Tragiques, mais réalistes. Les histoires que narre Ahmad Al-Qarmalawi dans cet ouvrage abordent les souffrances des hommes sur la planète terre. Il s’agit de 17 nouvelles adoptant un regard philosophique sur la vie, la famille, la solitude, la perte, les choses les plus chères ... Parfois, en lisant, on laisse échapper un soupir de chagrin ou de soulagement, un cri de colère, tellement les nouvelles sont touchantes et traitent de l’âme humaine dans tous ses états.
Ingénieur de formation, après avoir obtenu son diplôme de l’Université américaine du Caire, Al-Qarmalawi a reçu le prix Zayed pour le livre, catégorie jeune écrivain, en 2018. Et ce, pour son roman Amtar Sayfiya (pluies d’été). Ecrivain, peintre et musicien, jouant luth et piano, il décrit avec prouesse, dans son dernier recueil de nouvelles, les peurs communes qui hantent la plupart des êtres humains.
Dans la nouvelle intitulée Salate Q 4 (prière Q 4), il montre comment la peur de perdre son prestige ou quelques privilèges personnels pourrait conduire un homme à tuer un autre. Puis, la nouvelle Qamis li Taghlif Al-Hadaya (emballage de cadeaux) — quoiqu’elle soit sombre et assez triste — nous fait voir la perte différemment. On comprend que la mort n’est pas la fin du monde, mais elle peut être aussi un nouveau départ, le début d’une vie éternelle.
Quant à la nouvelle intitulée Bayt Min Guir (une maison de craie), elle met en relief la peur résultant de la faiblesse de la personnalité et de l’asservissement ; le principal protagoniste se laisse volontairement dominer par les autres. Dans une autre nouvelle, Al-Mawt Ala Sadr Al-Cindrella (la mort dans les bras de Cendrillon), on découvre un autre aspect de la souffrance, celle des migrants clandestins, qui veulent échapper à la pauvreté et poursuivre leurs rêves à tout prix.
Questions existentielles
L’ouvrage renferme aussi quelques nouvelles plus philosophiques que d’autres, telle Walimate Al-Hawasse (le banquet des sens), qui révèle que la peur est une illusion et qu’il vaut mieux la laisser de côté pour profiter de la vie. C’est à nous de choisir entre la peur et la décision d’être heureux. La nouvelle Hadisse Al-Minfada (paroles de cendrier) nous incite aussi à vivre pleinement le moment présent, pour que les années ne filent pas entre nos doigts. « La vie est un fardeau insupportable, alors pourquoi s’y accrocher ? Je sais de quoi je parle, car je passe plus de temps ici au cimetière, parmi les morts, que je ne reste chez moi. J’ai vu tant de corps enterrés, là où ils peuvent apprécier le calme et la sérénité pour la première fois, après de longues années de souffrance », dit l’un des personnages devant les pierres tombales. Ou encore : « Pensezvous que d’autres aient trouvé les réponses requises ? Pauvre type ! En fin de compte, nous sommes tous de pauvres types, nous nous occupons de tant de détails insignifiants, puis nous nous trouvons surpris à la fin d’avoir passé à côté de tant d’opportunités ».
Les titres de cet ouvrage extrêmement humain projettent une ombre pâle sur le sujet de l’histoire, sans en révéler le contenu.
Qamis li Taghlif Al-Hadaya (emballage de cadeaux) d’Ahmad Al-Qarmalawi, aux éditions Al-Masriya Al-Lobnaniya, 2021, 125 pages.
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