
Vue du palais royal, avoisinant la cathédrale et les musées de la célèbre citadelle de Wawel.
« L’autre jour, je cherchais un livre sur Paris en arabe et je n’en ai pas trouvé chez aucun libraire. D’ailleurs, ni sur New York ni sur Istanbul. Rien ». Pour Chérif Sonbol, photographe et écrivain, le problème est plus profond. En fait, il n’existe aucun livre sur le marché, égyptien ou arabe, rédigé pour un lecteur de culture arabe. Les livres publiés sur les villes du monde sont vus par des Occidentaux et destinés d’une manière générale aux Occidentaux.

« Je m’arrêtais devant des sujets d’ordre tout à fait banal, qu’un étranger ne remarque même pas ».
Sonbol a donc voulu faire visiter au lecteur les villes du monde tel que lui, de culture orientale, les voit : présenter essentiellement un livre de photos, avec un récit étoffé, parsemé de petites histoires anciennes ou modernes, comme dans un carnet de voyages. « Ce genre de livres requiert des dépenses faramineuses. Faire partir des gens avec leurs équipements et les faire héberger plusieurs semaines dans des pays étrangers n’est pas à la mesure de tout le monde ». Outre les dépenses de l’impression, qui doit être de haute qualité pour attirer l’oeil du lecteur. « Le financement de ce genre de livres sera toujours le handicap majeur », ajoute-t-il. Son premier livre sur la Pologne, publié il y a quelques mois, a été partiellement cofinancé par l’ambassade polonaise au Caire, avec le concours d’un homme d’affaires polonais passionné d’Egypte et du monde arabe.
Après Cracovie, Berlin

L’autel de la Basilique de la Vierge Marie, construite au XIVe siècle à Cracovie.
« Mon journal de voyage commence à Cracovie, la capitale royale de la Pologne pendant de longs siècles, alors que la ville de Zakopane possède une culture et un environnement mythiques attirants et bien distincts », indique Chérif Sonbol. Son projet encyclopédique n’est encore qu’à son début. Son deuxième livre, qui sortira dans les prochaines semaines, sera consacré à Berlin. Berlin Bil Arabi (Berlin en arabe) a été financé par Nader Riyad, un homme d’affaires égyptien qui entretient d’étroites relations avec le monde de l’économie et des finances allemands. Alors que pour le troisième tome de cette série, le photographe posera son regard sur une ville du Pakistan.
En fait, comme le dit si bien le romancier Marcel Proust, le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. Espérons que cette nouvelle série de livres sera bien présente dans les librairies, et donc disponible pour les curieux et les passionnés de voyages, et qu’elle ne restera pas limitée aux cercles des ambassades.
Chérif Sonbol, un photographe hors du commun
Chérif Sonbol entreprend ses études universitaires au Chartered Insurance Institute à Londres. Après avoir exercé quelques années dans le domaine des assurances, il se lance comme photographe et décroche un contrat à la fondation Al-Ahram.
Aujourd’hui, Chérif Sonbol travaille comme photographe à Al-Ahram Weekly, hebdomadaire anglophone.
Agé de 62 ans, il a à son compte 30 expositions internationales de photographie, 16 livres illustrés, dont les plus importants sont La Splendeur et la magie des sultans mamelouks, L’Héritage religieux du Vieux-Caire, Le Mouled ou Carnaval de la foi, 40 Pyramides d’Egypte et leurs voisins. Aujourd’hui, il continue d’assouvir sa passion à travers les clichés qu’il réalise au cours des soirées artistiques de l’Opéra du Caire.
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