Sans billet d’avion ni déplacement, le lecteur a le loisir d’admirer cette Tunisie antique et moderne, guidé par Ahmad Haridi, écrivain-voyageur, poète et journaliste égyptien qui a reçu le prix Ibn Batouta du voyage contemporain 2012-2013. Grâce à ce récit de voyage intitulé Tounès Al-Bahiya, Rihla Fi Nas Wal Tarikh Wal Omrane (Tunisie la merveilleuse, voyage à la découverte des gens, de l’histoire et de l’architecture), nous sommes transportés vers cette Tunisie antique et moderne, à travers son histoire, son architecture, ses habits traditionnels et son artisanat.
Partant d’une expérience personnelle, Ahmad Haridi nous mène dans les villes qui l’ont le plus marqué telles que Tunis, la capitale, Carthage, ancienne ville phénicienne, Hammamet, Nabeul et Sousse. Il évoque le phénomène des mariages mixtes, traité par le réalisateur Nouri Bouzid dans son film Business. Kaïrouan, première capitale de l’islam en Afrique du Nord, et Sidi-Boussaïd, ville des Saints, ne sont pas en reste.
Au départ, il voulait découvrir la raison de cette rupture entre les peuples du Maghreb et du Machreq qui n’arrivent même pas à communiquer entre eux, alors que beaucoup de choses les réunissent. Il s’interroge aussi sur la mauvaise réputation des Béni Hilal dans ce pays, sur l’usage de la langue française dans la vie quotidienne des Tunisiens, malgré l’indépendance du pays depuis 1956. « La différence entre les Arabes du Maghreb et ceux du Machreq qui est visible, à titre d’exemple, dans la difficulté de communiquer entre un Egyptien et un Tunisien, est-elle due à la nature de la colonisation française de la Tunisie, du Maroc, de l’Algérie et de la Mauritanie ? », s’interroge Ahmad Haridi, en page 7.
Pourtant, l’Egypte et la Tunisie sont liées par des rapports très anciens. Il y a les Fatimides qui ont gouverné l’Egypte au Xe siècle, ensuite les Hilaliens qui ont conquis le Maghreb au XIe siècle.
A 15 km de Tunis la capitale, on découvre Carthage, ville de la princesse phénicienne Elissa, fille de la ville de Sour dans l’actuel Liban. Cette ville bâtie par les Phéniciens en 814 av. J.-C. a connu des moments de gloire et de décadence. Ses vestiges attestent de sa grandeur antérieure.
L’auteur nous guide vers Hammamet, ville du Jasmin par excellence, décrit son port qui a vu embarquer des musiciens andalous après la chute de Grenade en 1492. Ce qui lui a donné un caractère andalou, dans sa musique, le malouf, et son architecture grâce aux Maures qui ont fui l’Andalousie. Il fait un tour dans le marché de l’ancienne ville qui présente des ustensiles en poterie fine et en cuivre faits à la main.
L’auteur n’oublie pas d’évoquer Ibn Khaldoun, grand sociologue et penseur, qui est né à Tunis en 1332. Sa statue trône toujours sur l’avenue Bourguiba, grande artère de la capitale. Il nous décrit ses ruelles, ses mosquées et son architecture. La mosquée Zeitouna a vu passer plusieurs intellectuels tunisiens tels que le poète Aboul-Qassem Al-Chebbi, le réformiste cheikh Abdel-Aziz Al-Thaalibi, et d’autres.
Le rôle de la femme est souligné par l’auteur aussi. La Tunisienne, comparée aux autres femmes de la région, a eu beaucoup de droits grâce aux intellectuels réformateurs qui ont contribué à l’émancipation de la femme tels que Taher Al-Haddad, formé à l’Université de Zeitouna. « La force de la Tunisienne est due à la forte personnalité du Tunisien qui a soutenu la cause de la femme initiée par les intellectuels réformateurs du début du XXe siècle », dit Nozha, poétesse, page 107.
Il reste à dire que ce récit de voyage est un guide détaillé qui nous incite non seulement à visiter cette belle Tunisie, en cette saison estivale, mais aussi à nous intéresser aussi à son histoire ancienne et contemporaine .
Tounès Al-Bahiya, Rihla Fi Al-Nas Wal Tarikh Wal Omrane (Tunisie la merveilleuse, voyage à la découverte des gens, de l’histoire et de l’architecture), d’Ahmad Haridi, Maison Al-Adham pour la publication et la distribution, décembre 2013.
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