Le mois d’avril ne passe pas sans se rappeler la célèbre et emblématique Rose Al-Youssef (1898-1958). Avant de se consacrer au journalisme et à l’écriture, Rose Al-Youssef avait entamé sa carrière en Egypte comme comédienne sur les planches de théâtre. D’origine libanaise, elle est arrivée à 12 ans à Alexandrie, puis s’est installée au Caire où elle a été accueillie par une famille d’artistes qui lui a transmis la passion du théâtre. Elle est devenue la vedette de la troupe Ramsès de Youssef Wahbi, appartenant au renouveau du théâtre égyptien pendant l’Entre-deux-guerres. A cette époque, elle était une actrice pionnière dans le pays. Rose Al-Youssef n’avait guère imaginé s’impliquer dans la vie politique. Elle a fièrement participé à la Révolution de 1919. Après l’exil de Saad Zaghloul en 1919, les manifestations ne se sont pas arrêtées, réclamant l’indépendance et le retour de Zaghloul. Les artistes ont décidé d’organiser eux aussi des manifestations. A l’heure et au jour convenus, toutes les troupes de théâtre étaient réunies à la place de l’Opéra, devant l’hôtel Continental, y compris les vedettes, les dramaturges et les metteurs en scène, dont Abdel-Rahman Rochdi, Aziz Eid, Naguib Al-Rihani, Zaki Tolaymat, Mohamad Abdel-Qoddous et Mohamad Taymour. Certains ont décidé de porter les costumes de personnages historiques, à valeur symbolique. Les deux jeunes comédiennes qui se sont jointes aux foules étaient Rose Al-Youssef et Mary Ibrahim. Elles étaient assises dans un cabriolet, un drapeau en main, à côté du directeur du théâtre Brentania et du rédacteur en chef d’Al-Ahram, Abdel-Halim Ghamraoui. Les soldats britanniques ont tiré sur les manifestants. Depuis, Rose Al-Youssef n’a plus quitté la scène politique.
Afin de faire évoluer l’image des femmes artistes en Egypte, l’actrice a décidé en 1925 de fonder une revue qui porte son nom. Cette publication hebdomadaire utilisait des illustrations et caricatures, et devenait rapidement très populaire. Elle aborde des sujets tabous comme la religion et la sexualité. Aujourd’hui, la fondation Rose Al-Youssef publie le quotidien Rose Al-Youssef, la revue Rose Al-Youssef et la revue Sabah Al-Kheir qui témoignent de son oeuvre dans la presse égyptienne. En tant qu’actrice, activiste et journaliste, Rose Al-Youssef est une femme qui vit toujours dans la mémoire des Egyptiens.
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