Al-Ahram Hebdo : Comment comprendre la haine ?
Hala Al Zayyat : La haine est une émotion primaire naturelle et normale, une émotion primitive que tout le monde a expérimentée à divers degrés, et en réponse à différentes situations. La haine peut se définir comme une hostilité, un mépris, une forte réaction émotionnelle généralement causée par une menace perçue, une injustice, une frustration ou un événement stressant. Elle peut entraîner une colère très intense.
Comprendre ses racines et ses principaux déclencheurs est une étape-clé. Or, la haine est aussi un puissant moteur de prise de pouvoir. Haïr quelqu’un ou une situation, c’est ressentir de l’irritation du simple fait de son existence. Elle peut nous faire vivre des moments douloureux.
— La haine, cette émotion vue comme destructrice, peut-elle être un bon sentiment ?
— Evidemment, lorsqu’elle est bien utilisée. La haine a une réputation négative par rapport aux autres émotions et est toujours vue comme source de résultats destructeurs, à tel point que beaucoup croient que nous serions mieux si la haine n’existait pas. Mais, ce que je tiens à expliquer à mes clients, c’est que toutes les émotions sont appropriées dans leurs propres circonstances et peuvent chacune être vécue à un niveau idéal. La haine n’est pas seulement une réaction agressive, avec la colère qu’elle crée. Son rôle principal est souvent de nous fournir des informations qui nous permettent de mieux interagir avec le monde, et surtout avec nous-mêmes. Elle peut même avoir des qualités précieuses, si ressentie avec une intensité légère ou modérée.
— Que peuvent être, selon vous, les bienfaits de la haine ?
— La colère est avant tout un mécanisme qui favorise la survie, elle nous permet de nous défendre contre un ennemi, un danger, une agression. Elle est activée automatiquement, nous permettant de réagir et de nous protéger. La haine nous sensibilise aussi à l’injustice, elle s’active lorsque nous ressentons un manque de respect ou une certaine exploitation. Ce type de haine peut engendrer des changements positifs, que ce soit au niveau individuel ou dans la société. Dans ce cas, la haine apporte un sentiment de responsabilité plutôt que d’impuissance. Elle vous incite à résoudre vos problèmes en vous dynamisant et vous motivant à agir. Elle peut être une force positive vous stimulant à chercher des solutions créatives. La haine est un indicateur que votre situation actuelle n’est pas à la hauteur de vos aspirations, attentes et valeurs, ce qui vous oblige à corriger cet écart. Ainsi, la haine vous permet de mieux comprendre vous-mêmes, en essayant de comprendre sa source. C’est indicateur efficace des échecs et des carences. Si elle est analysée de manière constructive, la haine est une émotion forte, qui émerge lors des situations d’irritabilité et peut conduire à des résultats positifs. Elle nous permet d’éveiller notre attention sur des besoins insatisfaits.
— Mais comment la haine peut-elle être un moteur de motivation ?
— Personne n’échappe à la haine. Mais, c’est un moteur sous-estimé. C’est une chance de convertir cette énergie en catalyseur de croissance. La haine est une opportunité. Toutes les émotions sont utiles et la haine ne fait pas exception. Souvent diabolisée, la haine cache un potentiel. Essayez de la voir sous un angle différent de celui d’une émotion explosive. Nous pouvons apprendre à transformer cette énergie brute en un puissant moteur. Au lieu de laisser la haine nous consumer, nous pouvons apprendre des techniques pour faire face aux défis. Pour la dompter et la maîtriser, il faut savoir raconter sa haine. C’est le premier éclairage, c’est apprendre à la retrouver, à voir ses intrigues. La haine est une lutte psychique pour la survie. A l’encontre des idées reçues, la haine n’est pas le contraire de l’amour. La haine est elle-même une passion. Vue ainsi, elle est une force, un véritable moteur, beaucoup plus puissant que l’amour. Car, qu’y a-t-il de plus puissant que de rejeter et détester un échec ? La haine vous transforme en rebelle. Sans elle, il n’y a ni ambition, ni désir de changer sa situation. Par exemple, détester son métier est une excellente motivation pour préparer son plan d’évasion. Lorsque vous faites quelque chose que vous détestez, vous arrivez à un moment où vous ne voulez plus que cela vous définit. La haine peut ainsi donner sens à la vie. L’une des questions les plus courantes que nous rencontrons, c’est comment détester son corps et son apparence peut mener un individu à se sentir motivé. Au lieu de succomber à la négativité, laissez la haine vous charger émotionnellement, vous motiver et alimenter votre succès. Prenez tous vos échecs, frustrations et transformez-les en boule de rage motivante.
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