L'Iraq est un des cinq pays au monde les plus exposés à certains effets du changement climatique, selon l'Onu. La sécheresse qui frappe le « pays entre les deux fleuves » — Tigre et Euphrate — est sans précédent depuis 1930. Avec une chute des précipitations et une réduction du débit des cours d'eau, elle pousse les Iraqiens à creuser de plus en plus de puits destinés à l'agriculture.
Pronostiquant « une nouvelle année de sécheresse », le ministère des Ressources hydriques annonçait début octobre le forage de puits dans six provinces. Jusqu'à mi-2022, quelque 500 puits ont été creusés. Mais pour prévenir la surexploitation des eaux souterraines, les services publics font la chasse aux puits illégaux.
Saluant la réglementation actuelle, un rapport de l'Onu pointe toutefois l'absence de compteurs sur les puits et « d'un système de tarification, pour limiter l'utilisation des eaux souterraines ».
« Il n'y a pas d'incitations pour encourager le recours à des technologies d'irrigation modernes », déplorait en septembre le rapport de la Commission Economique et Sociale pour l'Asie Occidentale (CESAO).
A l'heure où chaque goutte compte, l'écrasante majorité des agriculteurs inondent les terrains pour irriguer, pratique ancestrale synonyme de gaspillage.
Responsable des ressources hydriques à Najaf, Jamil al-Assadi explique que les puits sont creusés dans des secteurs « autrefois irrigués par les fleuves et des canaux ».
Ils peuvent servir à « abreuver les bêtes, irriguer les vergers et des plantations à la superficie limitée », dit-il. Mais pas pour le riz ou le blé, en raison de la salinité de l'eau et des faibles quantités puisées.
Son ministère a réduit de moitié les tarifs de forage, assure-t-il. En échange, « le paysan doit utiliser des méthodes d'irrigation modernes pour préserver les réserves stratégiques des nappes phréatiques ».
« L'usage excessif des eaux souterraines a conduit à de nombreux problèmes », avertissait en juillet le ministère des Ressources hydriques, réclamant « la préservation de cette richesse », selon l'agence de presse étatique INA. Le lac de Sawa, dans le sud, s'est ainsi asséché en raison d'un millier de puits creusés illégalement qui ont drainé la nappe phréatique qui l'alimentait.
Autre défi pouvant résulter de la surexploitation des nappes : « Si de grandes quantités d'eau sont prélevées, le taux de salinité augmente », avertit le ministère.
En Iraq, où l'agriculture représente un emploi sur cinq, les bouleversements climatiques et la réponse insuffisante des autorités, accusées de corruption et d'incompétence, provoquent déjà un exode rural et des tensions sociales.
Sporadiquement dans le sud, des habitants manifestent, exigeant une action gouvernementale pour que la Turquie voisine augmente le débit des fleuves en ouvrant en amont les vannes des barrages.
Lien court: