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Les plats de ma vie

Nada Al-Hagrassy, Dimanche, 04 août 2019

Khôl we Habahane (khôl et cardamone) est le dernier récit autobiographique signé par l’écrivain satirique Omar Taher. Il dresse son parcours de l’enfance jusqu’à l’âge mûr à travers la nourriture.

Les plats de ma vie

C’est l’histoire com­mune d’un garçon qui n’a jamais d’appétit, un garçon dont les parents veulent à tout prix qu’il entre dans les normes. Omar Taher est cet enfant maigrichon. Il raconte dans son nouveau récit autobiographique Khôl we Habahane (khôl et Cardamone, aux éditions Al-Karma) ses aventures avec la nourriture. Ses souvenirs reviennent automati­quement, en faisant appel aux odeurs et aux goûts, liant chacun des mémoires à un plat spéci­fique.

L’écolier faisait la distinction entre les voisines, en fonction des odeurs qui se dégageaient de sa cuisine. Un peu plus grand, cet enfant voit sa relation avec son père se consolider grâce à l’omelette au fromage que celui-ci lui préparait en l’absence de sa mère. « J’étais aux anges, car à la première bouchée, le visage de mon père s’illuminait d’un sou­rire de satisfaction », décrit-il dans le livre. Pour raconter com­ment son père lui a inculqué des valeurs comme la fidélité envers les amis, il cite l’histoire « du sel et du pain ». En fait, manger du sel et du pain avec une personne signifie dans la culture populaire qu’on ne doit jamais la trahir. L’association de ces deux élé­ments essentiels à la cuisine, le sel blanc et le pain de couleur plus foncée, prévoit que la vie peut nous réserver de bonnes ou de mauvaises surprises.

A chaque recette un message

A l’âge adulte, la nourriture et les boissons ont pris toute une autre dimension dans la vie de l’auteur. Ce dernier est devenu un fervent accro-café, « cette boisson miraculeuse qui permet à ses buveurs de maintenir l’équilibre de l’univers ». Toute autre boisson chaude ne parvient guère à lui procurer autant de plaisir. Très enthousiaste au début de l’âge mûr, la routine va vite l’étouffer. Puis, un jour pour attirer son attention, sa collègue au travail va lui envoyer des donuts, sournoisement. Une manière de lui faire des avances, sachant que l’élu de son coeur a fait le tour des restaurants et que plus rien ne lui échappe.

De son côté, lorsqu’il a voulu répondre à ses avances « alimen­taires », Taher lui a préparé un plat typiquement égyptien, à savoir la moloukhiya (soupe verte à base de corète potagère) accompagnée de riz et de poulet rôti. Un menu qui voulait porter le message : « Nous avons les mêmes intérêts ! ».

Pourtant, en dépit de cet amour inconditionné pour la nourriture, l’auteur n’a jamais été vraiment un « gourmand ». Il savoure les plats différents, sait très bien les décrire et en dégager les odeurs, mais tient à préciser: « Mange uniquement ce dont tu as besoin parce que tu ne peux pas tout consommer. Ne mange pas jusqu’à saturation ». A l’aide d’un langage simple, Omar Taher nous met l’eau à la bouche, en racontant un tas d’histoires en lien avec des plats alléchants. Sur ce, l’essence même d’une personne est comparée à une pâte de pizza. « On est tous sem­blables comme la pâte. Le côté individuel de tout un chacun pro­vient de la farce. Les diverses recettes de farce font toute la personne, d’une personne à l’autre », conclut-il, pour ne pas dire plus .

Khôl we Habahane (khôl et car­damone) de Omar Taher, aux éditions Al-Karma, 2019, 179 pages.

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