Pourquoi on l’appelle la molécule du plaisir ?
C’est un messager chimique qui transmet des informations entre les neurones, un neurotransmetteur qui nous fait ressentir le désir de passer à une action précise, par l’anticipation de la récompense que nous allons en retirer. C’est un élément central pour notre survie et évolution. Produite par certains de nos neurones, ils l’utilisent comme messager chimique pour transmettre des informations à différents circuits cérébraux. C’est ce qui nous pousse à aller manger quand nous ressentons la faim. Surnommée la molécule du plaisir, elle est notamment impliquée dans la survenue de cet état agréable procuré par la satisfaction d’un besoin, d’un désir ou d’une activité gratifiante. Elle est impliquée dans des fonctions diverses, motrices, psychiques et comportementales. Elle joue un rôle dans le contrôle moteur, l’attention, le sommeil, la mémoire, la cognition, le plaisir et la motivation.
Comment fonctionne le circuit de la récompense ?
Vu ses rôles multiples, la dopamine nous motive à réaliser des actions et adopter des comportements nécessaires à notre survie. S’hydrater, se reproduire, s’occuper de son enfant, etc. Des actes qui engendrent une récompense et nous conduisent à vouloir les répéter. Contempler une oeuvre d’art, écouter de la musique, méditer, des actions moins cruciales pour notre survie, sont également une source de dopamine. L’idée est de reproduire dans le futur toute action à ce dit plaisir. Elle renforce ainsi l’apprentissage de certaines conduites qui amènent au plaisir. Par exemple, vous mangez du chocolat, cela provoque un plaisir intense. Vous libérez de la dopamine qui vous pousse à répéter cette action.
Où se trouve le piège ?
D’habitude, il existe des sources naturelles pour booster les niveaux de dopamine dans le corps, les aliments riches en acides aminés, soja, viande, poisson, banane, sésame, noix. La pratique de sport procure une sensation de bien-être, la méditation active la zone de récompense et libère de la dopamine. Or, ce même circuit de récompense est aussi la cible des substances et comportements qui provoquent une dépendance. Tabac, alcool, drogue, jeux vidéo, jeux d’argent … sont des pratiques qui procurent du plaisir. Mais, en libérant de la dopamine et en activant le circuit de récompense, ces pratiques altèrent en parallèle d’autres systèmes cérébraux, donnant l’envie de consommer davantage.
Comment les réseaux sociaux exploitent votre dopamine ?
Très étudiée par les médecins et neurologues, la dopamine a attiré l’attention des publicitaires, des web designers, ayant vu dans cette molécule une forme de faille dans le fonctionnement humain pouvant être exploitée. Sean Parker, ancien président de Facebook, définit cette plateforme comme l’exploitation de la vulnérabilité de l’humain et de sa psychologie. Manipuler le plus rapidement possible pour ensuite gratifier, en retour d’une bouffée de dopamine. Plus de likes et commentaires vous donnent envie de poster plus de contenus. Facebook, Twitter, Instagram, TikTok, Snapchat, Netflix, ces géants du numérique, jouent sur cette recherche d’attention pour capter leur audience. Dans son livre Hooked : comment créer un produit ou un service qui ancre des habitudes, Nir Eyal lie le développement de ces plateformes, le temps qu’on reste sur une application et le retour régulier à la dopamine. Il explique le mécanisme du design persuasif, le déclencheur (trigger), l’action, la récompense, l’investissement et l’habitude. Le fondateur de Dopamine Labs, une entreprise travaillant sur ce design, Ramsay Brown, affirme que des milliers de personnes, par le scroll infini, le système des notifications, vont changer de comportement sans s’en rendre compte.
Les trois clés d’une cure de dopamine détox :
1. Le minimalisme numérique. Un mois de déconnexion. Quatre semaines sans réseaux sociaux. Pour plus de tranquillité d’esprit, une meilleure focalisation, des idées de travail, avec plus de musique, de lecture, de réflexion. Les journées sans écran peuvent vous permettre de changer d’habitude en cherchant la dopamine ailleurs.
2. Ne pas confondre bien-être et satisfaction éphémère. Que ce soit l’utilisation des réseaux sociaux, la consommation de sucre, d’aliments transformés, de fastfood et nombreux services commercialisés, le plaisir bon marché n’est pas le bonheur. L’étude « The Hacking of the American Mind » expose l’idée que le bonheur n’est pas la conséquence naturelle de l’accumulation du plaisir.
3. La récompense n’est pas dans l’assiette. Surpoids et obésité sont souvent dus à un mode de consommation de nourriture associé à un système de signalisation cérébrale de récompense. A base de renforcement émotionnel, libérer de la dopamine et la sensation de plaisir nous pousse à consommer plus de desserts, sodas, plats transformés et charges en glucose. L’essentiel est d’entraîner le cerveau à prendre des décisions plus difficiles pour leur impact à long terme et d’éviter ce plaisir immédiat. Le conseil-clé est de rester conscient de votre esprit et des stimulations.
Liens à ne pas rater :
1. La web série de documentaires intitulée « Dopamine », produite par la chaîne télévisée Arte sur huit applications.
2. Le livre Dopamine Detox : Get your brain to do hard things, de Thibaut Meurisse.
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