La librairie arabe L’Olivier, située dans la ville de Genève, en Suisse, a organisé, la semaine dernière, une soirée de présentation et de dédicace de deux livres, écrits par deux écrivains nés dans la ville d’Alexandrie. Le premier ouvrage est intitulé Chroniques alexandrines. L’étonnante vie quotidienne des Alexandrins, de Robert Naggar, publié chez L’Harmattan. Il y a quelques années, l’auteur a reçu un chèque provenant d’une banque égyptienne, relatif à des loyers payés, au cours des cinquante dernières années, par des locataires de l’un des immeubles ayant appartenu à sa famille et qu’il croyait nationalisé. Cela l’a conduit à retourner à Alexandrie, la ville de son enfance, où il ne s’était pas rendu depuis des décennies.
Au cours de ses enquêtes et de ses démarches, il a rencontré des personnes que rien ne l’avait préparé à côtoyer : fonctionnaires, avocats, chauffeurs de taxi, commerçants, directeurs de banque ou simples passants. Il a ainsi découvert ce peuple alexandrin tellement attachant, hospitalier et plein d’humour. C’est ce qui l’a poussé à rédiger ce livre pour raconter ce qu’il a pu « voir » dans la vie alexandrine, d’un oeil « européen », et à partager des scènes souvent cocasses et toujours pleines de sel et d’humour.
Né dans une famille installée à Alexandrie depuis de nombreuses générations, Robert Naggar y a passé les premiers 17 ans de sa vie, avant de partir en 1956. Il a ensuite passé 9 ans à Londres, où il est devenu ingénieur, et a travaillé sur l’un des premiers ordinateurs bancaires. « J’ai ensuite émigré aux Etats-Unis, où, après quelques mois, je fus appelé pour aller me battre au Vietnam. N’ayant rien contre les Vietnamiens, je suis retourné en Europe et ai travaillé deux ans en Italie, avant de m’installer à Genève, où je me suis marié », raconte Naggar dans son livre et durant la soirée. A Genève, il est devenu directeur des ventes internationales auprès d’une société de télécommunications. Aujourd’hui à la retraite, il s’adonne à l’écriture et s’occupe de ses enfants et petits-enfants.
Histoire du quartier de Smouha
Le second livre est celui de Richard Smouha, petit-fils aîné du commerçant juif alexandrin Joseph Smouha. Il raconte l’histoire du quartier de Smouha, à Alexandrie. Il est intitulé La Cité Smouha, 1923-1958 : Une ville nouvelle à Alexandrie. « Mon grand-père, en mission en Egypte pour la Grande-Bretagne après la Première Guerre mondiale, a vu un vaste terrain de marécages et un lac infectés à 3 km d’Alexandrie. Il a tout acheté, drainé, remanié et y a bâti une ville. L’histoire n’en a jamais été écrite. Je suis son petit-fils aîné et j’ai écrit ce livre pour mes descendants », écrit Smouha dans son ouvrage, publié chez CreateSpace Independent Publishing Platform.
Durant la soirée, il raconte : « Après avoir déménagé du Caire à Alexandrie avec sa femme et leurs huit enfants pour commencer son projet, mon grand-père a pensé au nom de Garden City, mais le roi Fouad Ier a insisté pour nommer le nouveau quartier Smouha. Le roi lui a donné environ 75 acres de terre en 1923, à condition que Joseph prenne en charge la plupart des dépenses d’assainissement et de construction du tunnel ».
Et d’ajouter : « En 1925, mon grand-père a organisé un concours parmi les principaux architectes en Europe pour construire un complexe résidentiel de villas modernes, qui ressemble au quartier d’Héliopolis, au Caire. L’élite de l’aristocratie égyptienne et des étrangers se sont dépêchés pour acheter des résidences dans ce nouveau quartier, notamment Victor Emmanuel, roi d’Italie exilé. Nous avons vécu à côté d’eux jusqu’à notre départ après 1956 ». La soirée était l’occasion de partager plein de souvenirs sur Alexandrie, ville cosmopolite .
Lien court: