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Des espaces verts pour faire face aux changements climatiques

May Al-Maghrabi , Mercredi, 31 août 2022

Afin de mieux lutter contre les changements climatiques, l’Egypte a lancé, à l’initiative du président Abdel-Fattah Al-Sissi, un projet visant à planter 100 millions d’arbres. Explications.

Des espaces verts pour faire face aux changements climatiques

« Le coup d’envoi de l’initiative visant à planter 100 millions d’arbres en Egypte a été donné », a annoncé le premier ministre, Moustapha Madbouli. Et d’expliquer que cette initiative va « crédibiliser les efforts de l’Egypte dans le dossier des changements climatiques », alors qu’elle s’apprête à accueillir en novembre prochain à Charm Al-Cheikh la COP27 (27e session de la Conférence des Etats parties à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques). Le premier ministre a indiqué que cette initiative, placée sous les auspices du président Abdel-Fattah Al-Sissi, sera mise en place conjointement par le gouvernement et la société civile. 50 ONG ont déjà annoncé leur participation à l’initiative. Selon Madbouli, le projet commencera par l’arborisation des deux côtés des autoroutes et l’augmentation des espaces verts dans les villes, notamment celles dont la densité urbaine est élevée. Le premier ministre a demandé aux ministres et aux gouverneurs de mettre en place un plan pour arboriser les nouveaux axes routiers et de créer des jardins centraux dans les gouvernorats. Le ministère du Développement local a fait savoir que 9900 sites, d’une superficie totale de 6 600 feddans, ont déjà été identifiés afin de les convenir en jardins publics. Le ministre de l’Agriculture, Al-Sayed Al-Qosseir, a indiqué, pour sa part, que son ministère va cultiver des vergers, des palmiers et des arbres forestiers dans les divers gouvernorats. Et d’ajouter que l’arborisation dépendra des eaux usées et traitées de l’irrigation. Un mécanisme durable assurant la disponibilité de l’eau pour l’irrigation des arbres sera mis en place. « L’initiative vise à doubler la part par habitant d’espaces verts, à améliorer la qualité de l’air, à réduire les gaz à effet de serre et à améliorer la santé publique. Elle aura aussi d’importants effets économiques », a déclaré la ministre de l’Environnement, Yasmine Fouad. Selon les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, les arbres cultivés seront choisis en fonction de la quantité d’eau dont ils ont besoin et la nature du sol. Une importance particulière sera accordée aux arbres fruitiers.

A peine lancée, l’initiative mobilise les efforts du gouvernement et des ONG. Cette semaine, l’arborisation de la route périphérique du Caire a commencé. Même chose dans plusieurs gouvernorats. « Depuis le lancement de l’initiative, 7 880 arbres ont été plantés au gouvernorat de Charqiya, dont 1 686 fruitiers (agrumes, oliviers, manguiers, etc. », indique Ali Lachine, sous-secrétaire du ministère de l’Agriculture, indiquant que ce gouvernorat verra la plantation de 4 millions d’arbres fruitiers. A Sohag en Haute-Egypte, 3250 arbres ont été plantés, alors que les autres gouvernorats se préparent à mettre en oeuvre l’initiative en coopération avec les ONG.

Avantages multiples

Mohamad Qobtan, fondateur d’une ONG opérant dans le domaine de l’embellissement des zones urbaines, indique que son organisation a contribué à l’initiative en plantant 54000 arbres et 18000 arbres fruitiers dans 27 gouvernorats. « La société civile doit participer à cette initiative dont les objectifs sont multiples. Outre l’enjeu environnemental, l’initiative aura des effets économiques, elle créera des emplois et contribuera à réduire la pauvreté alimentaire. La création des espaces verts aura un impact social et sanitaire important », explique Qobtan.

Magdi Allam, expert environnemental, affirme que l’arborisation est l’une des solutions les plus efficaces pour atténuer les effets des changements climatiques. « Les arbres et la végétation absorbent le CO2 et le transforment en oxygène qui est libéré ensuite dans l’air. Les arbres absorbent les odeurs et les gaz polluants comme les oxydes d’azote, l’ammoniac, le dioxyde de soufre et l’ozone », affirme Allam. Et d’expliquer que l’arborisation est le moyen le moins coûteux pour lutter contre le réchauffement climatique, d’autant plus qu’elle protège et améliore la fertilité des terrains agricoles. Allam pense qu’il faut accorder la priorité au Caire. « La capitale est surpeuplée et les taux de pollution y sont très élevés », affirme-t-il. Selon les rapports mondiaux, la concentration annuelle moyenne des particules fines d’ammoniac, de carbone et de plomb en suspension dans l’air au Caire, au cours des 18 dernières années, était d’environ 84mg/m3, alors que selon l’Organisation mondiale de la santé, ce taux ne devrait pas excéder les 10 mg/m3. Cette pollution a mené à une augmentation du taux de mortalité. « En réduisant la pollution, on améliore la santé publique et on réduit les dépenses de santé. Rappelons que la productivité baisse à cause des maladies résultant de la pollution », affirme Allam. La stratégie du gouvernement en matière d’environnement vise à réduire la pollution de l’air de 50% d’ici la fin de 2030, ajoute l’expert, saluant les initiatives environnementales lancées au cours des dernières années qui ont permis de réduire de 25% les taux de concentration des particules fines en suspension dans l’air au Caire.

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