Les quelques 300 intellectuels signataires de cet appel exigent le retour d’Al-Fan Midane tous les premiers samedis du mois, ainsi que la fin des contraintes sécuritaires et celles touchant à la liberté d’expression. Ce n’est pas un hasard que cet appel ait été lancé le 10 janvier, quelques jours avant le 4e anniversaire de la révolution du 25 janvier.
Les 300 signataires revendiquent le retour d’un événement culturel et artistique auquel ont participé des centaines d’artistes, qui a obtenu un grand succès en réunissant des centaines de milliers de citoyens dans les rues et sur les places publiques et qui incarne l’esprit de changement de l’après-révolution. « Cette revendication émane de l’intérêt tout particulier que nous portons à toute initiative civile, populaire et libre émanant de la rue, visant les masses et éloignant la culture de l’élitisme qui s’est emparée de l’action culturelle depuis des années », souligne le communiqué signé par les intellectuels.
Al-Fan Midane est une initiative qui vise à démocratiser la pratique de l’art. Après une série d’embûches, Al-Fan Midane a été suspendu au mois d’août dernier, puis annulé en septembre. Les organisateurs d’Al-Fan Midane pensent que l’ingérence de la sécurité (le ministère de l’Intérieur) et du gouvernorat du Caire dans le contenu des programmes de cet événement culturel est une « atteinte flagrante à la liberté d’expression et une atteinte à la Constitution et aux déclarations internationales comme celle de l’Unesco, dont l’Egypte est signataire, et qui vise à promouvoir la multiplicité culturelle ».
Le communiqué insiste sur le fait que « la liberté d’expression artistique et littéraire est l’un des plus importants acquis de la révolution du 25 janvier 2011 ». Les appels adressés à Gaber Asfour, ministre de la Culture, tournent autour de 3 points. Premièrement, l’obtention d’un permis des services de sécurité, non conditionné, pour présenter Al-Fan Midane tous les premiers samedis du mois, à Abdine ainsi que sur toutes les places d’Egypte. Deuxièmement, un soutien clair à la liberté d’expression et le refus des contraintes sécuritaires et des obstacles auxquels sont confrontées les initiatives culturelles et artistiques comme Al-Fan Midane. Troisièmement, le soutien du ministère à l’exploitation des espaces publics, comme les rues et les places publiques, pour présenter un service culturel gratuit aux catégories sociales les plus variées. Les organisateurs veulent obtenir un permis annuel d’exploitation des espaces publics pour présenter Al-Fan Midane.
Une réponse positive du ministre de la Culture marquera sans doute une nouvelle ère dans les rapports entre la société civile et cette institution officielle. Cela reviendrait à adopter une approche longtemps bénie par le ministre de la Culture, et consistant à promouvoir les institutions culturelles indépendantes et à soutenir la culture dans sa forme la plus « réelle » au sein de la rue, et auprès des masses .
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