« S’aimer soi-même avant d’aimer les autres est l’assurance d’une longue histoire d’amour ». Telle est la conviction qu’avait Oscar Wilde bien avant que le concept du « self love » ou l’amour de soi ne devienne autant en vogue. Car le concept ne date pas d’hier. Le philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau a été le premier à introduire l’idée que l’amour de soi et l’amour de l’autre sont deux notions identiques. Pour lui, il est naturel que l’être humain qui aime l’humanité en lui-même l’aime en un autre. L’auteure américaine best-seller Louise Hay exprime sa vision du self love ainsi : « Nous sommes de magnifiques expressions de la vie et nous devons en prendre conscience. Lorsque nous y arrivons, l’univers tout entier se met à circuler en notre faveur. Avant d’aimer notre prochain, il est d’abord nécessaire de nous aimer nous-mêmes ».
C’est à travers cet amour de soi que naît l’amour de la vie. Mais qu’est-ce que l’amour de soi ? On le définit comme la capacité de s’aimer inconditionnellement, de prendre soin de soi indépendamment des circonstances et quoi qu’il puisse se passer. L’idée est de se percevoir comme suffisamment bon et valable et de ne laisser aucune situation nuire à sa propre intégrité.
Cette notion est un élément principal pour une personnalité affectivement autonome et donc capable d’agir et de gérer sainement ses émotions. L’amour de soi est donc de s’accepter tel que l’on est, en s’autorisant à mettre ses qualités en lumière et en apprenant à estimer ses défauts. C’est réussir à faire preuve de bienveillance envers soi et envers ses propres choix, même lorsque l’on se déçoit ou lorsque l’image que l’on se renvoie ne nous plaît pas beaucoup. C’est faire le premier pas avec soi-même, partir à sa propre rencontre pour comprendre sa vraie personnalité et agir en fonction de ses vraies valeurs. Le but est donc d’arriver à la conclusion que l’on est digne d’amour simplement pour ce que l’on est. En effet, l’amour de soi-même et l’estime de soi sont interconnectés. Ainsi, l’amour de soi passe aussi par le fait de donner du sens à ses échecs et ses difficultés, de valoriser ses réussites et de maintenir une image positive de soi-même.
Fondement de la sécurité affective
D’après les psychologues, l’amour de soi fait de plus en plus partie de la santé mentale. Penser à soi-même et faire de ses propres choix de vie une priorité sont vus comme un besoin. Cet amour est le fondement de la sécurité affective. Il est important de faire la différence entre amour de soi et égoïsme. Bien au contraire, prendre soin de soi et vivre à plein sa personnalité unique et rayonnante permet d’inspirer les autres. C’est aussi développer sa disponibilité pour les autres. Cet amour se développe très tôt dans notre vie ; ce sont nos parents qui nous apprennent ce sentiment d’amour inconditionnel vis-à-vis de nous-mêmes. Un enfant comblé d’amour se sent digne d’affection et d’attention. A l’inverse, une relation parentale toxique va fragiliser l’amour de soi.
Cet amour permet à la personne de se donner le feu vert pour vivre avec les autres sans compromis, en se rappelant que l’on mérite le bonheur autant que n’importe quelle autre personne. Nombreux sont les psychologues qui considèrent que la création d’un « je » fort sauve bien des couples. Et, bien au contraire, un manque d’estime de soi et une difficulté de s’affirmer sont les causes du cercle vicieux de la déception, des sacrifices et de la misère. Un amour de soi permet d’affronter la vie avec plus de confiance.
S’aimer pour aimer l’autre
Au fondement de notre rapport à nous-mêmes, l’amour de soi détermine profondément nos relations avec les autres. Le manque de confiance en soi peut être un indicateur. D’habitude, nous donnons plus d’importance aux autres, faisant preuve de générosité et d’altruisme. Nous faisons de notre mieux pour aider, conseiller et donner. Et nous attendons de recevoir en retour de l’amour et de la reconnaissance. Le résultat : notre attention est centrée sur les autres et sur tout ce qui existe à l’extérieur de nous-mêmes. Sans cette capacité de s’aimer, il est impossible d’aimer de façon saine et joyeuse. Une personne qui ne s’aime pas peut accepter de rester dans une relation négative, d’être abusée par crainte d’être seule ou abandonnée. Et ce, pour la seule raison qu’elle ne considère pas qu’elle mérite d’être aimée.
Quelques conseils pour développer l’amour de soi
1. Se reconnecter à son être authentique
C’est recréer le lien avec votre être profond, votre voix intérieure, tout en respectant vos propres besoins, pour ne pas vous tourner vers l’extérieur dans une tentative de les combler. Libérer cet amour qui existe déjà en soi. Apprendre à aimer ses imperfections, apprécier ses talents et ses qualités.
2. Comprendre et identifier son comportement dans ses relations avec les autres
Admettre que vous êtes une personne complète destinée à exister et à être heureuse. Le lien avec les autres est important, mais ne doit pas vous enchaîner. L’important est de vous définir autrement que par le manque. Il faut surtout éviter de vous mettre dans une situation de dépendance ou de vulnérabilité pour obtenir le soutien ou le réconfort dont vous avez besoin.
3. Oser s’ouvrir aux changements
Prendre de la distance et désigner vos besoins les plus profonds, pour ne pas chercher la réassurance à l’extérieur de vous.
4. Ecouter ses propres sentiments et prendre soin de soi-même
C’est revenir à soi, faisant tout ce qui vous permet de vous épanouir. L’introspection et l’écoute de soi pour arriver à un sentiment d’apaisement et de sécurité intérieure.
5. Se détacher de la peur des jugements des autres
Lorsque vous prenez du temps pour vous, cela ne signifie pas un « non » aux autres, mais un « oui » à vous-même. Ce sont deux choses complètement différentes.
6. Pratiquer l’auto-compassion
C’est le fait d’évacuer ses pensées négatives, de faire preuve d’empathie, de se réconforter et de se soutenir soi-même, surtout dans les moments difficiles. C’est devenir son meilleur allié.
Les symptômes du manque d’amour de soi
1- Difficulté à accepter son corps, sa voix et son image.
2- Critiques et jugements sévères envers soi-même.
3- Manque de confiance en soi qui se manifeste par un sentiment d’infériorité.
4- Difficulté à dire non ou à s’affirmer face aux autres.
5- Dépendance affective.
6- Recherche constante de l’approbation et de la validation des autres.
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