Il ne s’agit pas d’un nouveau recueil de nouvelles, mais c’est une nouvelle édition d’une oeuvre publiée en 2001. Vingt ans se sont écoulés depuis la première édition. 13 histoires courtes, fantaisistes, humaines et douloureuses, où il est question des choix difficiles que l’on doit parfois faire et des circonstances critiques auxquelles on doit s’adapter. C’est la nouvelle édition Al-Shorouk du livre du romancier égyptien Mohamad Al-Mansi Qandil, intitulé Achaa bi Rifqat Aïcha (un dîner accompagné de Aïcha), qui a été publiée récemment. Le livre de 234 pages repose sur les antonymes de (vie, mort), (rêve, réalité), (amour, stabilité). Qandil avait déclaré à la presse les circonstances dans lesquelles il avait réalisé son ouvrage. « J’avais l’habitude de penser que ce recueil de nouvelles était une expérience individuelle, une tristesse particulière, une douleur personnelle que personne ne pourrait percevoir comme celui qui l’a rédigé. Le mal m’a forcé à quitter toute l’Egypte et jusqu’à présent, je ne peux pas supporter Le Caire longtemps », indique-t-il. Et de préciser: « J’ai mis dans ce livre toute l’amertume de ces jours anciens, et j’ai été incapable de le publier pendant pas mal de temps. Je n’en ai pas la volonté, et je me disais: Pourquoi répands-tu ta douleur sur les autres? Maintenant ils sauront à quel point tu étais faible et sensible à propos du siège. Puis quand j’ai enfin osé, je l’ai publié incomplet, dans une édition bon marché, et personne ne l’a ressenti. Ce silence assourdissant autour du livre m’a ennuyé, même si je pensais avoir pénétré dans des mondes fantastiques que personne n’avait adoptés. Mon objectif était de me soigner pour revenir à la vie ».
Il explique qu’il ne croyait pas que son livre avait attiré de nombreux lecteurs que lorsque la maison d’édition égyptienne Mirit lui a demandé son autorisation pour publier une nouvelle édition. « Aux lecteurs, je ne peux que vous dire merci. Vous m’avez redonné confiance en moi, merci d’avoir apprécié une expérience écrite que je considère comme la chose la plus importante que j’ai accomplie dans ma vie », assure Qandil. L’un des éléments les plus puissants dans les écrits narratifs d’Al-Mansi Qandil est celui d’attraction, de suspense et d’attachement aux événements de l’histoire dès la première ligne.
Déception, douleur et amertume
Le recueil rassemble différents thèmes. Pour créer la connexion avec le lecteur dès le début de chaque histoire, le romancier a mélangé la touche exotique et fantastique dans certaines histoires plus proches de la réalité, comme la première histoire, dont le recueil porte son titre, Un Dîner avec Aïcha, dans laquelle on peut sentir la souffrance de toute l’humanité qui a été trompée par la fausse civilisation et privée de sa volonté et de son esprit. Qandil a abordé le mystère comme Al-Manzil Ala Monhadar Al-Nahr (la maison sur la descente du fleuve) et Halet Tawarië (une urgence). Il a préféré un retour à l’antique passé pharaonique dans Harès Al-Mawta (le gardien des morts), et n’a pas manqué le fantasme terrifiant dans Ghabat Balqis (la forêt de Balqis), où l’on peut lire les gens qui ont fait des monstres pour les protéger des humains, et Hadassa fi Maqha Al-Manzar Al-Gamil (il était une fois au café La Belle scène), où on peut voir ceux qui étaient fatigués de l’espoir et ont tué leurs rêves, et se sont contentés de peu de réalité.
L’ouvrage présente aussi au lecteur les histoires meurtrières de la Chine, abordant les âmes qui sont vendues pour des poignées d’argent, et la dignité humaine dans Lady Home et Zoubaydah. Ce sont des histoires inspirées des voyages du romancier. La nouvelle de la clôture, Makane lil Mahaba (un lieu d’amour), est celle où il raconte les circonstances de la mort de son père. C’est une nouvelle où l’on peut trouver des situations humaines douloureuses et des sentiments doux du fils envers son père.
Certaines phrases resteront gravées dans la mémoire du lecteur comme: « Les îles sont comme des rêves, elles disparaissent comme si elles n’existaient pas, puis elles flottent comme si elles étaient réelles », ou « Vous ne comprenez pas la vraie nature des choses. Tout est éphémère. Rien ne reste le même. Il est faux de s’attendre à ce que les choses soient permanentes » ou encore « Que Dieu maudisse les distances, qui séparent les coeurs aimants, et que la nostalgie subisse le châtiment de Dieu ». C’est un recueil de nouvelles qui représente la créativité de la fiction et l’horreur humaine.
Achaa bi Rifqat Aïcha (un dîner accompagné de Aïcha), Mohamad Al-Mansi Qandil, Editions Al-Shorouk, 2021. 234 pages.
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