladies cardiaques, l’insuffisance cardiaque et la résistance à l’insuline, mais ils ne savent pas exactement pourquoi les changements de température sont corrélés à des taux plus élevés de crises cardiaques. Les experts pensent que les changements de température affectent la capacité du corps à réguler les températures normales de l’organisme en réponse aux températures extrêmes. Cependant, des recherches suggèrent une relation étroite, car les régions avec une chaleur excessive ou une température glaciale ont eu des épisodes de crise cardiaque alarmants, selon une étude publiée en juin dans Nature Reviews Cardiology. Une autre étude publiée en août dans la revue Nature Cardiovascular Research a révélé que même les médicaments utilisés pour traiter les maladies cardiaques peuvent fonctionner différemment pendant les vagues de chaleur.
Bien qu’éviter les cigarettes, manger sainement, bien dormir et faire de l’exercice soient des moyens de prévenir les maladies cardiaques, les médecins conviennent que la protection contre les effets du changement climatique est essentielle à la santé du coeur. Les experts conseillent d’apporter des changements en tant que communautés en réduisant les déchets plastiques, en recyclant, en évitant la viande rouge et en plaidant pour des politiques visant à prévenir l’aggravation du changement climatique.
Risque de « débordement viral » depuis l’Arctique
Le réchauffement climatique pourrait provoquer un « débordement viral » depuis l’Arctique, où des virus jusqu’ici préservés dans la glace pourraient entrer en contact avec de nouveaux hôtes dans d’autres environnements, selon une étude publiée en octobre dans la revue de recherches biologiques de la Royal Society.
Les virus ont besoin d’un hôte (humain, animal, plante ou mousse) pour se répliquer et se diffuser, en utilisant au besoin un hôte dépourvu d’immunité, comme l’a montré la récente pandémie de Covid-19. Des scientifiques canadiens ont cherché à savoir si le changement climatique pourrait favoriser un tel scénario dans l’environnement arctique du lac Hazen, le plus grand lac situé au-delà du cercle arctique à l’extrême nord du Canada. Les scientifiques ont cherché à mesurer à quel point les arbres généalogiques des cellules vivantes trouvées dans les sédiments prélevés étaient similaires.
Des généalogies similaires suggèrent que le virus a évolué avec son hôte, alors que des différences indiquent qu’il a pu changer d’hôte. Et s’il l’a fait au moins une fois, il est susceptible de recommencer. Or, les analyses ont montré de grandes différences dans les arbres généalogiques des virus et de leurs hôtes dans les sédiments extraits du fond du lac.
Même s’ils ne prévoient pas de débordement viral ou de pandémie, les chercheurs considèrent que le risque pourrait s’accroître avec la poursuite du réchauffement climatique, car de nouveaux hôtes pourraient s’aventurer dans des régions auparavant inhospitalières. « Il pourrait s’agir aussi bien de tiques ou de moustiques ou d’autres animaux, mais aussi de bactéries et des virus », selon Audrée Lemieux de l’Université de Montréal, première autrice de l’étude. La possibilité d’un débordement est « complètement imprévisible, et ses conséquences aussi, allant d’un caractère bénin jusqu’à une vraie pandémie », a-t-elle ajouté.
Manger moins de viande peut aider à lutter contre le changement climatique
Réduire la consommation de viande peut être bon pour la santé humaine et pour le bien-être des animaux, mais c’est aussi l’un des meilleurs moyens de lutter contre le changement climatique et l’érosion de la nature, selon les scientifiques. Voici pourquoi et comment. Les cultures utilisées pour nourrir le bétail — y compris le maïs et le soja — consomment 40 % du total des terres cultivées dans le monde, selon une étude publiée dans la revue Annual Review of Resource Economics en avril. Alors que 2 milliards d’hectares supplémentaires (4,9 milliards d’acres) de prairies dans le monde — environ quatre fois plus de terres que celles utilisées pour faire pousser des cultures — sont consacrés au pâturage du bétail. Cela signifie qu’environ 70 % des terres agricoles à l’échelle planétaire sont utilisées pour produire de la viande et des produits laitiers, même si ces produits représentent moins de 20 % du total des calories alimentaires disponibles dans le monde. L’élevage absorbe également un quart de l’eau douce utilisée chaque année et est responsable de près des deux tiers des émissions alimentant le changement climatique provenant de la production alimentaire, selon le rapport. Les animaux tels que les bovins, les moutons, les chèvres et les buffles, qui font fermenter les aliments qu’ils mangent au cours de leur digestion, sont également d’importants producteurs de méthane, un puissant facteur du changement climatique.
Alors que la population mondiale croissante est en passe d’atteindre 8 milliards de personnes, le besoin de plus de terres pour nourrir le bétail exerce une pression sur les forêts et autres zones naturelles non cultivées riches en biodiversité. Selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 13 milliards d’hectares (32 milliards d’acres) de forêt sont perdus chaque année dans le monde à cause de l’expansion des pâturages et des terres cultivées, pour nourrir à la fois les animaux et les humains.
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