Une première depuis la création du Salon international du Caire. L’Organisme égyptien général du livre (GEBO) a décidé d’assurer la 44e édition du Salon international à hauteur de 100 000 L.E. « Le GEBO assurera les maisons d’édition si les manifestations du 25 janvier 2013 provoquent une clôture de l’événement ou des dommages aux publications », affirme Ahmad Megahed, président du GEBO.
25 pays dont 17 pays arabes participent à la session de 2013, ainsi que 735 maisons d’édition dont 27 étrangères, 210 arabes et 498 égyptiennes. Le président du GEBO a souligné que les 60 éditeurs syriens qui participeront à cette édition 2013 seraient traités financièrement comme leurs homologues égyptiens en signe de soutien à la révolution syrienne.
Sous le thème Un Dialogue et non un heurt, le programme culturel de cette année comprend des débats intellectuels discutant de la situation de la livre égyptienne, de l’économie et de la Constitution. Les jeunes auront l’occasion de discuter de leurs publications littéraires et artistiques afin de présenter leurs points de vue intellectuels et politiques. Les jours du Salon international témoigneront de débats critiquant les publications et les nouveaux ouvrages littéraires.
Les Frères d’abord
Parmi les principales nouvelles publications de la maison d’édition Nahdet Misr, citons l’ouvrage de l’ancien membre des Frères musulmans, Sarwat Al-Kharabawy, Sir el-maebad (le secret du temple … les secrets de la confrérie), en sa 6e édition. Dans cet ouvrage Al-Kharabawy, qui a démissionné de la confrérie en 2002, dévoile des secrets des Frères musulmans, remet en cause leur politique interne, visant à comprendre ce qui se passe actuellement en Egypte et à essayer de corriger les fautes commises.
A lire aussi chez le même éditeur Nahdet Misr, les mémoires du dernier ministre égyptien des Affaires étrangères à l’époque de Moubarak, Ahmad Aboul-Gheit. L’ouvrage est intitulé Mon témoignage … La politique étrangère égyptienne 2004-2011. L’ancien ministre répond à de nombreuses questions sur la prise de décision en Egypte à l’époque de Moubarak. Aboul-Gheit cherche à jeter la lumière sur le recul égyptien dans plusieurs dossiers de politique étrangère comme le bassin du Nil. Il s’agit d’un témoignage de tout ce que l’ancien ministre a vécu pendant son activité.
L’avenir de la révolution
Bab al-khoroug, rissalet Ali al-mofeama bi bahga gheir motawaqaa (l’issue, la lettre de Ali comblée d’une joie inattendue) de Ezzeddine Shoukry Fisher, éditions Dar Al-Shorouk, 2012
Ce gros roman de 483 pages est le fruit d’un roman-fleuve, publié en feuilleton dans le quotidien Al-Tahrir où l’auteur, ex-diplomate et professeur en sciences politiques, prévoit l’avenir de la révolution dans l’année 2020. Et ce, à travers une lettre adressée par Ali, représentant la bourgeoisie conservatrice, résistant par nature au changement, à son fils pour lui expliquer les dessous des huit ans qui ont anticipé la révolution. On y retrouve des modèles de personnages des Frères musulmans qui s’emparent avec acharnement du pouvoir, ceux des révolutionnaires qui se transforment en fascistes, les militaires qui sont catégoriquement contre la révolution, etc. Il parie sur la jeunesse qui sauvera le pays des années de désorientation.
A chercher chez le même éditeur Al-Shorouk, la biographie de Youssef Nada, ex-ministre des Affaires étrangères des Frères musulmans, écrite par Douglas Thompson et intitulée Au sein des Frères musulmans. La vérité du plus fort groupe de l’islam politique dans le monde.
Hommes de main d’hier
Al-Morched (le guide), d’Achraf Al-Achmawi, aux éditions Al-Masriya Al-Lobnaniya, 2011.
Le romancier Achraf Al-Achmawi, qui est également juge d’instruction, figurant sur la longue liste du Booker du roman arabe, remonte à l’époque de Sadate et du rôle de guides de la police, des civils prenant la fonction de guides pour les agents de police. Il y parle des situations politiques et des soulèvements déclenchés sous la présidence de Sadate. A chercher également chez le même éditeur, le nouveau recueil de poèmes du poète Farouq Choucha intitulé Tes Portes sont nombreuses. Une publication d’un politologue libyen sera également présentée. Il s’agit du politologue Abdel-Guélil Al-Obeidi et son ouvrage intitulé Nos Révolutions entre les Arabes et l’Occident, dans lequel il parle des révolutions arabes, notamment celle de Libye.
Vive l’art de la rue
Gowaya Chahid (je porte en moi un martyr) de Héba Helmi, éditions Dar Al-Aïn, 2013
Livre de photographies, mais aussi de témoignages intimes, le nouvel ouvrage sur l’art du graffiti signé par Héba Helmi a été longtemps attendu. Car son auteur, artiste, illustratrice et surtout activiste dans les rangs des socialistes révolutionnaires, est présente depuis le début de la révolution avec les graffiteurs de la révolution. Dans son livre, elle tente de faire une documentation, aussi subjective soit-elle, de l’art de la rue par excellence, le graffiti égyptien. Et ce, en reposant sur des photos de Hossam Hamalawi, Ossama Bochra, Raphael Pleutin et May Chahin. La publication du livre est également souhaitée parce qu’elle vient combler un manque dans la documentation d’un art devenant le synonyme de la révolution égyptienne, surtout sur une scène d’édition qui peine avec la fabrication de livres artistiques de qualité. L’auteur de Je porte en moi un martyr, dédicace son livre comme suit : « A l’âme de nos martyrs, nous donnerons plein sens à leur absence. Aux graffiteurs, la conscience de la révolution, qui sont sortis des galeries vers la rue et ont fait une partie de notre quotidien politique et social, qui ont subi les attaques de la police et les harcèlements des partisans du régime … ». Le nouveau roman d’Ahmad Al-Fakharany sont chez le même éditeur sous le titre de Mandorella.
L’étranger se passionne pour les graffs
Revolution Graffiti, Mia Gröndahl, AUC Press, 2013.
AUC Press l’a compris, l’Occident est pris d’un intérêt croissant pour les graffitis en Egypte. Depuis la révolution, les tags s’approprient la rue avec des messages souvent hostiles à l’islam politique et au radicalisme. Véritables défenseurs de la liberté d’expression, les graffitis apportent une lecture parallèle de la vie politique et commentent, loin de la rigueur des articles de presse, les événements les plus marquants. Autre avantage : ils sont accessibles à tous dans un pays où le taux d’analphabétisme est particulièrement élevé.
Après Tahrir Square, Mia Gröndahl, une Hollandaise, spécialiste de cet art, publie Revolution Graffiti : des images fortes dans un contexte explosif. On y retrouve deux artistes égyptiens en vogue, Keizer et Ganzeer, tête de proue de cette nouvelle vague artistique.
Autre phénomène prouvant l’intérêt croissant pour cet art : plusieurs expositions ont récemment été organisées par des galeries dans le but de faire rentrer « l’art de la rue » dans les Salons. Et le public apprécie car, le graffiti, pour critiquer, n'y va pas par quatre chemins : il va droit au but et tire juste.
Merit continue la revolution
La maison d’édition privée Merit, présidée par l’intellectuel Mohamad Hachim, tient sa promesse et présente des ouvrages « chauds » comme les mémoires de l’intellectuel et politologue Saadeddine Ibrahim. Hachim souligne que le visiteur du Salon pourra trouver 4 ouvrages contre l’islam politique comme celui d’Ahmad Al-Qassir intitulé L’Avortement de la révolution et le déchirement d’une patrie. Dossier de l’alliance entre les militaires et les Frères, celui de Ali Abdel-Réhim intitulé Les Frères et le chemin au palais Ittihadiya. Dossiers secrets des Frères musulmans, aussi pour le même auteur Les Frères, la femme, les coptes, la démocratie et l’art. Un autre ouvrage sur les procès militaires sera sur le marché. Il s’agit de l’ouvrage de Macheal Adel intitulé S 28, qui traite de la comparution de civils devant des tribunaux militaires avant et après le soulèvement du 25 janvier 2011. Cela n’empêche pas que Merit présentera des romans comme celui de Mohamad Kheir intitulé Un Ciel plus proche, et celui de Mohamed Abi Samra intitulé Les Habitants des images.
Dépasser les bases
Arab Spring in Egypt, édité par Bahgat Korany et Rabab Al-Mahdi, AUC Press, 2013
Les ouvrages sur la révolution égyptienne se comptent désormais par dizaines. On y trouve de tout, du bon comme du très mauvais. Mais c’est la première fois qu’un collège de personnalités reconnues livre une telle analyse du Printemps arabe en Egypte. Avec pertinence et recul, 14 spécialistes offrent leurs analyses des vagues de contestations qui se succèdent depuis le 25 janvier 2011.
Une question arrive en tête : pourquoi ? Pourquoi la révolution a-t-elle eu lieu ? Pourquoi risque-t-elle d’échouer ? Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Des questions simples pour des réponses complexes où les différents facteurs s’entrecroisent sans que l’un semble prendre le dessus sur les autres. Arab Spring in Egypt n’est pas seulement une contribution de plus sur la révolution égyptienne. Il est appelé à devenir une référence sérieuse et fidèle pour les études à venir.
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