Un critique français écrit sur Gamil Rateb que « c’est le grand-père rêvé, dont on voudrait écouter les histoires sans fin ». Une parole touchante pour un comédien égyptien qui a vécu de longues années en France pour pratiquer le théâtre et le cinéma et qui a mené une carrière brillante en Egypte. Né en 1926, Gamil Rateb a un beau sourire et de grands yeux qui éclairent son visage.
Honoré au dernier Festival du film africain de Louqsor pour sa carrière originale, Gamil Rateb, acclamé par une foule aimante et admiratrice, est monté sur scène lors de la soirée d’ouverture, avec pour décor le temple de la reine Hatshepsout. Bien qu’il soit sur une chaise roulante, il a gardé son regard et son sourire rayonnant bien à lui. Le public l’a applaudi longtemps, debout, avec, sans doute, la sensation de vivre un moment magique. Gamil Rateb est apparu touché et reconnaissant, se confondant avec une histoire dans laquelle il a inscrit une part de mémoire. Un moment exceptionnel, dont on se rappellera longtemps. Critique de cinéma, Mahmoud Qassem relate dans son livre Les Visages de Gamil, sorti en l’honneur de cet événement, la longue carrière de Gamil Rateb, partagée entre le théâtre, le cinéma et la télévision, et qui a touché la scène locale et internationale.
Comédien unique en son genre, Rateb a joué dans un nombre infini de films et de séries télévisées. Mais au-delà de ses exploits originaux et nombreux, il y a le personnage lui-même, hors du commun et dont le sourire et les rôles rayonnent d’une aura qui lui est propre. Né dans une famille égyptienne aisée et conservatrice, d’un père égyptien et d’une mère française, Gamil Rateb a le feu sacré dès ses années d’école. Il rêve d’être comédien, mais ses parents s’y opposent. Il fait de vaines tentatives en Egypte, mais ses parents voient les choses autrement et, pour résoudre le problème, l’envoient faire des études de droit à Paris. Il y suivra des cours au Conservatoire et jouera dans de petits rôles, afin de lancer sa carrière en France, à la Comédie française et au cinéma.
Carrière en Egypte
De nombreuses années s’écoulent avant qu’il ne retourne en 1975 en Egypte pour poursuivre sa carrière au cinéma et à la télévision. Il est alors proche de la cinquantaine, dans un milieu où il est difficile de percer. Mais il ne s’importune pas des détails et accepte les petits rôles qu’on lui propose. Très vite, il jouera des rôles de « méchants », qui étaient d’habitude attribués à Farid Chawqi et Mahmoud Al-Méligui, deux stars incontournables. Or, ces comédiens de renom ont pris de l’âge et une nouvelle manière de faire est la bienvenue. Rateb jouera ces rôles sans bagarres et violence, mais en faisant preuve de subtilité et de complexité.
Avec cette flexibilité qui lui est propre et cette énorme culture qui l’habite, il incarne ses rôles sans excès, tout en nuance. Il jouera ainsi des rôles qui marqueront le cinéma égyptien, comme dans le film de Kathia Sabet La Azaa lil Sayedat (pas de condoléances pour les femmes), avec le rôle d’un PDG dont la lâcheté l’empêche de défendre son amour, et Al-Sooud ila Al-Hawiya (l’ascension vers l’abîme), dans lequel il jouera le rôle d’un agent israélien. S’ajoute à cela une panoplie impressionnante de films égyptiens et tunisiens dans lesquels il joue le premier rôle, ainsi que des films internationaux. Malgré sa carrière si riche et impressionnante, Gamil Rateb garde une modestie, une simplicité et un sourire qui — en dépit des maux de la vie— lui permettent de dépasser les infortunes de notre condition humaine ز
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