Observer les retombées du Printemps arabe à partir de 2011. Tel est l’objectif de la revue culturelle libanaise Bidayat (commencements). Depuis ses débuts en 2012, la revue suit les bouleversements que celui-ci a suscités un peu partout dans le monde arabe. Son 22e numéro, dont l’édition égyptienne est publiée par Dar Al-Maraya, se penche sur les rebondissements au Soudan et en Algérie. Le dossier principal porte sur la militante allemande de gauche Rosa Luxemburg, assassinée en janvier 1919 à Berlin et enterrée en juin de la même année. D’autres articles évoquent le parcours du « peintre de Beyrouth » Amin El-Bacha, décédé en février 2019, et les mémoires de l’opposant socialiste yéménite Garalla Omar. La revue présente par ailleurs diverses analyses dans les domaines de la littérature, de la musique et de la poésie.
Le numéro a été publié avant les derniers événements politiques en Algérie et au Soudan. Sous le titre Le Soudan, l’Algérie, etc., l’académicien et historien Fawwaz Traboulsi explique que les manifestations des deux peuples soudanais et algérien sont de « nouveaux points culminants d’une série de mouvements populaires ». La feuille de route que fournit Traboulsi est la suivante : la démission du président, une entité neutre qui surveille la période transitoire, la promulgation d’une nouvelle loi électorale et la tenue d’une assemblée constituante pour élaborer une nouvelle Constitution. A la fin de son article, il assure que l’ampleur du changement espéré dépend de l’équilibre entre la force des manifestants et celle du pouvoir en exercice.
A l’occasion du centenaire de l’assassinat de la militante marxiste polonaise naturalisée allemande Rosa Luxemburg (1871-1919), le dossier intitulé Rosa la rouge qui a conduit une révolution regroupe plusieurs analyses qui abordent le contexte mondial de son époque et les combats entretenus par Luxemburg afin d’instaurer la démocratie et la liberté, après la Première Guerre mondiale et la défaite de l’Allemagne. « Luxembourg aspirait à un monde dans lequel on ne sacrifie ni la justice au nom de la liberté, ni la liberté au nom de la justice. Chaque jour, une main s’étend pour lever cette bannière, tombée dans la boue, comme la chaussure de Rosa, perdue dans la boue lors de son assassinat », mentionne l’un des articles. Parmi les citations les plus connues de Luxemburg figure la suivante : « La liberté qui ne vaut que pour les partisans du gouvernement, pour les membres d’un parti, aussi nombreux soient-ils, n’est pas la liberté. La liberté est toujours la liberté de ceux qui pensent autrement ».
Dans la partie consacrée au peintre libanais Amin El-Bacha, qui s’est éteint le 5 février 2019 à l’âge de 87 ans, six pages en couleurs présentent une collection de ses oeuvres. Celles-ci inspirent le sentiment de beauté et de joie chez le lecteur, comme le visait El-Bacha lui-même en travaillant. « Amin El-Bacha pense que l’art est un métier qui rend la vie plus joyeuse et plus belle », écrit Traboulsi dans son article intitulé Le Maître de la joie et des couleurs sur l’artiste, dont les aquarelles avec leurs arbres, oiseaux, personnages et couleurs constituent un univers radieux. Le dernier numéro de Bidayat invite ainsi des lecteurs aux goûts différents à lire des articles et des papiers d’analyse portant sur de multiples champs culturels.
Numéro 22 de la revue Bidayat (commencements), juillet 2019, édition égyptienne par Dar Al-Maraya, 230 pages.
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