Samedi, 15 février 2025
Al-Ahram Hebdo > Livres >

Héliopolis aux diverses facettes

Doaa Elhami, Lundi, 23 mars 2015

L’ancienne Cité du soleil, l’actuelle Aïn-Chams, est le sujet d’un nouveau livre publié par l’IFAO.

Héliopolis aux diverses facettes

Nombreux sont les noms attribués à Iounou ou Oun, l’appellation pharaonique de la Cité du soleil, que les Grecs ont nommée Héliopolis, pour devenir enfin à l’époque arabe Aïn-Chams (l’oeil du soleil). Des appellations inspirées des récits des voyageurs qui ont visité la cité depuis la fin de l’ère pharaonique et jusqu’à l’Expédition de Bonaparte.

« Voyage à Héliopolis » est le titre d’un ouvrage récemment publié par l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO). Rédigé par l’égyptologue et professeur à l’Université de Hélouan, Essam Salah Al-Banna, avec la collaboration de l’égyptologue et maître de conférences, Stéphane Pasquali, cet ouvrage invite le lecteur à un voyage au fil du temps à la Cité du soleil à travers les récits des voyageurs de l’Antiquité classique comme Hérodote et Strabon, des géographes et historiens arabes, des pèlerins chrétiens et juifs, et des scientifiques de l’Expédition d’Egypte.

Le livre comprend deux parties, la première étant consacrée notamment à l’archéologie, soit une description des monuments et vestiges dont on ne possède plus aucune autre trace. « C’est le cas, par exemple, des multiples obélisques qui s’y dressaient, avec leur couverture métallique au sommet ... et de beaucoup de statues comme celles de la fille de pharaon ou de la coiffeuse de pharaon », note Stéphane Pasquali dans la préface du livre.

La première partie du livre comprend aussi des témoignages relatant l’histoire de la ville et de ses ruines : comme ce récit qui décrit les derniers prêtres locaux qui entretenaient un sanctuaire démembré, mais demeuraient néanmoins auréolés du prestige de lointains prédécesseurs qui étaient à l’origine de la figure mythique du prêtre magicien de Pharaon.

Héliopolis aux diverses facettes
Tête d'une statue colossale sortie du sable à Héliopolis.

Quant à la deuxième partie, elle met en relief les traditions de la ville, interprétées par les Grecs, les Romains, les juifs, les musulmans, et les chrétiens et leur regard sur l’Egypte pharaonique. Ces traditions forment souvent des histoires légendaires de la ville, loin de la vérité. Des histoires légendaires donc, plus fortes que le lieu, reconstruisaient le passé en adaptant « l’image des faits anciens aux croyances et aux besoins du présent », formant la mémoire collective qui est transmise oralement, d’une génération à l’autre. Ainsi, si Strabon a vu à Héliopolis les écoles des savants Pythagore et Eudoxe, les Grecs admiraient les maisons des prêtres héliopolitains. La pèlerine chrétienne Egérie était fascinée, elle, par les maisons des personnages bibliques. Elle a visité le grand prêtre de la ville Potiphar et sa fille Aséneth. Alors que le marchand juif Benjamin de Tudèle a reconnu à Héliopolis « la Ramsès » de l’Ancien Testament, en accord avec les spéculations exégétiques de ses coreligionnaires alexandrins de l’Antiquité.

Quant aux voyageurs et géographes, ils avaient donné plusieurs interprétations aux vestiges d’Héliopolis : le pharaon coranique, figure « de tous les souverains de l’Antiquité pétrie des traits de l’horrible (Pharaon de Moïse); le légendaire peuple des Sabéens ou encore les djinns de Salomon, eux aussi issus de la tradition coranique », note la maître de conférences dans la postface. La Cité du soleil avait un charme attirant, voire légendaire pour les visiteurs qui avaient contemplé ses vestiges pharaoniques au fil des siècles. Mais le livre n’a pas négligé les commentaires des archéologues qui avaient étudié chaque document. Ainsi, l’ouvrage est enrichi d’aquarelles descriptives de la cité datant du XVIIIe siècle, et de dessins réalisés par les membres de La Description de l’Egypte. Cette fabuleuse cité a inspiré le baron Empain qui a fondé l’actuelle Héliopolis, la nouvelle Cité du soleil.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique