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William Sidhom, l'art et la culture au service des pauvres

Loula Lahham, Lundi, 01 avril 2019

Outre l'éducation, mission principale des Jésuites, certains ont préféré se consacrer à l'aspect humain. Portraits de deux personnalités qui ont beaucoup donné aux démunis. Le feu père Mounir Khouzam et le père William Sidhom, qui travaille dans un quartier pauvre du Caire.

William Sidhom, l

En 1972, il était le premier Saïdi (habitant de Haute-Egypte) à devenir Jésuite. Le père William Sidhom est l’un des individus qui mettent tous les problèmes de la société dans le panier de l’analphabétisa­tion culturelle. Et pour sortir de cette entrave, que lui-même considère comme un cercle vicieux, et en collaboration avec quelques intellectuels chrétiens et musul­mans, il se procure un ancien grand studio de production cinématographique, le Studio Nassibian, où il crée en 1998 une nouvelle entité culturelle et artistique qu’il baptise Al-Nahda (renaissance). Cette association s’adresse essentielle­ment aux enfants de plus de 5 ans et aux jeunes pour leur donner des formations variées dans le domaine de l’art et de la culture.

Pourquoi cette association? « Parce que je trouve que le système éducatif est complètement corrompu. Je suis un enseignant, et malheureusement, lorsque je parle aux jeunes et aux enfants, je découvre que pour eux, tricher est deve­nue une vertu plutôt qu’un vice et que le programme scolaire est devenu un pro­gramme technique qui n’apprend pas à l’étudiant à penser et à créer, mais à faire de l’étudiant une personne obéis­sante. Je veux que les jeunes vivant dans des milieux modestes puissent s’exprimer par les moyens de l’art et de la culture ».

Rassemblant intellectuels, universi­taires, artistes et jeunes cinéastes, l’Asso­ciation Al-Nahda focalise donc son action sur les populations pauvres et mar­ginalisées. Elle entreprend diverses acti­vités: production de films amateurs à thème sociaux, théâtre de l’imaginaire populaire itinérant, activités audiovi­suelles, initiation à l’informatique, alpha­bétisation et soutien scolaire. Ses mili­tants font un travail remarquable et de longue haleine parmi les jeunes des quar­tiers défavorisés du Caire, au-delà de toute considération religieuse ou confes­sionnelle. Le succès d’Al-Nahda a été même demandé pour entreprendre des activités similaires en Haute-Egypte, considérée beaucoup plus pauvre écono­miquement que le nord de l’Egypte.

L’association Al-Nahda pour la renais­sance scientifique et culturelle met forte­ment l’accent sur la culture visuelle comme un outil puissant de développe­ment. Elle a commencé ses travaux en prenant en considération le rôle de la culture dans le développement humain. Par conséquent, elle tente de créer des liens entre la créativité et la découverte des énergies cachées dans chaque citoyen.

Après la réalisation de certaines activités culturelles sans être légalement reconnue, les fondateurs de l’association ont décidé de renforcer son action à travers des procé­dures juridiques visant à l’enregistrer afin d’assurer la continuité de ses activités.

Al-Nahda a été reconnue dans l’United Nations Development Report de 2008 comme meilleure ONG qui met en oeuvre les meilleures pratiques pour améliorer l’esprit de coopération, d’initiatives et le droit de tous les individus à exprimer leur opinion et à faire leur choix librement.

Le père William Sidhom est convaincu que « pour trouver Dieu, il ne suffit pas de lire des livres. Nous devons rencontrer les gens et porter avec eux un souci com­mun ». Il souhaite que Dieu lui accorde sa grâce pour conserver sa vie religieuse et sa mission pour repenser la société et créer des structures capables de s’opposer aux extrémismes religieux.

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