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Hommage à Al-Abnoudi

Lundi, 18 avril 2016

Le poète Abdel-Rahman Al-Abnoudi a rarement été traduit en dépit de sa popularité, à cause du caractère dialectal de sa poésie, écrite en saïdi (dialecte de la Haute-Egypte). A l'occasion du premier anniversaire de sa mort, nous publions quelques vers tirés de son recueil : La Mort de l’épouvantail, en 1970.

Hommage à Al-Abnoudi

A l’aube l’appel à la prière a dit
Comme il dit chaque jour
Le pays des impies
N’abrite que des impies
Que la durée soit longue ou brève
Moi j’ai dit ô nuit
Depuis combien d’années n’ai-je pas dormi
J’ai entendu tant d’appels à la prière
Je ne me suis pas levé
Je n’ai pas fait mes ablutions
J’ai dit qu’en restant chez moi
Je protégeais mon vêtement de la souillure et de la honte
Il m’a dit
La honte tu la cultives dans tes mains
Et sous la porte de ta demeure
Rester chez soi est comparable au chant des impies
Il n’y a qu’un appel dans l’appel
Et il n’y a pas de nuit qui s’achève sans appel
Et toi qui as veillé tu le sais bien
J’ai dit que les blessures
Lorsqu’elles goûtent le vent
Versent dans l’âme des larmes … et des cris
J’ai honte de montrer aux autres ma blessure
Il m’a dit Fils de Satan
On dirait que ton père n’a jamais été un fellah
Mais un rebelle et un adultère
Et que ta mère t’a enfanté derrière une porte d’une boutique
Moi j’ai dit ô perplexité
Je suis comme un oiseau que la fronde a atteint
Et qui tombe dans la main qui le vend
Puis dans la main qui l’achète
Mon corps disait ma tristesse
J’étais pour tous une issue
Et mon coeur n’avait pas de portes
Pourquoi ai-je blanchi ainsi avant l’heure

…………………

Mout Khayal Al-Méata (la mort de l’épouvantail) paru en 1970, traduit par Jean-Claude Rolland et édité par le Centre de traduction franco-égyptien du Caire (1985).

Al-Abnoudi en quelques lignes
Né en 1938 à Abnoud dans le gouvernorat de Qéna en Haute-Egypte, Al-Abnoudi est l’un des poètes contemporains les plus célèbres, et une figure publique de la poésie arabe populaire. Il a rassemblé La Geste hilalienne en trois volumes. Il fait partie d’une génération de poètes qui ont écrit dans le dialecte égyptien plutôt que dans l’arabe classique, la langue littéraire standard. Parmi ses oeuvres publiées : Al-Mawt Ala Al-Asfalt (mort sur l’asphalte) inscrit sur la liste des 100 livres africains du XXe siècle. Le Permis et l’interdit, Moi et les gens, La Terre et les enfants, et Le Silence de la cloche. Il a aussi écrit les textes de nombreuses chansons interprétées par les plus grands artistes orientaux et maghrébins comme Abdel-Halim Hafez, Mohamad Rouchdi, Warda et bien d’autres.

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