Le salon « Choose France », tenu le 21 octobre à l’hôtel Fairmont Nile City, a vu affluer des centaines de visiteurs, dont des étudiants, des lycéens, des parents d’élèves et des enseignants. Tous étaient venus dans le même objectif : se renseigner sur le système d’enseignement supérieur français. Un processus devenu plus facile grâce à ce salon, le premier de son genre en Egypte, dont le but est de promouvoir les études supérieures dans l’Hexagone. Avec le niveau élevé de ses universités, la France est le 4e pays d’accueil des étudiants dans le monde et le 1er pays non anglophone, selon les derniers chiffres de l’Unesco. D’ailleurs, selon une étude de Campus France (établissement public chargé de la promotion de l’enseignement supérieur français), « la France est perçue comme un pays intellectuel et scientifique, ayant un grand rayonnement culturel et artistique et riche d’une histoire prestigieuse », un point fort qui lui a donné une certaine attractivité au cours des dernières années.
20 établissements d’enseignement supérieur français étaient présents au salon, dont des universités, des écoles spécialisées et des écoles d’ingénierie. De même que 4 filières francophones d’universités égyptiennes prestigieuses et l’Université Française d’Egypte (UFE). On a vu des dizaines d’étudiants faire la queue devant les stands en attendant leur tour pour se renseigner sur les diverses formations (licence, master, doctorat).
S.E. M. Stéphane Romatet, ambassadeur de France en Egypte, a lui aussi visité le salon et a été accueilli chaleureusement, surtout par les jeunes lycéens et étudiants. « C’est la première fois qu’on organise le Salon Choose France, avec l’objectif que davantage d’étudiants s’intéressent aux études en France. Aujourd’hui, il y a à peu près 2 600 étudiants égyptiens en France, on en veut plus. Il y a une relation exceptionnelle entre la France et l’Egypte et nous voulons développer les échanges universitaires entres les deux pays. Donc, notre objectif, c’est plus de liens entre la France et l’Egypte en matière universitaire », a dit S.E. M. Romatet.
Formations en français et en anglais
Choose France vise à donner une visibilité aux universités et aux écoles françaises qui demandent à attirer des étudiants internationaux, selon Rym Abderrahmani, attachée de coopération scientifique et universitaire à l’Institut Français d’Egypte (IFE), qui ajoute que Choose France met l’accent sur le fait qu’on peut aussi étudier en anglais en France. « On présente aujourd’hui plus que 1 500 formations en anglais, d’où le choix du nom Choose France », a souligné Mme Abderrahmani.
Raphaëlle Hallier, responsable adjointe du service Afrique du Nord Moyen-Orient, direction de la coordination géographique à Campus France, estime que ce qui fait de cet événement une première est le déplacement de plusieurs établissements pour promouvoir l’ensemble des formations en matière d’enseignement supérieur. De plus, des conférences ont été données, ainsi que des ateliers, dont l’un sur la lettre de motivation et le CV, animé par Dr Nagwane Marmouche, professeure adjointe à la faculté des lettres de l’Université de Hélouan, qui a souligné que dans cet atelier, les étudiants ont découvert comment mettre en évidence leurs compétences et avancer leurs arguments pour exprimer leur désir en présentant une candidature, soit pour un emploi, soit pour un stage ou une bourse.
« La collaboration que la France entretient avec les universités égyptiennes dans les domaines linguistique, des sciences politiques, du droit et du commerce, notamment avec l’UFE, qui offre des cursus dans divers domaines, illustre les relations étroites entre l’Egypte et la France », a assuré Mme Hallier. Et d’ajouter que ce qui fait de la France un pays de destination favorable aux étudiants étrangers est la richesse de l’offre de ses formations, en français et en anglais, dans plusieurs domaines, comme l’aéronautique, l’électronique, le management et autres, mais aussi « la richesse de sa culture et l’expérience d’y vivre, la rencontre, la qualité des études, entre autres. 90 % des étudiants recommandent la France ».
Quant à la postulation aux universités françaises, Mme Abderrahmani assure que la procédure de présentation de dossier est facile, vu que Campus France, avec ses deux agences à Alexandrie et au Caire, accueille les étudiants et les accompagne dans toutes les étapes de la recherche des formations qui les intéressent et les aide à déposer leur candidature et à faire leur demande de visa. L’établissement organise par ailleurs des réunions d’information sur le départ en France et comment chercher un logement, entre autres. Mme Hallier a expliqué que ces demandes sont faites dans le cadre d’un processus dématérialisé s’appelant « études en France », et qui démarrera en novembre prochain.
Une stratégie appelée « Bienvenue en France » a été lancée l’année dernière par le premier ministre français, Edouard Philippe. « Le but de cette stratégie est d’améliorer la qualité d’accueil dans les établissements d’enseignement supérieur, de faciliter les procédures de postuler pour partir en France, etc. », a expliqué Mme Hallier. C’est dans ce contexte que le label « Bienvenue en France », géré par Campus France, a été créé. Il sera délivré aux établissements français qui montrent certaines qualités d’accueil, d’accompagnement des étudiants étrangers, d’offre de formations en anglais, de mise en place d’un guichet unique, d’hébergement, etc. Par ailleurs, une plateforme collaborative, France Alumni, a été créée. Celle-ci permet à chaque étudiant égyptien de s’inscrire, de communiquer avec d’autres étudiants de différentes nationalités, de trouver des offres de stage ou d’emploi, etc.
Apporter des solutions aux défis d’avenir
Parmi les universités présentes figurait l’UFE. Celle-ci a reçu un grand nombre de lycéens à son stand, vu son excellente réputation, surtout après l’annonce du projet de sa refondation en juin dernier. Dans ce contexte, l’Etat égyptien lui a consacré 30 feddans pour la construction du nouveau campus, destiné à accueillir 3 500 étudiants. « Les formations existantes seront à la base de la refondation, à savoir le département de gestion, des sciences de l’information, des langues appliquées, d’ingénierie, d’architecture, d’informatique et de communication », a expliqué Bernard Durand, vice-président de l’UFE. Et d’ajouter que les études à l’UFE représentent un avantage pour l’étudiant égyptien, qui obtient, à la fin de ses études, un diplôme, un master 1 ou un master 2, reconnu par la France et l’Egypte.
Selon M. Durand, l’UFE a plusieurs partenaires, tels l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, l’Université Nice Sophia Antipolis, l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE) de Nantes et l’Université de Haute Alsace. Mais ce qui distingue aussi l’UFE ce sont les domaines d’études. Ainsi, les étudiants, qui ont étudié le management, la gestion ou les langues appliquées, peuvent s’orienter vers un master en relations internationales, qui se fait, lui, en français. De plus, l’UFE propose d’autres masters en anglais, tels celui d’heritage management, qui met en valeur les ressources en matière d’archéologie, et celui du cinéma.
M. Durand assure que « ce que nous visons en tant qu’UFE, à travers nos formations dans les différentes spécialités, c’est surtout la sensibilisation des étudiants aux enjeux mondiaux, le fait de leur faire imaginer la société de demain, de former un étudiant qui n’est pas en retard, mais qui peut apporter des solutions aux défis d’avenir ».
Quant à Guillaume Rousset, vice-président en charge des relations internationales à l’Université Jean Moulin Lyon 3, le lien fort avec l’Egypte se manifeste dans le partenariat avec l’Université de Aïn-Chams, faculté de droit, à travers le programme délocalisé, dont le cursus se déroule totalement en Egypte. L’étudiant obtient un diplôme des deux universités. « Notre présence dans cet événement vient renforcer les liens entre l’Egypte et la France ; nous souhaitons accroître la mobilité étudiante, mais aussi développer le programme délocalisé, notamment dans le domaine de la communication et des mass médias », a dit M. Rousset, tout en ajoutant que le programme délocalisé représente un bon atout, puisque l’étudiant n’a besoin ni de se déplacer ni de payer un logement, cependant, il obtient un diplôme français.
Pour Jim Walker, vice-président, relations internationales de l’Université Lumière Lyon 2, se focaliser sur l’Egypte aura un impact prometteur. « Je ne souhaite pas que proposer des formations aux étudiants égyptiens, mais aussi donner une occasion aux étudiants français inscrits à notre université de venir en Egypte. C’est plutôt une question d’échange, surtout culturel et universitaire », assure M. Walker.
Selon M. Walker, l’université se distingue par les études de genre, d’archéologie et d’anthropologie, par le lien entre la formation et la recherche, mais surtout par sa place, à Lyon, qui est, selon lui, « une vraie ville à l’expérience française ». Un partenariat est déjà en cours entre l’Université d’Alexandrie et l’Université Lumière Lyon 2. Celui-ci doit se renforcer grâce à la création d’un parcours pour les étudiants français qui font des études en arabe et qui souhaitent étudier de plus les sciences politiques, l’histoire ou la géographie. De plus, Lumière Lyon 2 a reçu une demande de créer un diplôme en FLE en formation des formateurs.
M. Benoît Veron, vice-président délégué à l’international à l’Université de Caen Normandie, s’est dit satisfait de cet événement exceptionnel, surtout de la rencontre institutionnelle, qui a précédé le Salon de l’étudiant, le 20 octobre, et dont le fruit a été deux conventions avec les Universités du Caire et d’Alexandrie dans toutes les disciplines.
Laura Abou Haidar, attachée de coopération éducative à l’IFE, a estimé que cet événement constituait un moment très important en termes d’orientation. « Les élèves qui viennent s’informer sur les universités françaises, mais aussi sur des filières francophones d’excellence existant en Egypte, nous les accompagnons dans leur orientation et dans leur projection dans l’enseignement supérieur », a-t-elle indiqué.
Mme Abou Haidar dit par ailleurs avoir assisté à des échanges entre les élèves — qui étaient venus accompagnés de leurs enseignants — et des vice-présidents des établissements d’enseignement supérieur. Elle a été surprise par la pertinence des questions des élèves, par leur intérêt et leur curiosité, mais surtout par la qualité de leur français. « Nous voyons une continuité au niveau de l’attractivité du système éducatif français ou à la française, c’est une chose qui montre une vraie dynamique, un système qui va de la maternelle à l’université. Et le fait que tout cela soit fait grâce à la langue française et à la francophonie, c’est encourageant pour nos actions au niveau du secteur éducatif », s’est félicitée Mme Abou Haidar.
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