« La capacité d’exercer des activités culturelles libres est devenue aujourd’hui plus difficile que jamais », a lancé le penseur Helmi Chaarawi, fondateur du Centre des recherches arabes et africaines, lors de l’ouverture de la librairie Dar Al-Aïn au centre-ville du Caire, la semaine dernière. Soulignant ainsi le besoin de garantir une librairie-vitrine de la maison d’édition qui a commencé ses activités depuis plus d’une dizaine d’années sous la direction de Fatma Al-Boudi, propriétaire de la maison. Celle-ci a trouvé que la meilleure façon de lancer sa librairie était d’organiser une soirée de dédicace consacrée au grand économiste marxiste Samir Amin. De grandes figures ont ainsi été présentes, telles que Hassan Hanafi, professeur de philosophie à l’Université du Caire, Emad Abou-Ghazi, ex-ministre de la Culture, et les écrivains Helmi Al-Namnam et Youssef Al-Qaïd.
La surprise de la soirée était la dédicace de deux ouvrages signés Samir Amin, La Loi de la valeur mondialisée et A Propos du nassérisme et du communisme en Egypte.
Il est à noter que La Loi de la valeur mondialisée a été traduit par Saad Al-Tawil en collaboration avec le Centre national de la traduction.
Or, A Propos du nassérisme et du communisme en Egypte est une collection d’écrits qui datent des années 1960 et qui sont révélés au lecteur pour la première fois. Il s’agit d’articles où Samir Amin critiquait le nassérisme, mais sous le pseudonyme de Hassan Riyad, le même qu’il avait en tant que membre d’un parti communiste clandestin de l’époque. Ce livre a été publié uniquement en français en 1963 sous le titre de L’Egypte nassérienne. Il y étale aujourd’hui dans sa version arabe non pas seulement son point de vue, mais celui également de ses camarades communistes entre les années 1947 et 1967, avec une lecture du nassérisme, notamment le rapport du régime avec la structure mondiale de l’époque.
Amin est né au Caire d’une mère française et d’un père égyptien. Il a passé son enfance à Port-Saïd et a obtenu son baccalauréat d’une école française en 1947. Il a poursuivi ses études à Paris et a obtenu un diplôme de sciences politiques en 1952 avant d’obtenir un diplôme en statistiques en 1956 et en économie en 1957. Sa thèse sur le développement capitaliste déséquilibré lui vaut une renommée internationale. Dar Al-Aïn, qui accorde une place importante aux ouvrages scientifiques et spécialisés en sciences humaines, a déjà édité l’an dernier un important livre d’Amin intitulé La Révolution de l’Egypte .
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