Le nouveau chef de l’Eglise copte Tawadros II, patriarche d’Alexandrie et de la prédication de Saint-Marc, vient d’être intronisé cette semaine. Son prédécesseur, Chénouda III, récemment décédé, avait également été intronisé au mois de novembre en 1971. Aziz Suryal Atiya a été proche de ce milieu papal. C’est un spécialiste de la culture copte et des églises d’Orient en général, qui a longtemps séjourné aux Etats-Unis. Aziz Suryal Atiya est le fondateur de l’Institut des études coptes du Caire dans les années 1950. Il peut être considéré comme le premier coptologue et le père des études modernes de la culture copte. Il fonda également le Centre des études du Moyen-Orient à l’Université d’Utah aux Etats-Unis. Pour de nombreux spécialistes, Aziz Suryal Atiya est celui qui a introduit la coptologie en tant que discipline dans les sciences humaines. Il s’est intéressé également à toutes les autres églises orientales, leur histoire, leurs traditions, rites et coutumes. Son livre Histoire du christianisme oriental, qui vient de paraître en arabe aux éditions de Maktabet Al-Osra, parle des églises copte, éthiopienne, syriaque, malankare ou indienne, maronite, arménienne, nubienne et assyrienne. L’ouvrage fournit de minutieux détails qu’on ne peut trouver que dans L’Encyclopédie copte, du même Aziz Suryal, éditée pour la première fois en 1991, à titre posthume, trois ans après sa mort. 250 chercheurs internationaux, académiciens et coptologues ont participé à la rédaction de cette encyclopédie. Atiya a regroupé dans cet ouvrage l’essentiel de la culture copte égyptienne et a montré la contribution de cette culture au développement du christianisme dans le monde.
Des origines du schisme à nos jours
Une représentation de saint Marc, fondateur et premier évêque de l'Eglise d'Alexandrie
L’ouvrage est centré sur l’Eglise copte d’Alexandrie et son histoire même s’il parle également d’autres églises orientales. Il explique pourquoi cette Eglise copte d’Alexandrie se pose aujourd’hui comme une institution incontournable au sein des églises d’Orient. C’est grâce à saint Marc, disciple des apôtres Paul et Pierre, et auteur de l’Evangile selon Marc, répond Aziz Suryal Atiya dans son livre. Et de souligner que saint Marc a été le fondateur de l’Eglise d’Alexandrie et son premier évêque. La ville d’Alexandrie a été nommée par le premier concile œcuménique chrétien de Nicée comme l’un des quatre sièges patriarcaux avec Jérusalem, Rome et Antioche. Certains évêques et patriarches de l’Eglise copte étaient mondialement connus pour leur rigueur et leur attachement aux enseignements originaux. Parmi eux Athanase d’Alexandrie, présent au concile de Nicée et dont le nom figure dans une expression de l’antiquité :
Athanasius contra mundum (Athanase contre le monde) qui signifie un contre tous. Lors des différents conciles œcuméniques, notamment celui de Chalcédoine en 451 de notre ère, les Eglises orientales et occidentales ont divergé.La question de savoir si le Christ avait une nature humaine au côté de la nature divine a été posée et a provoqué une séparation entre les monophysites, comme les coptes égyptiens, qui étaient pour un Christ à une seule nature divine, et les autres comme les Eglises occidentales, ou même certaines Eglises orthodoxes d’aujourd’hui, comme l’Eglise orthodoxe russe qui ont adopté le dyophysisme, et soutenu que le Christ avait une nature humaine au côté de sa nature divine. Depuis le christianisme s’est retrouvé divisé. Le livre d’Aziz Suryal Atiya mène le lecteur dans un long voyage à travers l’histoire de l’Egypte en s’arrêtant aux grandes étapes de cette histoire : la domination du monde païen, les périodes hellénique et romaine, l’ère des martyrs et de la persécution, l’arrivée des Arabes, les Fatimides, les Ayyoubides, les Mamelouks, les Turcs, les Français, les Anglais et puis l’indépendance. Le livre réhabilite des noms, corrige des histoires et apporte une nouvelle vision, ainsi que différents points de vue. Ainsi les différentes versions de l’incendie de l’antique bibliothèque d’Alexandrie sont exposées. Aziz Suryal Atiya, au même titre que l’écrivain et professeur Anouar Louca, trouve que le général Yacoub, contemporain de Napoléon, est un digne représentant du nationalisme égyptien injustement mal aimé et mal compris. Atiya met en garde contre les stéréotypes et les clichés et explique par exemple que l’Eglise éthiopienne, malgré son attachement sur le plan rituel et ecclésiastique à l’Eglise copte, a gardé des spécificités culturelles grâce, peut-être, à cette union historique et biblique entre le roi Salomon et Laïla, la reine abyssinienne. L’histoire du christianisme en Orient, c’est plus de deux mille ans d’histoire. Difficile donc de la résumer en quelques pages. Mais ce qu’on retient de ce livre, enfin disponible à un prix abordable, est que le christianisme orientale, et l’Eglise copte en particulier, a apporté une contribution inégalée au patrimoine culturel de l’humanité et aux mondes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
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