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Livre: Non, rien n’a changé chez les Frères

Rasha Hanafy, Mardi, 08 janvier 2013

Ancien vice-guide suprême des Frères musulmans et géologue de carrière, Mohamad Habib vient de publier son autobiographie. Il y dévoile les rapports entre la confrérie et le pouvoir.

Non rien
Dr Habib lors d'un colloque tenu à Assiout pour soutenir Abdel-Moneim Aboul-Fotouh à la présidentielle.

Durant son enfance, il était timide. Il ne trouvait pas les mots pour répondre aux questions en classe. Dans les années 1980, il devient un des leaders des Frères musulmans en Egypte et député à l’Assemblée du peuple.

Dans ses mémoires, Mohamad Habib raconte son enfance à Damiette, sa famille, son éducation, son travail à l’Université d’Assiout, où il était professeur de géologie. Les Mémoires du Dr Mohamad Habib. Sur la vie, la daawa (prédication), la politique et la pensée racontent son adhésion à la confrérie, son expérience au sein du club des professeurs d’Assiout et d’une association caritative islamique.

L’ouvrage, de plus de 500 pages, comprend aussi des photos de Mohamad Habib, qui a quitté son poste de vice-guide suprême en 2009. Il a quitté la confrérie après la révolution de 2011. Mais Habib ne mentionne pas la raison pour laquelle il a quitté la confrérie après plus de 20 ans de travail. Il met l’accent sur la fin des années 1960, lorsqu’un membre de la confrérie lui propose de devenir membre.

Habib décrit d’une façon claire l’action de la confrérie, particulièrement à l’intérieur des syndicats. Il cite quelques règles fondamentales adoptées par les Frères musulmans comme le respect des décisions prises quelles que soient les divergences. Habib explique que les familles sont les premières cellules dans la structure de la confrérie. Il décrit comment chaque famille participe à la vie publique et exécute les instructions des leaders de la confrérie. Il donne aussi les détails de son élection en 1985 au bureau du Conseil consultatif, où on prend alors toutes les décisions importantes.

« A la suite de la défaite de 1967, l’oppression envers les groupes islamiques s’est allégée. La période allant de 1967 à 74 a connu des activités extraordinaires des prédicateurs de la daawa (…), les mosquées accueillaient de nombreux visiteurs, notamment les jeunes. (…) Entre 1978 et 81, les Frères ont été autorisés à organiser des camps éducatifs à Alexandrie, à Assiout et dans d’autres endroits. Ce qui eut beaucoup d’impacts sur les membres de la confrérie », explique Habib dans le deuxième chapitre.

Habib se rappelle aussi son expérience en tant que leader du club du corps enseignant de l’Université d’Assiout. Les activités sociales du club comprenaient l’organisation de camps, de concours, de cours éducatifs, outre des événements sportifs et culturels. Habib a aussi aidé à établir des centres de santé. Toutes ces activités ont eu pour but de présenter aux membres les idées de la confrérie.

Habib a été emprisonné à deux reprises. La première fois était en 1981, où 1 500 opposants politiques ont été arrêtés par Sadate. La deuxième fois en 1995 lorsque beaucoup de leaders de la confrérie ont été arrêtés et emprisonnés par Moubarak. Habib indique que les Frères possèdent des bureaux dans des pays européens, tels que la Suisse, et dans des pays arabes. Ces bureaux prennent les décisions au niveau local alors que le bureau du conseil consultatif au Caire agit comme une salle d’opérations.

Habib clôt ses mémoires avec un chapitre sur « La confrérie et le pouvoir ». Il y explique la relation entre la confrérie et les régimes qui se sont succédé en Egypte depuis 1928. Il est surprenant de constater la similitude entre les actions du parti au pouvoir à l’époque, le Parti national présidé par Hosni Moubarak, et celles du parti au pouvoir actuellement, le Parti Liberté et justice issu des Frères.

Les mêmes accusations sont destinées à l’opposition, comme étant « contre la démocratie », « d’oeuvrer pour renverser le régime au pouvoir », et les mêmes allégations « d’accepter de dialoguer avec l’opposition sans conditions préalables ».

Habib critique la politique de mainmise adoptée par les Frères musulmans à l'égard des institutions publiques ou indépendantes afin de servir la confrérie. Mais il ne dit pas un mot sur les affaires financières de la confrérie et laisse un certain nombre de questions importantes sans réponse, notamment en ce qui concerne sa démission.

Zikrayat Dr Mohamad Habib an al-hayat wal-daawa wal-siassa wal-fikr. Dar Al-Shorouk, 2012.

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