Rentrée 2020-2021 de l’IUFP « réformé ».
Al-Ahram Hebdo : Une forte coopération est présente entre l’Institut Français d’Egypte (IFE) d’une part, et les écoles bilingues ainsi que les écoles publiques, d’une autre part. Comment cette coopération se manifeste-t-elle ?
Christine Gourjux : Notre coopération au sein du réseau des écoles bilingues et des écoles publiques dans les 27 gouvernorats, où le français est la deuxième langue vivante, est très riche et dynamique. Nous devons répondre à un certain degré d’exigence, ce qui conduit à avoir une coopération d’un excellent niveau dans le cadre de la formation. De même, nous travaillons au renforcement de la qualité avec les établissements bilingues, ceux qui ont déjà et ceux qui désirent obtenir le Label FrancEducation. Ce Label repose sur certains critères. Cette coopération se manifeste aussi par des actions culturelles et événementielles, telle la Journée Internationale du Professeur de Français (JIPF) 2020-2021. En raison de la crise sanitaire, les célébrations de cette journée auront lieu ultérieurement, non seulement au Caire et à Alexandrie comme l’année passée, mais aussi à Tanta. C’est formidable de constater que nous allons vers une extension de cet événement, grâce aux professeurs de français qui sont sur le terrain et qui se mobilisent fortement.
— Comment cette journée contribue-t-elle à promouvoir l’enseignement du français ?
— Les professeurs ont vécu une période extrêmement difficile. Ils ont dû mettre en place, afin de maintenir la continuité pédagogique, une nouvelle modalité d’enseignement qu’ils n’avaient pas expérimentée. Demander à une profession de se transformer, de s’adapter aussi brutalement et rapidement est un défi, les professeurs l’ont relevé avec beaucoup de brio. La JIPF 2020-2021 s’inscrit dans cette problématique. Son intitulé est : « Le professeur de français en contexte d’enseignement à distance : retours d’expérience, échanges et pistes de formation ». Elle est pleinement au contexte que vivent les professeurs et l’ensemble des acteurs de la communauté éducative et traite de la formation des professeurs à l’enseignement à distance.
— Dans ce contexte, quel changement est survenu aux formations que fournit le secteur éducatif de l’IFE aux professeurs ?
— L’Institut Universitaire de Formation des Professeurs (IUFP) à l’IFE est le principal outil de formation en Egypte des professeurs du français et des Disciplines Non Linguistiques (DNL). Depuis sa création en 2004, il accueille en formation initiale des professeurs débutants, d’autres plus chevronnés en formation continue et formation des formateurs, filière qui prépare aux métiers de l’encadrement d’équipe. C’est un centre de formation qui propose des parcours professionnalisants. Nos partenaires sont le ministère égyptien de l’Education et de l’Enseignement technique, l’Université de Aïn-Chams et l’Inspé de Paris-Sorbonne Nouvelle.
Avant la crise de Covid-19, le service de Coopération et d’action culturelle a chargé l’IFE d’engager une modernisation en profondeur des contenus, en proposant un enseignement hybride basé sur des temps de formation en présence de 70 % et à distance de 30 %. Le public des stagiaires évolue et demande des formations en autonomie plus compatible avec leur rythme de vie. Toute la structure de la formation a évolué. En formation initiale et formation continue, le parcours professionnalisant est renforcé par un dispositif de formation en alternance.
En formation initiale, les stagiaires se rendent dans les écoles pour effectuer un stage pratique de 30 heures au sein des établissements scolaires. L’enseignement à distance repose sur deux modalités : les parcours en autonomie et l’enseignement à distance en direct par Zoom. Les parcours de formation en autonomie sont très riches : documents vidéo ou textuels, suivis d’activités d’analyse, d’approfondissement, le stagiaire reçoit une correction immédiate et un score est affiché. Les étudiants peuvent également bénéficier des tutorats pédagogique et technique. Pendant la période de confinement, nous avons eu les corps confinés mais les cerveaux éveillés ! Et c’est grâce à une équipe de 13 professeurs et également à notre partenaire Canopé (réseau qui produit des ressources pédagogiques numériques placé sous la tutelle du ministère français de l’Education nationale) que nous avons ouvert en septembre un IUFP réformé.
Cette modernisation va durer au minium 3 ans. Cette année nous avons eu 45 % d’inscrits de plus qu’en 2019, et un nouveau public à hauteur de 20 % ; les écoles sont exigeantes dans le recrutement et font confiance à l’IFE. Il existe une réelle demande de professeurs de français en Egypte et la formation constitue un enjeu prioritaire, l’IFE doit relever ce défi. Il faut être plus accessibles, renforcer notre qualité et envisager un développement territorial. Nous étudions l’ouverture d’une antenne de l’IUFP à Alexandrie, pour la rentrée universitaire 2021-2022, afin de permettre à la zone du Delta de profiter de cette structure de formation.
— Y a-t-il des projets avec le ministère égyptien de l’Education ?
— Lors de la rencontre du ministre de l’Education, M. Tareq Chawqi, et S.E. M. l’ambassadeur de France en Egypte, M. Stéphane Romatet, M. le ministre a exprimé sa volonté que le français soit présent sur la Banque des connaissances égyptienne (EKB). Nous accompagnons donc le ministère dans le cadre de la production des ressources disponibles sur EKB. Les inspecteurs généraux ont reçu de la part de la direction générale du français du ministère une sitographie complète concernant le français et les DNL. Nous sommes pleinement mobilisés et nous souhaitons renforcer notre appui au ministère pour cette plateforme qui est un formidable centre de ressources et d’apprentissage pour les élèves. Comme le désire M. le ministre, le but est de fournir des ressources adaptées aux programmes, mais aussi de permettre aux élèves de la dernière année secondaire d’aller plus loin dans la recherche, notamment dans les DNL. Le ministère veut que le cursus complet de l’élève ayant choisi le français soit alimenté par des ressources.
Au niveau des écoles publiques, dans la continuité du premier projet Appui au Développement de l’Enseignement du Français en Egypte (ADEFE), qui a eu lieu sur les deux années 2018 et 2019, et qui a mobilisé 27 coordinateurs ainsi que plusieurs partenaires, tels France éducation international et Canopé, un nouveau projet financé par l’Agence Française de Développement (AFD) est en train de voir le jour. Normalement, 2021 devrait voir la naissance de ce projet.
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