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Salon du Livre : Evénement assuré

Rasha Hanafy, Alban de Ménonville et Dina Kabil, Lundi, 21 janvier 2013

La 44e édition s’ouvre aujourd’hui avec la participation de 25 pays et 735 mai­sons d’édition, ainsi que la Libye en invité d’honneur. L’Hebdo propose une sélection tirée d’une riche production célébrant les deux ans de la révolution égyptienne du 25 janvier 2011.

Une première depuis la création du Salon interna­tional du Caire. L’Organisme égyptien général du livre (GEBO) a décidé d’assurer la 44e édition du Salon international à hauteur de 100 000 L.E. « Le GEBO assurera les maisons d’édition si les mani­festations du 25 janvier 2013 provoquent une clô­ture de l’événement ou des dommages aux publica­tions », affirme Ahmad Megahed, président du GEBO.

25 pays dont 17 pays arabes participent à la ses­sion de 2013, ainsi que 735 maisons d’édition dont 27 étrangères, 210 arabes et 498 égyptiennes. Le président du GEBO a souligné que les 60 éditeurs syriens qui participeront à cette édition 2013 seraient traités financièrement comme leurs homo­logues égyptiens en signe de soutien à la révolution syrienne.

Sous le thème Un Dialogue et non un heurt, le programme culturel de cette année comprend des débats intellectuels discutant de la situation de la livre égyptienne, de l’économie et de la Constitution. Les jeunes auront l’occasion de discuter de leurs publications littéraires et artistiques afin de présen­ter leurs points de vue intellectuels et politiques. Les jours du Salon international témoigneront de débats critiquant les publications et les nouveaux ouvrages littéraires.

Les Frères d’abord

freres

Parmi les principales nou­velles publications de la mai­son d’édition Nahdet Misr, citons l’ouvrage de l’ancien membre des Frères musul­mans, Sarwat Al-Kharabawy, Sir el-maebad (le secret du temple … les secrets de la confrérie), en sa 6e édition. Dans cet ouvrage Al-Kharabawy, qui a démissionné de la confrérie en 2002, dévoile des secrets des Frères musulmans, remet en cause leur politique interne, visant à comprendre ce qui se passe actuellement en Egypte et à essayer de corriger les fautes commises.

A lire aussi chez le même éditeur Nahdet Misr, les mémoires du dernier ministre égyptien des Affaires étran­gères à l’époque de Moubarak, Ahmad Aboul-Gheit. L’ouvrage est intitulé Mon témoignage … La politique étrangère égyptienne 2004-2011. L’ancien ministre répond à de nombreuses questions sur la prise de décision en Egypte à l’époque de Moubarak. Aboul-Gheit cherche à jeter la lumière sur le recul égyptien dans plu­sieurs dossiers de politique étrangère comme le bassin du Nil. Il s’agit d’un témoignage de tout ce que l’ancien ministre a vécu pendant son activité.

L’avenir de la révolution

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Bab al-khoroug, rissalet Ali al-mofeama bi bahga gheir motawaqaa (l’issue, la lettre de Ali comblée d’une joie inattendue) de Ezzeddine Shoukry Fisher, éditions Dar Al-Shorouk, 2012

Ce gros roman de 483 pages est le fruit d’un roman-fleuve, publié en feuilleton dans le quoti­dien Al-Tahrir où l’auteur, ex-diplomate et pro­fesseur en sciences politiques, prévoit l’avenir de la révolution dans l’année 2020. Et ce, à travers une lettre adressée par Ali, représentant la bour­geoisie conservatrice, résistant par nature au changement, à son fils pour lui expliquer les dessous des huit ans qui ont anticipé la révolu­tion. On y retrouve des modèles de personnages des Frères musulmans qui s’emparent avec acharnement du pouvoir, ceux des révolution­naires qui se transforment en fascistes, les mili­taires qui sont catégoriquement contre la révolu­tion, etc. Il parie sur la jeunesse qui sauvera le pays des années de désorientation.

A chercher chez le même éditeur Al-Shorouk, la biographie de Youssef Nada, ex-ministre des Affaires étrangères des Frères musulmans, écrite par Douglas Thompson et intitulée Au sein des Frères musulmans. La vérité du plus fort groupe de l’islam politique dans le monde.

Hommes de main d’hier

Al-Morched (le guide), d’Achraf Al-Achmawi, aux éditions Al-Masriya Al-Lobnaniya, 2011.

Le romancier Achraf Al-Achmawi, qui est éga­lement juge d’instruction, figurant sur la longue liste du Booker du roman arabe, remonte à l’époque de Sadate et du rôle de guides de la police, des civils prenant la fonction de guides pour les agents de police. Il y parle des situa­tions politiques et des soulèvements déclenchés sous la présidence de Sadate. A chercher égale­ment chez le même éditeur, le nouveau recueil de poèmes du poète Farouq Choucha intitulé Tes Portes sont nombreuses. Une publication d’un politologue libyen sera également pré­sentée. Il s’agit du politologue Abdel-Guélil Al-Obeidi et son ouvrage intitulé Nos Révolutions entre les Arabes et l’Occident, dans lequel il parle des révolutions arabes, notamment celle de Libye.

Vive l’art de la rue

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Gowaya Chahid (je porte en moi un martyr) de Héba Helmi, éditions Dar Al-Aïn, 2013

Livre de photographies, mais aussi de témoignages intimes, le nouvel ouvrage sur l’art du graffiti signé par Héba Helmi a été longtemps attendu. Car son auteur, artiste, illustratrice et sur­tout activiste dans les rangs des socialistes révolutionnaires, est présente depuis le début de la révo­lution avec les graffiteurs de la révo­lution. Dans son livre, elle tente de faire une documentation, aussi sub­jective soit-elle, de l’art de la rue par excellence, le graffiti égyptien. Et ce, en reposant sur des photos de Hossam Hamalawi, Ossama Bochra, Raphael Pleutin et May Chahin. La publication du livre est également souhaitée parce qu’elle vient combler un manque dans la documentation d’un art devenant le synonyme de la révolution égyptienne, surtout sur une scène d’édi­tion qui peine avec la fabrication de livres artistiques de qualité. L’auteur de Je porte en moi un martyr, dédi­cace son livre comme suit : « A l’âme de nos martyrs, nous donnerons plein sens à leur absence. Aux graffiteurs, la conscience de la révolution, qui sont sortis des galeries vers la rue et ont fait une partie de notre quoti­dien politique et social, qui ont subi les attaques de la police et les harcèle­ments des partisans du régime … ». Le nouveau roman d’Ahmad Al-Fakharany sont chez le même éditeur sous le titre de Mandorella.

L’étranger se passionne pour les graffs

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Revolution Graffiti, Mia Gröndahl, AUC Press, 2013.

AUC Press l’a compris, l’Occident est pris d’un intérêt croissant pour les graffitis en Egypte. Depuis la révolution, les tags s’approprient la rue avec des messages souvent hostiles à l’islam politique et au radicalisme. Véritables défen­seurs de la liberté d’expression, les graffitis apportent une lecture parallèle de la vie politique et commentent, loin de la rigueur des articles de presse, les événements les plus marquants. Autre avantage : ils sont accessibles à tous dans un pays où le taux d’analphabétisme est particuliè­rement élevé.

Après Tahrir Square, Mia Gröndahl, une Hollandaise, spécialiste de cet art, publie Revolution Graffiti : des images fortes dans un contexte explosif. On y retrouve deux artistes égyptiens en vogue, Keizer et Ganzeer, tête de proue de cette nouvelle vague artistique.

Autre phénomène prouvant l’intérêt crois­sant pour cet art : plusieurs expositions ont récemment été organisées par des galeries dans le but de faire rentrer « l’art de la rue » dans les Salons. Et le public apprécie car, le graffiti, pour critiquer, n'y va pas par quatre chemins : il va droit au but et tire juste.

Merit continue la revolution

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La maison d’édition privée Merit, présidée par l’intellectuel Mohamad Hachim, tient sa promesse et présente des ouvrages « chauds » comme les mémoires de l’intellectuel et poli­tologue Saadeddine Ibrahim. Hachim sou­ligne que le visiteur du Salon pourra trouver 4 ouvrages contre l’islam politique comme celui d’Ahmad Al-Qassir intitulé L’Avortement de la révolution et le déchire­ment d’une patrie. Dossier de l’alliance entre les militaires et les Frères, celui de Ali Abdel-Réhim intitulé Les Frères et le chemin au palais Ittihadiya. Dossiers secrets des Frères musulmans, aussi pour le même auteur Les Frères, la femme, les coptes, la démocra­tie et l’art. Un autre ouvrage sur les procès militaires sera sur le marché. Il s’agit de l’ou­vrage de Macheal Adel intitulé S 28, qui traite de la comparution de civils devant des tribunaux militaires avant et après le soulève­ment du 25 janvier 2011. Cela n’empêche pas que Merit présentera des romans comme celui de Mohamad Kheir intitulé Un Ciel plus proche, et celui de Mohamed Abi Samra inti­tulé Les Habitants des images.

Dépasser les bases

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Arab Spring in Egypt, édité par Bahgat Korany et Rabab Al-Mahdi, AUC Press, 2013

Les ouvrages sur la révolu­tion égyptienne se comptent désormais par dizaines. On y trouve de tout, du bon comme du très mauvais. Mais c’est la première fois qu’un collège de personnalités reconnues livre une telle analyse du Printemps arabe en Egypte. Avec perti­nence et recul, 14 spécialistes offrent leurs analyses des vagues de contestations qui se succèdent depuis le 25 janvier 2011.

Une question arrive en tête : pourquoi ? Pourquoi la révolu­tion a-t-elle eu lieu ? Pourquoi risque-t-elle d’échouer ? Pourquoi en sommes-nous arri­vés là ? Des questions simples pour des réponses complexes où les différents facteurs s’en­trecroisent sans que l’un semble prendre le dessus sur les autres. Arab Spring in Egypt n’est pas seulement une contribution de plus sur la révolution égyp­tienne. Il est appelé à devenir une référence sérieuse et fidèle pour les études à venir.

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